Dimanche 1er avril 2018, 20 heures, le PDG de la SNCF Guillaume Pepy est l’invité de Laurent Delahousse. La première question du présentateur est étonnante, mais la réponse du PDG encore plus. Un débat tronqué, pro-réforme et anti-service public qui ne dit pas son nom. Démonstration.
« Comment en est-on arrivés là ? Il y a trois options : soit vous n’avez pas fait votre travail d’anticipation de cette réforme, soit les syndicats sont bloqués, figés en France, soit le gouvernement a été trop vite, quelle option choisissez-vous ? »
On remarque que Laurence [Laurent, NDLR] ne se pose pas la question de la réforme, de son intérêt pour les Français, et de la politique cachée du gouvernement. Autrement dit, le gouvernement a été un peu vite pour sa réforme libérale, point.
« Moi ce que je peux vous dire je suis depuis 20 ans dans l’entreprise, et parce que je crois au service public je crois à la nécessité de réformer la SNCF. »
Premier oxymore : être pour le service public et en même temps contre lui.
Pepy poursuit son festival :
« Qu’est-ce qui se passe, y a devant nous la concurrence et y a devant nous l’obligation d’améliorer la qualité du service public ».
Non, personne n’est obligé de faire entrer la Deutsche Bahn en France, monsieur le PDG. Ça c’est la décision de vos amis du MEDEF et de LREM qui se sont ligués pour flinguer ce qui reste du service public français. Pour résumer, et c’est pareil à La Poste, la direction a laissé volontairement – on assume le mot – se dégrader la qualité du service (QS) pour que les usagers réclament un changement, une réforme, qui sera alors préparée par le loup libéral en embuscade.
C’est aussi simple que cela, et ça marche : les médias enfoncent le clou de la dégradation et refusent de voir l’ingénierie. Pas la peine de demander à Delahousse d’aller à contre-courant et de réfléchir à ses « options ».
Dans 10 ans, quand les trains dérailleront à l’anglaise, que les prix auront explosé et que les liaisons secondaires auront disparu de la France profonde, on verra qui a raison.
Oxymore suivant de Pepy : « On doit améliorer la qualité de service et baisser les prix du train ».
Faux : on ne peut pas tout avoir, les cheminots et les journalistes sérieux le savent.
« Donc ça passe par une réforme », abonde Delahousse. CQFD. Pas la peine d’aller plus loin, ce ne sont qu’éléments de langage des deux côtés sur le dos des Français.
Le site de francetvinfo résume la grève :
« Lundi à 19 heures, ce sera le début de la grève par épisodes de deux jours sur cinq, initiée par la CGT, l’Unsa et la CFDT, jusqu’au 28 juin. SUD-Rail appelle lui à une grève illimitée, reconductible par 24 heures, à partir de 20 heures lundi. Le calendrier des jours de grève est consultable ici. »
La SNCF est le dernier gros morceau de la France d’avant que l’oligarchie veut démonter :
Après la #SNCF, Le gouvernement va privatiser les Aéroports de Paris. Un service qui a réalisé en 2017 : ↗️de 31.2% de son résultat net, ↗️de 22.7% de son CA. On livre les biens de la nation pour assouvir les appétits des libéraux. Aucune vison stratégique seulement comptable
— Thomas Portes (@Portes_Thomas) 7 mars 2018
Pour en finir avec les clichés émis par la presse mainstream aux ordres du pouvoir du CAC40 :
Amélie Récolet est chef de bord à la SNCF. Elle revient sur les différents clichés et idées reçues qui entourent le statut des cheminots https://t.co/ey9WJokZ67 pic.twitter.com/8LgHB3lOe7
— franceinfo plus (@franceinfoplus) 5 mars 2018
(Les mêmes, qu'ils prennent ou pas l'avion de chasse, ont déjà payé collectivement des dizaines de milliards d'euros pour le Rafale.) pic.twitter.com/gIm9L6vYKY
— Sébastien Fontenelle (@vivelefeu) 2 mars 2018
Entendu chez des éditorialistes sur la SNCF : « tout le monde paye, même ceux qui ne prennent pas le train ».
Étrangement, ça les dérange beaucoup moins quand il s'agit des aides à la presse payées par ceux qui n'achètent pas le journal.
— Antoine Léaument (@ALeaument) 28 mars 2018
Le meilleur – ou le pire – pour la fin :