Pauvreté, désespérance des jeunes, sentiment d’injustice par rapport à la métropole et problèmes d’insécurité gangrènent ce territoire…
Grève massive et violences urbaines. Depuis plusieurs semaines, Mayotte, le 101e département français, est en crise. Le gouvernement a annoncé mercredi l’envoi de forces de l’ordre supplémentaires sur place. 20 minutes revient sur les quatre ferments de la colère.
Une pauvreté endémique
Le chômage touche 19 % de la population active (au sens du BIT) et les jeunes Mahorais sont de plus en plus en difficulté : leur taux de chômage est en forte hausse et s’élève à 46,5 %. Hormis, les secteurs agroalimentaire et commercial, l’activité économique y est globalement faible et 71 % de la population n’a aucun diplôme qualifiant, selon l’Insee. Des difficultés aggravées par le fait que cet ensemble d’îles est confronté à une forte croissance démographique et fait l’objet d’une forte pression migratoire depuis des années, composée de plusieurs dizaines de milliers de clandestins venus des Comores. Au final, 61 % des 15-24 ans, et plus de 27,6 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté. [...]
Le désespoir des jeunes
Les jeunes représentent la moitié des 220.000 habitants selon l’Insee et certains d’eux sont « à la dérive », a souligné mercredi, la ministre des Outre-mer George Pau-Langevin. Car ils « n’ont pas de perspectives ».
Des groupes de jeunes cagoulés ont commencé le week-end dernier à caillasser chaque nuit voitures et habitations, la préfecture évoquant des affrontements entre « bandes rivales ».
Selon Rivomalala Rakotondravelo, syndicaliste SNUIPP, les violences sont liées au manque d’encadrement. « Un élève en école élémentaire en métropole représente 7.400 euros (d’investissement par l’Etat, ndlr). A Mayotte, on est à 4.300 euros. Voilà l’injustice ». George Pau-Langevin a rappelé que 217 classes ont été construites en 2015 à Mayotte, « mais les besoins sont incommensurables. Beaucoup d’enfants n’ont pas une situation satisfaisante », a-t-elle reconnu.