Pour le HuffPost, l’arrêt du nucléaire en Allemagne « illustre un paradoxe de l’écologie » : comme les énergies renouvelables sont encore loin de compenser la perte de production électrique due à la fermeture de 12 centrales sur 15, et que le nucléaire produit peu de CO2, à l’inverse du charbon (ou de la lignite), les écologistes allemands sont placés devant un choix draconien.
Pour résumer : les Grünen (Verts) ont eu la peau du parc nucléaire national, mais se retrouvent avec un prix de l’électricité en hausse et une pollution carbonée explosive. Pour nous Français, qui avons failli faire la même connerie, rattrapée de justesse par Macron sous la pression du grand patronat, il faudra payer le prix du choix allemand, alors que notre électricité était la moins chère d’Europe. On vend notre électricité d’origine nucléaire peu chère au marché européen, et on la rachète beaucoup plus chère. C’est ça, le libéralisme sauce UE.
Alors que l’Allemagne sort définitivement du nucléaire, le débat autour de l’atome continue de diviser. Une bataille de convictions qui s’explique par le paradoxe de cette énergie, à la fois bas carbone et dangereuse pour l’environnement.
Il n’y a pas que le CO2 dans la vie ? Ce samedi 15 avril, l’Allemagne sort définitivement du nucléaire. En mettant à l’arrêt total ses trois dernières centrales, le pays fait le pari de réussir sa transition verte sans l’atome. Les portes de centrales de Neckarwestheim (Sud), d’Emsland (Nord) et d’Isar 2 (Est) se ferment avec quatre mois de retard par rapport à l’objectif initial, mais il s’agit bien de clôtures définitives. Il a fallu à l’Allemagne vingt ans pour sortir de l’atome.
Un plan éclair, d’abord lancé en 2002, puis accéléré en 2011 par Angela Merkel, juste après la catastrophe de Fukushima. « Même dans un pays de haute technologie comme le Japon, les risques liés à l’énergie nucléaire ne peuvent être maîtrisés à 100 % », justifiait alors l’ex-chancelière. Depuis ses paroles, le pays a fermé douze centrales nucléaires. Un choix clair qui divise les écologistes, partagés sur la manière d’opérer la transition énergétique : le nucléaire est-il vraiment l’ennemi ?
Fissure dans la culture allemande antinucléaire
Le pays est pourtant marqué par une forte culture antinucléaire, qui s’illustre dès les années 70 par de nombreuses manifestations. Le 26 avril 1986, l’accident de Tchernobyl vient cimenter le mouvement. Outre le risque d’accidents ou d’atteintes à l’environnement, c’est la question du stockage de déchets radioactifs qui fait le plus réagir.
La population allemande se montre donc favorable aux ambitions du gouvernement de quitter le nucléaire dès les années 2000. « De 2010 à 2019, l’opinion publique soutient largement la transition énergétique, avec un taux d’acceptation qui n’est jamais inférieur à 65 % » indique Marcel Tambarin, spécialiste de l’histoire politique de l’Allemagne.
Mais l’été dernier, les sondages chutent. Désormais, seulement un quart des Allemands souhaitent poursuivre l’objectif d’arrêter toutes les centrales nucléaires du pays selon le sondage ARD-DeutschlandTrend. C’est la guerre en Ukraine qui a fait vaciller l’opinion.
L’Allemagne se retrouve privée de gaz russe, et fait face à une crise de l’énergie. Les usines risquent d’être mises à l’arrêt et le chauffage de subir des coupures. « Avec les prix élevés de l’énergie, le sujet brûlant du climat, des voix se sont bien sûr élevées pour prolonger les centrales », témoigne Jochen Winkler, maire de la commune de Neckarwestheim, où la centrale du même nom vit ses dernières heures. Le gouvernement d’Olaf Scholz décide alors de décaler l’arrêt des derniers réacteurs de quelques mois, pour assurer l’alimentation en électricité du pays.
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Les partisans du nucléaire insistent : l’énergie atomique présente l’avantage d’être à la fois bas carbone et pilotable, et donc de fournir de l’électricité en continu… Ce qui n’est pas le cas des éoliennes ou des panneaux solaires qui dépendent des conditions météo. Pourquoi alors vouloir se priver d’une telle source d’énergie dans la transition écologique ?
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