Comment en est-on arrivés là ? C’est la question que pose en substance le 11 décembre 2022 Ivan Rioufol à son invité, Fabien Bouglé, expert en politique énergétique, et Fabien, vous allez voir, ne passe pas par quatre chemins : la situation énergétique dramatique que vit la France, actuellement, est due à une guerre que l’Allemagne mène contre nos intérêts depuis 20 ans, et qui a contribué, avec la complicité de hauts dirigeants politiques français, à affaiblir notre filière nucléaire, et donc notre indépendance énergétique.
Bouglé : « En fait, avant de se poser la question de savoir si on a une crise énergétique, en réalité, le problème c’est de comprendre que nous sommes en guerre énergétique, et je pense qu’il est important d’alerter nos concitoyens qu’en réalité cette guerre énergétique prend ses racines il y a à peu près 20 ans, et cette guerre énergétique, elle vient de l’Allemagne. C’est une guerre déclarée par l’Allemagne contre la France.
C’est une guerre des temps modernes, une guerre économique, où l’Allemagne veut s’approprier la maîtrise de notre système énergétique en mettant en place un mix éoliennes-gaz, gaz venant de Russie, maintenant c’est plutôt du charbon, et pour imposer ce modèle à la France, il fallait une destruction de notre système nucléaire et il fallait une disparition progressive de nos réacteurs nucléaires. Et c’est toute cette logique qui est au cœur de cette destruction intellectuelle politique et juridique du nucléaire français, et qui est à l’origine de cette crise qui est en fait la conséquence d’une guerre.
En fait, ça a commencé en plusieurs étapes, la première étape ça a été Corinne Lepage, qui a été donc ministre jupette de Jacques Chirac, qui était, il faut le rappeler, avocate de la ville de Genève pour faire fermer Superphénix, et, dans un conflit d’intérêt incroyable, Corine Lepage est ministre de l’Environnement et continue, lorsqu’elle est ministre, à vouloir faire fermer Superphénix. Et elle est avocate ensuite des promoteurs éoliens, puisqu’il y a une liaison en fait entre la destruction de notre système nucléaire et la promotion du système éolien, les deux raisons sont complètement liées.
Ensuite vous avez Dominique Voynet, qui est apparue dans une vidéo tout à fait récente qui fait le buzz actuellement, d’une vidéo où elle explique que ministre de l’Environnement de Lionel Jospin, elle avait la mission d’aller à la Commission européenne pour défendre le fait que le nucléaire appartenait aux énergies d’avenir et elle a saboté cette présence en utilisant un prétexte fallacieux de la Grande-Bretagne pour faire supprimer le nucléaire des listes des énergies d’avenir, et rappelez-vous, elle a surtout contribué à la fermeture de Superphénix dans le cadre de l’accord. »
Ce qu’énonce très clairement Bouglé, et que résume Rioufol, c’est la trahison d’une partie de la classe politique française non pas au profit de l’Europe, ou de l’environnement, mais des intérêts allemands, qui coïncident officiellement, depuis l’avènement de l’euro, avec les intérêts dits européens. Cependant, aujourd’hui, malgré une Leyen allemande à la tête de l’Union européenne, ce sont les intérêts américains qui prévalent en Europe, et qui vont contre les intérêts industriels allemands. La soumission énergétique de la France au profit de l’Allemagne aura affaibli considérablement l’Europe, et maintenant c’est l’Allemagne qui risque de souffrir de désindustrialisation du fait de la crise énergétique provoquée par les Américains. On est toujours trahi par plus vilain que soi...
Dans ce jeu complexe de guerre économique, les écologistes ont été eux aussi manipulés ; on pense aux écolos de base, pas à leurs dirigeants, qui savaient ce qu’ils faisaient en participant à la destruction de la filière nucléaire, fleuron industriel français. Aujourd’hui, le gouvernement et le Président multiplient les messages expliquant qu’ils vont relancer la filière à toute allure, mais le mal est fait. Et des projets prometteurs comme Astrid ont été abandonnés en rase campagne, comme l’explique Bouglé ici.
Retenez bien son nom pour ceux qui ne connaisse pas ! Grosses révélations sur lobbying énergétique notamment Macron et Bill Gates entres autres ! A revoir absolument en replay émission « Cnews Face a Rioufol » pic.twitter.com/OPJKwT5NHk
— Attention ! Simone Veille aux grains (@kte06kte) December 11, 2022
Emmanuelle Wargon, complice du sabotage de l'industrie nucléaire a été récompensée par @EmmanuelMacron pour bons et loyaux services : nommée pour 6 ans au poste de RÉGULATEUR DE L'ÉNERGIE à 200 301 euros/an. Il n'y a plus de limites à l'ignoble. #LREM #Energie #nucleaire #LR pic.twitter.com/c8pio5jBB2
— Marc GAIRIN (@MarcGairin) December 11, 2022
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Causes et conséquences de l’abandon du projet Astrid
Un rapport parlementaire tire à boulets rouges sur l’impact de l’abandon par la France en 2019 du projet de réacteur nucléaire de 4e génération Astrid. Et il réclame une stratégie de recherche sur le nucléaire avancé. Ses auteurs appellent à « relancer le débat démocratique sur ce sujet central pour l’indépendance et la souveraineté de la France », selon une synthèse présenté mercredi par les député Thomas Gassilloud (Agir ensemble) et le sénateur Stéphane Piednoir (LR). Lors d’une conférence de presse, ce dernier a regretté « la procrastination à l’œuvre depuis 2019 », quand le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) a annoncé que le déploiement industriel d’un réacteur de 4e génération, pour succéder à l’EPR, n’interviendrait pas avant la deuxième moitié du siècle.
Le projet Astrid, porté par le CEA depuis 2010, repose sur un réacteur à neutrons rapides refroidis au sodium, d’une puissance de 600 mégawatts. Il permet d’utiliser plusieurs fois le plutonium et même d’en produire plus qu’il n’en consomme par « surgénération », grâce à de l’uranium de retraitement ré-enrichi. Les rapporteurs estiment que la suspension du projet a quatre impacts. Une « image écornée » du nucléaire français, selon M. Piednoir, avec une décision qui « sème le doute sur la cohérence de la démarche de fermeture du cycle suivie par la France », et qui risque donc de faire percevoir la France comme un partenaire peu fiable.
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