Voici le tweet qui a fait déborder le vase, et qui a eu raison de la présence de Caroline la Haine, ou Caroline de Haas, sur les réseaux sociaux.
Viols et agressions sexuelles étaient monnaie courante à l'UNEF dont Caroline de Haas fut secrétaire générale de 2006 à 2009 sans jamais s'en émouvoir. Il y avait pourtant toute une porcherie à balancer.
— Eric Naulleau (@EricNaulleau) 21 février 2018
Elle nous manquera, ne serait-ce que par son sens inné de la tolérance et du débat. Caro bloquait en effet tous ceux qui n’étaient pas d’accord avec elle, qui avaient l’outrecuidance de poser une question (dérangeante), d’évoquer une déclaration quelque peu fragile, un argument nébuleux... Ceux-là étaient ravalés automatiquement dans le camp des « porcs », sans aucune forme de procès.
Pour Caro la Haine, il n’y a que deux races d’hommes : les porcs et les soumis, c’est-à-dire les hommes féministes. Entre les deux rien, le vide intersidéral, celui de sa pensée. Car le manichéisme de l’ancienne « conseillère chargée des relations avec les associations et de la lutte contre les violences faites aux femmes au sein du cabinet de Najat Belkacem » était sans égal.
Descendue après quelques expériences politiques non concluantes dans l’arène des réseaux sociaux, où chacun a droit à la parole, elle a pu vérifier que son positionnement radical n’était pas exactement populaire, et que ses accusations permanentes contre la race masculine – coupable de tous les maux, de toutes les violences et donc de ce crime contre la moitié de l’humanité qu’on appelle féminicide – ne lui attiraient pas vraiment l’amour des hommes, pardon, des porcs.
Si des connards l’ont effectivement insultée (mais qui ne se fait pas insulter sur Twitter ?), les hommes respectueux et les journalistes voulant croiser le fer des arguments avec l’adepte de la violence masculine intrinsèque se sont fait rabrouer et porciser. Une manière bien étrange de pratiquer la démocratie. Mais quand on l’a apprise dans un Parti socialiste qui pensait être de droit divin, on peut comprendre que l’ouverture aux « autres » soit un problème.
Depuis, Caro la Haine pleurniche dans tous les médias qui s’intéressent encore à elle, accuse L’Obs d’avoir déformé ses propos, alors que son article dans l’hebdomadaire était archi complaisant. Nos gauchistes ont des fenêtres de tir idéologiques partout et ils se plaignent malgré ça que la presse utilise certains propos vendeurs pour la titraille.
C’est le jeu, et Caro ne nous fera pas croire qu’elle l’ignorait. Comme elle se défend d’avoir eu la possibilité de « détecter » les violences au sein de l’UNEF, ce syndicat étudiant qui sert de pépinière (et de laboratoire financier) au PS où le harcèlement et le viol étaient, paraît-il, monnaie courante, et dont elle était la très aveugle présidente !
Que reste-t-il de ce barouf, qu’au moins on apprenne quelque chose de la souffrance de Caro la Haine ? Que la gauche donneuse de leçons se prend inévitablement les pieds dans son tapis idéologique, que la confrontation des « idées » socialistes avec le bas, c’est-à-dire les réseaux sociaux, a eu raison de la crédibilité de ce parti et de ses satellites, que les penseurs et intellectuels ne sont plus à gauche, même s’ils tiennent encore les miradors des médias, les postes de tir et de répression.
C’est cette contradiction qui crée aujourd’hui, en France, l’incompréhension entre les médias et le peuple. La position dominante de la gauche culturelle héritée de Mai 68 ne tient plus que sur la coercition et la mainmise sur les médias dominants. La gauche qui a abandonné le social a logiquement perdu le soutien populaire qui avait fait sa force.
Les médias, eux, ont préféré suivre l’élite plutôt que le peuple. On le vérifie encore avec la campagne actuelle de privatisation de la SNCF et de destruction des services publics. C’est un choix. Mais il ne faudra pas ensuite venir pleurer, comme Caro la Haine, parce que les Français ne respectent plus ces torchons.
Elle « arrête ». La militante féministe Caroline De Haas a annoncé ce lundi [26 février 2018] quitter les réseaux sociaux « pour un temps indéterminé » après avoir été la cible pendant plusieurs jours d’une « vague de haine et de harcèlement ».
Elle explique sur son blog dans Mediapart que ces attaques ont été déclenchées par une interview d’elle publiée dans L’Obs du 15-21 février, sous le titre « un homme sur deux ou trois est un agresseur ».
Comme elle l’avait fait dès le 15 février sur Twitter, Caroline De Haas assure dans son blog avoir tenu lors de cet entretien des propos différents : « si une femme sur deux est victime, combien d’agresseurs nous entourent ? Est-ce un homme sur deux ? Un homme sur trois ? Je n’en sais rien. Je sais juste que c’est beaucoup ».
« Fatiguée de ces violences »
Elle cite ensuite des attaques liées à son passé de secrétaire générale de l’Unef, après un article de Libération le 20 février citant de nouveaux témoignages de femmes disant avoir été victimes de harcèlement, agressions sexuelles ou viols au sein du syndicat étudiant.
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« Il y a dix ans, je n’étais pas une militante contre les violences sexistes et sexuelles. J’étais une femme, une victime de violences, qui n’était pas formée pour détecter les violences dans mon entourage », explique-t-elle.
Lire l’article entier sur 20minutes.fr
J’arrête
Après plusieurs jours d’insultes et de harcèlement, je quitte les réseaux sociaux.
La semaine dernière, l’Obs publiait plusieurs interviews suite à la mobilisation #MeToo sur les violences sexuelles. Dont le mien. J’avais dit au journaliste que ce mouvement avait permis que notre société prenne conscience de l’ampleur des violences. Chacune et chacun d’entre eux commençait à percuter qu’une femme sur deux avait été victime de violence sexuelle, dans l’immense majorité des cas par quelqu’un qu’elle connaissait. Que c’était massif. Que nos sœurs, nos mères, nos collègues, nos amies étaient concernées.
J’expliquais aussi que je trouvais intéressant que nous n’ayons pas franchi l’étape suivante : si une femme sur deux est victime, combien d’agresseurs nous entourent ? Est-ce un homme sur deux ? Un homme sur trois ? Je n’en sais rien. Je sais juste que c’est beaucoup.
Le journaliste a décidé, sans me faire relire ou valider mes propos, de titrer « Un homme sur deux ou trois est agresseur », déclenchant ainsi une vague de haine et de harcèlement sur les réseaux sociaux. Était-ce volontaire ou pas ? Je n’en sais rien. Au fond de moi, je ne peux m’empêcher de penser qu’un journal qui choisit de titrer ces propos le fait délibérément. Pour faire le buzz. Sans se soucier qu’au passage, on casse, on brise. Causeur a essayé à de nombreuses reprises sans succès. L’Obs l’a magistralement surpassé.
Au bout de 72 heures, les choses commençaient à se calmer quand Marlène Schiappa est entrée en scène. Dimanche soir, interviewée sur BFMTV, on lui a demandé de réagir à mes « propos » selon lesquels « un homme sur deux serait un agresseur » (la semaine prochaine, ça sera un homme sur un). Elle n’a pas choisi d’expliquer que je n’avais pas tenu ces propos, elle n’a pas fait état du fait que depuis quelques jours, j’étais la victime d’injures sexistes et de harcèlement. Non. Elle a enfoncé le clou. Et moi avec.
C’était reparti pour un tour. Re-articles dans les journaux. Re-Insultes, re-harcèlement et tout le tralala. Merci madame la Secrétaire d’État.
Puis, Libération a sorti un article sur l’Unef, le syndicat étudiant, faisant état de multiples agressions sur des militantes syndicales. Les responsables de ces violences : les agresseurs. Pour Twitter, non. La responsable, c’était moi. Parce qu’à l’époque, je n’avais pas vu ces violences, c’est que j’étais complice. Éric Naulleau a posté un tweet qui a re-déclenché une vague de haine inouïe. Éric Naulleau aurait pu viser les agresseurs. Il aurait pu dire un mot gentil pour les femmes victimes. Il aurait pu avoir un mot sympathique pour moi qui avait été victime de viol lorsque j’étais étudiante. Non, il a décidé de se payer une militante féministe.
Lire l’article entier sur blogs.mediapart.fr
La réponse de L’Obs à l’accusation de Caroline de Haas...
Au sujet de la campagne de harcèlement contre Caroline De Haas
Les propos tenus par Caroline De Haas dans l’Obs lui ont valu d’être la cible d’une campagne de harcèlement sur les réseaux sociaux, que l’Obs regrette et condamne.
Nous avons publié, le mercredi 14 février, une interview de Caroline De Haas qui vaut aujourd’hui à la cofondatrice d’Osez le féminisme d’être violemment prise à partie sur les réseaux sociaux, et à l’Obs d’être tenu pour responsable de ce lynchage.
Une phrase tirée de l’interview donnée à l’Obs par Caroline De Haas sert de prétexte à cette campagne haineuse. Au cours de l’entretien, la militante féministe évalue, à partir du nombre de femmes victimes de violences sexuelles, le nombre d’hommes agresseurs.
« Aujourd’hui, il est admis qu’une femme sur deux a été victime de viol, d’agression ou de harcèlement. En revanche, ce qui n’imprime pas, c’est la conclusion qu’il faut en tirer. A savoir qu’un homme sur deux ou sur trois est un agresseur », affirme la militante féministe. Une déclaration utilisée pour titrer l’article : « Un homme sur deux ou trois est un agresseur ».
Après avoir admis qu’elle avait bien tenu ces propos, Caroline De Haas semble aujourd’hui contester leur authenticité.
[...]
Enregistrés, comme le reste de l’entretien, ces propos ont été retranscrits, puis mis en forme pour en assurer leur lisibilité. Elle n’a pas demandé à les relire.
À l’évidence, la déclaration brute de Caroline De Haas, telle qu’elle ressort de notre enregistrement, démontre que son message n’a nullement été dénaturé dans la version écrite publiée.
Le point de vue de la cofondatrice d’Osez le féminisme a été présenté dans le cadre d’un dossier de couverture intitulé « Faut-il tout balancer ? » consacré aux dangers du tribunal médiatique, où nous évoquions aussi bien l’affaire Mennel que les cas des ministres Gérard Darmanin et Nicolas Hulot.
Cet ensemble n’était certainement pas destiné à « faire le buzz » et à alimenter un lynchage anonyme mais bien au contraire à dénoncer les menaces que la révolution numérique et la tyrannie du soupçon font peser sur nos libertés.