« Le viol est un crime. Mais la drague insistante ou maladroite n’est pas un délit, ni la galanterie une agression machiste. » Dans une tribune, parue dans Le Monde, ce mardi 9 janvier, un collectif de 100 femmes, dont l’actrice Catherine Deneuve, déplore qu’à la suite de l’affaire Weinstein, « cette libération de la parole se retourne aujourd’hui en son contraire ».
« Or c’est là le propre du puritanisme que d’emprunter, au nom d’un prétendu bien général, les arguments de la protection des femmes et de leur émancipation pour mieux les enchaîner à un statut d’éternelles victimes, de pauvres petites choses sous l’emprise de phallocrates démons, comme au bon vieux temps de la sorcellerie », écrivent ces femmes.
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« Cette fièvre à envoyer les “porcs” à l’abattoir, loin d’aider les femmes à s’autonomiser, sert en réalité les intérêts des ennemis de la liberté sexuelle, des extrémistes religieux, des pires réactionnaires et de ceux qui estiment, au nom d’une conception substantielle du bien et de la morale... », ajoute le collectif, qui fustige une « vague purificatoire » et même « un climat de société totalitaire ».
Au contraire, elles, défendent « l’indispensable liberté d’offenser » voire « d’importuner » et raillent au passage ce féminisme qui « prend le visage d’une haine des hommes et de la sexualité ».
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"Si mon mari ne m'avait pas harcelée, peut être que je ne l'aurais pas épousé" La Punchline du jour de @SdeMenthon sur @CNEWS #BalanceTonPorc pic.twitter.com/jjPi6HFOIC
— Punchline (@punchline) 9 janvier 2018
Parmi les signataires de cette tribune, se trouvent notamment la journaliste Peggy Sastre, la présidente du mouvement ETHIC Sophie de Menthon, la patronne de Causeur Elisabeth Lévy, l’écrivain Catherine Millet, la présentatrice radio Brigitte Lahaie, la psychologue clinicienne et psychanalyste Sarah Chiche et l’écrivaine et journaliste Abnousse Shalmani.
En réaction à cette tribune, la féministe Caroline de Haas, scandalisée, a accusé sur Twitter ses signataires de « défendre le droit d’agresser sexuellement les femmes (et pour insulter les féministes) ».
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Dans un édito daté du mardi 9 janvier 2017, Élisabeth Lévy, la patronne de Causeur, qui fait partie des « 100 femmes » (les féministes vont peut-être les appeler les « 100 traîtresses » voire les « 100 salopes »), y a été moins mollo que Le Monde.
Tout le monde aura compris – sauf Caroline de Haas – qu’elle ne défendait pas le viol et qu’elle voulait ramener cette nouvelle guerre des sexes à sa juste mesure. Le féminisme outrancier en prend un petit coup dans la couscoussière...
Cependant on sent déjà que certains petits coquins tordus vont imaginer que tout ce barouf sert au fond la cause de Weinstein de l’autre côté de l’Atlantique et d’Haziza du nôtre. Mais c’est vraiment pousser loin dans la paranoïa comploteuse politico-sexuelle !
2017, l’année des balances
C’est le monde de demain, résumé en une seule image, que je trouve pour ma part glaçante à souhait quand toute la planète ou, plus précisément son avant-garde médiatique, communie dans l’extase. On y voit les cinq femmes primées pour la série Big little lies enlacées, embrassant leurs globes dorés d’une bouche gourmande comme si elles s’apprêtaient à les lécher : l’autarcie et la toute-puissance féminine dans toute leur horreur. Et c’est ce monde de la séparation des sexes que chacun, dans la vie publique, est aujourd’hui sommé d’applaudir, sous peine de perdre un job, un contrat, un mandat ou l’estime de sa boulangère.
Quel discours, quelle émotion, merci à vous @Oprah pour cette prise de parole symbolique Je vous admire encore et toujours plus, Madame. pic.twitter.com/ay5fB7GchL
— Hapsatou SY (@HapsatouSy) 8 janvier 2018
Nous sommes issues d’un sexe qui a beaucoup souffert
Dans le bilan de l’année écoulée, marronnier planétaire en cette saison, un événement a trôné au firmament des éditorialistes, réconciliant conservateurs et progressistes, presse branchée et presse populaire, Chinois et Américains. Il est donc réputé indiscutable que la libération-de-la-parole-des-femmes est un grand pas pour l’humanité, sachant que la parole en question dit toujours la même chose : les hommes sont des porcs ! Ainsi dans le grand parti des Femmes, il y aurait non seulement une obligation de solidarité, mais quasiment une obligation d’avoir souffert : quand on vous répète que 80% des femmes ont déjà été harcelées, voire agressées, affirmer qu’on n’a pas de porc à balancer, c’est s’exclure, peut-être même se désigner comme traîtresse à la cause. Et bien entendu, ce sont les femmes en lutte qui ont été désignées « homme de l’année » par le magazine Time, quelle audace rafraîchissante.
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- Sandra Muller (la truie) et Harvey Weinstein (le porc)
L’accusation de machisme vaut condamnation
Et que la France, dont on aime croire qu’elle résiste à l’américanisation des mœurs, est peut-être en train de devenir la deuxième terre promise d’une révolution qui a tout d’une régression. C’est d’ailleurs à une Française installée aux États-Unis, Sandra Muller, que l’on doit l’effroyable invention de « #Balancetonporc ». Que le mot d’ordre de cette révolution soit une injonction à balancer aurait tout de même dû tempérer l’enthousiasme. Ne chipotez pas tant, explique-t-on, il y a eu très peu de « dérapages », c’est-à-dire de dénonciations abusives. En clair, il est bien ennuyeux que quelques innocents se soient faits poisser, du moment que ceux que l’opinion aura jugés coupables ont été condamnés sans autre forme de procès, à la mort sociale.
« Aux Etats-Unis, chaque jour, un animateur télé, un danseur, un homme politique disparaît de la scène à la suite d’accusations », se félicite Sandra Muller, sans se rendre compte qu’elle donne la définition du totalitarisme (l’accusation vaut condamnation). Eric Brion, le « porc zéro », si l’on peut dire, puisque c’est celui qu’a balancé Muller pour faire venir le reste des piranhas femelles excitées par l’odeur du sang mâle, a eu la chance de pouvoir répondre à son accusatrice dans Le Monde (qui après un mois de propagande a fini par donner la parole à d’autres points de vue). Mais alors même que, visiblement, sa déplorable notoriété lui a valu des ennuis sérieux, celui que Müller appelle « mon bourreau » réitère ses excuses.
T’as de gros seins, tu sais…
À ce stade, on imagine qu’il a essayé de la violer ou de la faire chanter. Or, qu’apprend-on ? Que plusieurs années plus tôt, au cours d’un festival à Cannes, ce patron d’une chaîne de télé spécialisée a déclaré à la victime : « Tu as de gros seins. Tu es mon type de femme, je vais te faire jouir toute la nuit ». Et cette phrase, non suivie de gestes, a provoqué chez elle, sans blague, « honte, déni, volonté d’oubli » et même, une « faille spatio-temporelle » qui l’a rendue incapable de « verbaliser » durant des années. À chaque fois que je relis ce passage, c’est plus fort que moi, j’ai un fou rire… Voilà donc l’héroïne que l’on nous propose : une fille si ignorante des choses du sexe et du désir des hommes, qu’elle défaille quand un homme lui parle de ses seins et met des années à s’en remettre, une pauvre petite chose prude et hargneuse ! Il lui a dit, en termes un peu lestes, qu’elle lui plaisait : elle est victime, il est bourreau. Et chômeur.