Les anti-fascistes italiens doivent voir rouge aujourd’hui après la lecture de la dernière sentence de la Cour de cassation italienne en matière de célébrations et rituels politiques : le salut romain « n’est pas un délit s’il est fait dans une intention non-violente et commémorative ».
Il y a cinq ans la Cassation avait stipulé que les temps n’étaient pas encore mûrs pour dédouaner le salut romain. Mais maintenant les temps sont arrivés : ce n’est donc plus un délit de saluer à la façon romaine ! La cour de Cassation dit même plus dans son jugement : ce n’est pas un délit d’être fasciste, de professer une pensée fasciste et l’idéologie fasciste. C’est la Constitution républicaine qui l’établit en protégeant la liberté de pensée et d’expression.
À la liberté d’être fasciste en Italie, la Première section de la Suprême Cour ne met qu’une limite : faire les gestes et agiter les symboles du fascisme peuvent devenir un délit si de cette manière « sont mis en danger le maintien de l’ordre démocratique et des valeurs qui en découlent ».
La cour de Cassation en rendant cette sentence a absout trois manifestants, inculpés en 2014 pour « avoir participé à une manifestation fasciste », délit prévu par une loi en Italie, la loi Scelba. Les trois avaient fait le salut fasciste pendant une manifestation organisée à l’époque à Milan par des responsables du parti Fratelli d’Italia afin de commémorer deux militants du MSI (Mouvement Social Italien) tués respectivement en 1975 et 1976 : marches encadrées, vestes noires, croix celtiques, saluts romains au cri de « Présent ! ». Sur les neufs incriminés, sept furent relâchés en première instance. Premier signe d’un changement de climat.
Maintenant, ce deuxième verdict définitif signe un nouveau pas dans cette direction puisqu’il permet explicitement à l’idéologie fasciste d’exister dans la sphère de la liberté d’expression. Le délit prévu par la loi Scelba n’est pas retenu, les juges de la Cour de Cassation estimant que cette loi « ne frappe pas toutes les manifestations habituelles du parti fasciste dissout mais seulement celles qui peuvent déterminer un danger de reconstitution d’organisations fascistes en relation avec le moment et l’ambiance dans lesquels elles sont accomplies. » Le cortège milanais n’avait « aucune intention de restaurer le régime fasciste » lit-on dans la sentence. Dans ce cas, estime la Suprême Cour, les fascistes peuvent défiler, professer leur idéologie et user des gestes et symboles fascistes en vertu de la liberté d’expression.
En plein pendant la « croisade » des radicaux-chics, gauchistes, communistes et autres socialistes italiens pour faire interdire les partis néo-fascistes (entendez les partis identitaires, nationalistes et anti-immigrationnistes !), cette décision va certainement les faire grincer des dents… Tout particulièrement en ce moment où se déroule la campagne électorale des législatives durant laquelle ils instrumentalisent, dans un but de propagande, le spectre du fascisme pour dénigrer leurs adversaires politiques… Cet arrêt de la Cour de Cassation leur enlève leur arme fétiche !