Le jugement de « la meute » devait être accueilli comme l’épilogue du « procès de l’année » en Espagne. Cinq hommes ont été condamnés, ce jeudi [26 avril 2018], à neuf ans de prison pour des « abus sexuels » commis sur une jeune femme qu’ils avaient eux-mêmes filmés, mais la qualification de « viol » n’a pas été retenue, suscitant une vague de protestations dans tout le pays.
Les cinq Sévillans, âgés de 27 à 29 ans, s’étaient eux-mêmes vantés de leurs actes du 7 juillet 2016, pendant les fêtes très populaires de la San Fermin, en Navarre. Sur un groupe de messagerie WhatsApp intitulé « la manada » (« la meute »), ils s’étaient notamment envoyé une vidéo des faits accompagnée du message : « en train d’en baiser une à cinq ».
Le jugement du tribunal de Navarre était particulièrement attendu en Espagne, sept semaines après la « grève générale féministe » sans précédent et les énormes manifestations du 8 mars pour les droits des femmes. Les juges ont certes condamné chacun des cinq prévenus à neuf ans de prison pour « abus sexuel » sur une Madrilène de 18 ans, aggravé du chef d’« abus de faiblesse ». Ils devront en outre verser 50.000 euros à la victime, qu’ils n’ont plus le droit d’approcher ni de contacter pendant 15 ans. Mais les magistrats n’ont pas retenu l’accusation de viol, pour lequel le Code pénal espagnol stipule qu’il doit y avoir eu « intimidation » ou « violence ».
La sentence est très inférieure aux réquisitions du parquet, qui avait requis 22 ans et 10 mois à l’encontre de chacun des prévenus. La décision judiciaire a aussitôt été contestée, et les avocats de la victime et de quatre accusés ont annoncé leur intention de faire appel. Aux portes du tribunal, des manifestants criaient « ce n’est pas un abus sexuel, c’est un viol ». Et de nombreux usagers de Twitter relançaient le slogan « moi je te crois, ma sœur » à l’attention de la victime.
Le chef de l’opposition, le socialiste Pedro Sanchez, s’est interrogé sur Twitter : « Si ce qu’a fait “la meute” n’est pas de la violence en groupe contre une femme sans défense, qu’entend-on alors par viol ? ». Une manifestation de protestation était annoncée dans la soirée à Madrid. Une autre était prévue à Barcelone, où la maire de gauche, Ada Colau, s’est adressée à la victime par un tweet : « cela m’indigne qu’après un viol collectif, tu doives supporter la violence d’une justice patriarcale ».
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