La télé d’information en continu Euronews propose une rubrique assez intéressante qui montre des images d’actualité sans commentaires. Ça s’appelle No Comment. Voici la rétrospective 2017, par exemple :
On imagine un match de foot sur Canal+ ou BeIn (la chaîne qatarie) sans les commentaires... le repos du téléspectateur farci par le flow des foot-rappeurs du genre ! Mais en politique, on ne peut pas se permettre de ne pas commenter, car il faut analyser, décrypter ou déconstruire les discours servis. Si les hommes politiques ont le droit de varier dans leur ligne, de l’affiner ou de changer de cap, personne n’étant infaillible, il est bon parfois de relever leurs virages à 180 degrés.
En général, cela s’explique non par un changement de convictions mais par un opportunisme momentané. On crée une petite contradiction car c’est in fine le pouvoir qui compte. Cette perturbation conceptuelle, les militants l’acceptent – certains appelaient ça abusivement le matérialisme dialectique – mais les opposants politiques la relèvent, la relayent et la gonflent avec délectation.
Ce vendredi 27 avril 2018, c’est le leader maximo de La France insoumise qui s’est fait gauler en flag. Lui qui flinguait le foot pro, ce sport de riches fait pour abrutir les pauvres – on résume sa pensée – se retrouve soudain dans les tribunes du Vélodrome pour fêter la presque qualification de l’Olympique de Marseille pour la finale de la Ligue Europa.
Voici ce que déclarait Mélenchon en 2010 sur RTL (à 7’26) :
« Je vais dire franchement, c’est l’opium du peuple cette histoire. Moi, je ne suis pas très footeux, alors j’ai une chose à vous dire, ça m’a toujours choqué de voir des Rmistes applaudir des millionnaires. »
Et ce que déclare le même Mélenchon en 2018, qui brigue la mairie de Marseille :
Aux armes ! Allez l’OM ! #OMFCS pic.twitter.com/gApFhOLT2C
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 26 avril 2018
C’est grâce à notre taupe sur francetvinfo (un certain Jean-Michel A.) que cette info précieuse est remontée jusqu’à nous. Il se trouve que Jean-Michel n’est pas très mélenchoniste. Pourtant, il travaille sur le service public et ses opinions personnelles ne devraient pas transpirer à l’antenne. Mais bon, aujourd’hui, la morale et les médias...
Un grand merci à Jean-Michel : tu peux compter sur nous pour qu’on dévoile pas nos sources !
D’après nos calculs, après avoir pris sa carte aux Yankees, Mélenchon ne devrait pas tarder à prendre l’accent marseillais. Un accent, gentrification de la ville oblige, qui pourrait disparaître. Mélenchon doit-il alors se presser d’apprendre le Marseillais ?
L'accent marseillais pourrait disparaître pic.twitter.com/cogPfM2YIA
— L'Express (@LEXPRESS) 27 avril 2018