Depuis la réforme du bac qui prévoit un contrôle continu et un examen basé sur quatre matière principales, le tout coiffé par un « grand oral », c’est l’affolement dans toutes les chaumières de France. Pour les uns, c’est la fin d’un « fétiche », d’une tradition française, et aussi de la sélection nationale, quasiment la victoire de Mai 68 ; pour les autres, il s’agit de l’évolution logique d’un couperet qui ne fonctionnait plus aussi bien.
J'ai le bac, je choisis ma fac ! Les jeunes dans la rue pour le droit de choisir leurs études et leur avenir, contre la sélection à l'université ! #JaiLeBacJeChoisisMaFac #Manif1erFevrier #NonALaSelection pic.twitter.com/EuaILxQyxp
— Simonnet Danielle (@Simonnet2) 1 février 2018
La lame du bac, on l’a vu, était émoussée. La fameuse sélection, qu’on peut aussi appeler mérite républicain, était subtilement repoussée aux premières années de fac. À ce propos, pour des raisons de niveau réel mais aussi sociales (les étudiants qui bossent, la mal-orientation), l’échec en première année de fac avoisine les 50% Le nouveau bac sauce Blanquer ne résoudra pas le problème d’une masse d’étudiants qui n’ont effectivement pas tous le niveau requis. Mais ils seront peut-être mieux orientés.
À l'issue de la première année à l'université après l'obtention du bac, seuls 40,8% des étudiants passent en seconde année, selon les données du ministère de l’Éducation nationale. https://t.co/Zm0vA2Mthh #LEmissionPolitique pic.twitter.com/OWRV7En9Iq
— L'Emission politique (@LEPolitique) 15 février 2018
On ne va pas tout mettre sur le dos de celui qui vient de remplacer la catastrophique Najat Belkacem. Blanquer est un pragmatique, ce qui ne l’empêche pas d’être attaqué sur sa gauche. Le voici face à Ouin-Ouin, qui réclame la gratuité des cantines pour des raisons de justice sociale... une mesure à 5 milliards :
Blanquer était donc l’invité de L’Émission politique sur France 2 ce jeudi 15 février 2018. Léa Salamé, madame Glucksmann à la ville, avait eu la bonne idée – tu parles d’un changement – de demander son avis à Jack Lang sur la question des enfants, de l’école, tout ça...
#LEmissionPolitique : Jack Lang serait parmi "les personnalités préférées des français" d'après Léa Salamé. On croit rêver !
— Sébastien JALLAMION (@SJallamion) 15 février 2018
Revenons au débat, qui tourne autour d’un véritable axe droite/gauche, celui de la sélection, signe d’injustice sociale pour la gauche, de mérite républicain pour la droite. Il y a un peu des deux, comme toujours. Pourtant, les profs d’université jonglent avec les méthodes de sélection plus ou moins larvées afin de limiter la casse (les étudiants qui savent à peine écrire) en Master 2.
Bref, la guerre scolaire n’est pas terminée en France. Il est facile de flinguer le niveau général – résultat des 80% de bacheliers promis par Jack Lang dans les années de gloire socialiste – et les différences de niveaux comme le fait Zemmour, qui tente de revenir dans la boucle médiatique en augmentant le niveau de ses provocations.
Eric Zemmour : "le contrôle continu au bac est un scandale, un 16 à Grigny vaut 2 à Henri IV" pic.twitter.com/OZ9qOfjjbx
— Pierre Sautarel (@FrDesouche) 14 février 2018
Pendant ce temps, Blanquer retrousse ses manches. Il rencontre ici un jeune « décrocheur » :
Retrouvez un extrait du reportage de @guillaumedaret, dans lequel un jeune décrocheur, accompagné par l'association @Parkour59, explique les difficultés qu'il a rencontrées avec son orientation #LEmissionPolitique pic.twitter.com/uqMxA3AVDu
— L'Emission politique (@LEPolitique) 15 février 2018
De toute évidence, la dénajatisation de l’Éducation nationale est un soulagement pour une écrasante majorité de Français, à part quelques dingos LGBT et les concocteurs de programmes antifrançais. Blanquer reste le ministre le plus populaire :
Selon un sondage réalisé par @IpsosFrance @jmblanquer a été convainquant pour 71% des Français ayant regardé l’émission. Il existe quelques nuances selon les proximités politiques #LEmissionPolitique pic.twitter.com/PVqlgCiEl6
— L'Emission politique (@LEPolitique) 15 février 2018
La polémique revient inlassablement sur les effectifs : y a-t-il trop ou pas assez de profs ? Blanquer estime que la France en a assez (par rapport à ses voisins), quand la gauche hurle qu’il en manque 80 000 et que des petites classes ferment en douce dans les campagnes, du fait des nouvelles classes de CP dédoublées (la première réforme Blanquer). Il reste aussi le problème des enseignants mal payés chez nous – moitié moins que les profs allemands ! –, et après on s’étonne de la crise des vocations :
Le niveau des salaires des enseignants est à peu près au niveau de ceux de la Colombie, et presque deux fois plus faible que ceux en Allemagne #LEmissionPolitique pic.twitter.com/HhVtbMrv76
— L'Emission politique (@LEPolitique) 15 février 2018
Conclusion : après des années de hollando-najatisme, l’école française semble retrouver le sens du réel. Mais dans l’année du cinquantenaire de la révolution de Mai 68, quand tout le monde s’interroge sur son héritage, eh bien il suffit de regarder ce qu’est devenue l’école de la République : aujourd’hui, 20% des Français mettent leurs enfants à l’école privée, où les places sont chères au sens propre et au sens figuré, une école confessionnelle où l’idéologie mortifère des amis de Cohn-Bendit n’a pas encore totalement pénétré.