Sur Boulevard Voltaire, notre confrère Henri Saint-Amand écrit, à propos d’Elie Wiesel : « Nul ne peut contester à cet Américain d’origine roumaine une certaine stature morale, une grandeur d’âme qui pourrait servir de modèle à beaucoup d’hommes politiques. » Remarquez que la formule est encore modeste à côté des superlatifs généralement employés pour qualifier ce survivant d’Auschwitz.
Obama disait même de lui qu’il était « la conscience du monde », rien que ça. Pas étonnant qu’avec de tels sponsors, Elie Wiesel soit ce qu’on appelle dans le milieu journalistique un intouchable, notamment en France où la liberté d’expression n’est plus qu’un lointain souvenir. [...]
Il y a quelques années, je fus surpris d’apprendre qu’il comptait parmi les victimes de l’escroc Madoff, à hauteur de quinze millions de dollars au titre de sa fondation, et au moins autant (la presse spécialisée évoque même le chiffre de vingt-deux millions) sur son propre compte. Une telle fortune amassée de son vivant est-elle compatible avec un caractère désintéressé ? C’est à chacun de se faire une opinion. Je me bornerai juste à signaler que Madoff n’avait pas pignon sur rue, ce qui n’est pas particulièrement un gage de sécurité, mais qu’en revanche, il avait la réputation de faire gagner beaucoup d’argent à ses clients. À noter, aussi, qu’une fondation caritative ne dépose jamais sa trésorerie dans un fonds spéculatif ; inutile d’expliquer pourquoi. Voilà qui, à mon sens, répond à la question.
Wiesel peut-il, aussi, prétendre au statut de conscience universelle ? À moins de réduire l’univers au peuple juif, j’en doute.