Vendredi 15 juillet, 10 h du matin. À Nice, des dizaines de corps martyrisés gisent encore sur la Promenade des Anglais sous des bâches blanches, lorsque le fondateur de Mediapart, Edwy Plenel, relaie sur les réseaux sociaux un article intitulé « Terrorisme : la crainte d’une réplique de l’ultradroite » [voir sous l’article].
Cet entretien de Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite, a été publié par Libération la veille de l’attentat, le 13 juillet. L’instrumentalisation politique est grossière, elle sera condamnée par l’universitaire, directeur de l’Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean-Jaurès [1].
Il y a chez Edwy Plenel, comme chez beaucoup de « journalistes » dit « d’investigation » et de spécialistes de l’extrême droite, un désir de « guerre civile » inavoué qui en dit long sur leur inconscient et un peu aussi sur les arrières-pensées policières. Il faut se souvenir que ceux-ci sont souvent les porte-voix de ceux-là. Ce désir ne vient pas de nulle part, mais du plus haut niveau d’une hiérarchie policière en panique qui s’abandonne à la gesticulation médiatique pour cacher la plus grande faillite sécuritaire de ce demi siècle.
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Terrorisme : la crainte d’une réplique de l’ultradroite
Le politologue Jean-Yves Camus pointe le risque d’une « réaction violente » de groupuscules extrémistes à l’encontre des musulmans en cas de nouveaux attentats jihadistes.
- En 2014, lors d’un rassemblement organisé par le collectif « d’extrême droite » Jour de colère
« Vous aurez une confrontation entre l’ultradroite et le monde musulman. » Cette sinistre prédiction ne vient pas de n’importe qui : c’est le patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), Patrick Calvar, qui l’a formulée le 24 mai devant la commission d’enquête parlementaire « relative aux moyens mis en œuvre par l’État pour lutter contre le terrorisme ». Interrogé sur son action en la matière, Calvar se dit préoccupé par la « radicalisation de la société et le mouvement de fond qui l’entraîne » : « Nous devrons, à un moment ou à un autre, dégager des ressources pour nous occuper d’autres groupes extrémistes parce que la confrontation est inéluctable », ajoute-t-il, selon la retranscription des débats publiée mardi.
Patrick Calvar avait déjà tenu des propos similaires le 10 mai, devant la commission défense de l’Assemblée nationale : « Cette confrontation, je pense qu’elle va avoir lieu, avait-il déclaré. Encore un ou deux attentats et elle adviendra. Il nous appartient donc d’anticiper et de bloquer tous ces groupes qui voudraient, à un moment ou à un autre, déclencher des affrontements intercommunautaires. »
Directeur de l’Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean-Jaurès, le politologue Jean-Yves Camus commente cette analyse.
Que pensez-vous des prédictions de Patrick Calvar, sur une « confrontation » entre ultradroite et musulmans ?
Cela fait à peu près un an, depuis les attentats de Charlie, que je répète que cette confrontation risque d’avoir lieu, exactement dans la même configuration que celle qu’évoque Patrick Calvar. À un certain moment, le seuil de résilience sera atteint. Après un ou plusieurs autres attentats massifs commis par la mouvance islamiste, une réaction violente se produira. Je ne crois pas que la population d’un pays puisse indéfiniment digérer des attaques massives et les exorciser par des commémorations. Je le crois d’autant moins que le schéma d’une confrontation violente à caractère ethnique existe de longue date à l’extrême droite.
On le retrouve avant même le 11 septembre 2001. Dès les années 90, une abondante littérature théorisait la guerre ethnique à partir de « l’effet de seuil » : l’idée, pour ces auteurs, était qu’une partie du peuple – généralement une avant-garde nationaliste – allait se révolter les armes à la main contre la population maghrébine. Ce schéma était en quelque sorte le match retour de la guerre d’Algérie. L’expression « déloger les immigrés à la fourchette à escargots » fait penser à la façon dont les troupes françaises devaient extirper un à un les « terroristes » de la Casbah d’Alger.
J’ajoute que cette confrontation est voulue par les deux parties. Car pour les islamistes radicaux, elle est aussi un moyen de souder autour d’une identité commune des gens dont les rapports à l’islam sont parfois différents. Des gens qu’il s’agit de convaincre que, vivant une répression commune, ils ont aussi une destinée commune dans le jihad.