Il était l’orateur national de La France insoumise (LFI), mais ses prises de position par trop souverainistes l’ont peu à peu marginalisé dans le parti de plus en plus gauchiste de Jean-Luc Mélenchon, qui a fini par le mettre dehors. Lundi 25 mars 2019, sur le plateau de Russia Today, il explique son positionnement politique avec le lancement d’un nouveau parti, République souveraine.
Au début de son interview, Kuzmanovic se réfère à la femme de 73 ans qui a été blessée pendant une charge de police, samedi 23 mars lors d’une manif « interdite » à Nice.
VIDEO. Gilets jaunes : "J'ai 73 ans, qu'est-ce qui peut m'arriver ?", assurait Geneviève Legay avant d'être blessée à Nicehttps://t.co/3FWMLWtIwx pic.twitter.com/pqSQcKkTSH
— franceinfo (@franceinfo) 25 mars 2019
#GiletsJaunes Une femme a été blessée à #Nice dans le mouvement de foule provoqué par l’évacuation de la Place Garibaldi par les CRS. Elle a été évacuée par les pompiers. Il reste une dizaine de "gilets jaunes" Place Garibaldi.
IMAGEShttps://t.co/EBSQTs5idv pic.twitter.com/oUHKz0MFLn— France 3 Côte d'Azur (@F3cotedazur) 23 mars 2019
Fidèle à son mépris du peuple et des Français, le Président Macron a déclaré ceci dans un entretien à Nice-Matin lundi 25 mars 2019 :
« Je souhaite d’abord qu’elle se rétablisse au plus vite et sorte rapidement de l’hôpital, et je souhaite la quiétude à sa famille. Mais pour avoir la quiétude, il faut avoir un comportement responsable. Je lui souhaite un prompt rétablissement, et peut-être une forme de sagesse...
Quand on est fragile, qu’on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans des situations comme celle-ci. »
Une provocation qui n’est pas passée inaperçue et qui a remis le feu aux poudres chez les Français qui ne goûtent pas la nouvelle stratégie de maintien de l’ordre.
Fort de son analyse lucide de la situation, Kuzmanovic cherche à incarner un courant montant dans la France de 2019 qui colle avec les revendications des Gilets jaunes et qui se rapproche des thèses d’E&R :
« Nous pensons qu’il faut dépasser le clivage gauche-droite [et] rassembler les Français sur certaines choses qui les unissent et qui se retrouvent dans les revendications des Gilets jaunes. À savoir : l’attention portée à la souveraineté de la France, à la défense la laïcité, à la république sociale, à la justice sociale quelles que soient les origines politiques des uns et des autres. »
Kuzmanovic n’est pas dupe de l’opération de terreur anti-Gilets jaunes que le gouvernement à la solde des lobbies et de la banque a mise en place, au détriment de la santé des citoyens qui manifestent, quel que soit leur âge ou leur sexe. Ainsi, les forces de l’ordre ont blessé gravement et indifféremment 2 000 hommes, femmes, vieux et jeunes.
Pour aller plus loin
Le 28 novembre 2018, Kuzmanovic, exclu de la liste des Insoumis pour les élections européennes, expliquait dans Marianne pourquoi il quittait le mouvement de La France insoumise.
« Après des mois de louvoiements et d’atermoiements – qui, par ces temps de crise politique et sociale que la France traverse douloureusement, apparaissent particulièrement déplaisants –, le comité électoral de la France Insoumise, seule instance constituée de cette formation politique gazeuse, vient de me signifier mon exclusion de la liste des européennes, ensemble avec François Cocq. Cette décision, qui intervient en dépit du soutien massif que m’ont apporté un grand nombre de militants, illustre les écueils de ce mouvement en même temps qu’elle rend manifeste le conflit idéologique qui le traverse de longue date. Immédiatement portée dans la presse, elle m’oblige à y réagir publiquement, précipitant mon départ de la FI et m’obligeant à en expliquer les déterminants.
[...]
Je ne regrette pas ces années de travail acharné et de courtes nuits. Mais un an et demi après la magnifique campagne présidentielle de 2017, la France insoumise est dans l’impasse. Je me suis longtemps battu pour tenter de faire prévaloir la ligne qui me semblait juste ; mais les défauts du mouvement m’apparaissent aujourd’hui structurels et sa réforme, impossible. Radié de la liste des candidats aux européennes, je ne saurais rester “orateur national politique pour les questions internationales et de défense” de cette formation politique. Je vais éviter aux décideurs de la FI de chercher dans des statuts inexistants les raisons pour m’exclure également de cette fonction, dont la définition n’existe pas davantage : je choisis de la quitter.
[...]
La deuxième raison de mon départ, plus importante encore, renvoie à la ligne politique qui a prévalu à la FI depuis l’élection présidentielle. Censée être fixée par le programme L’Avenir en commun, cette ligne a en réalité beaucoup varié au gré de la conjoncture. Si la campagne présidentielle, pendant laquelle Jean-Luc Mélenchon a théorisé la rupture avec le clivage gauche-droite, a été portée par la stratégie populiste, les nouveaux cadres de la FI, arrivés avec la marée du succès et majoritairement issus du militantisme gauchiste, sont vite revenus à leurs vieux réflexes, éloignant le mouvement de la majorité du peuple français.
Cette ligne de la « gauche rassemblée », insistant sur l’intersectionnalité et la non-hiérarchisation des luttes – c’est-à-dire le refus de faire primer le social sur le sociétal – a conduit le mouvement à s’abîmer dans des combats secondaires, voire marginaux. Ainsi, pour donner un exemple, si l’immense majorité des Français soutiennent la lutte pour l’égalité entre les hommes et les femmes, la plupart d’entre eux comprennent que les priorités, dans ce domaine, renvoient à l’égalité salariale, à la réduction de la pauvreté féminine, à l’éradication des violences dont les femmes sont victimes ; et non à l’écriture inclusive.
[...]
Pire, le choix de ne s’appuyer, parmi les classes populaires, que sur « les quartiers » a amené la FI à laisser s’installer une approche quasi communautariste, proche du modèle anglo-saxon et profondément contraire au républicanisme français. La complaisance des segments gauchistes de la FI à l’égard des thèses indigénistes, le mépris affiché pour les forces de l’ordre, la négation du problème posé par l’islamisme et le refus de regarder en face les défis posés par l’immigration ont produit des ravages dans notre électorat potentiel, faisant apparaître la FI comme la vieille gauche à peine repeinte, coupable du même angélisme, incapable de réalisme et de fermeté.
À l’heure où les manifestations des gilets jaunes – et les réactions qu’elles provoquent – attestent de la pertinence des analyses de Christophe Guilluy sur l’abandon de la France périphérique, ce choix de la FI apparaît comme un nouvel et tragique avatar du divorce entre le peuple et les élites, fussent-elles de gauche.
Cette ligne me semble à rejeter non seulement du point de vue idéologique – parce qu’elle néglige les préoccupations du plus grand nombre –, mais aussi stratégique, car elle est profondément irréaliste. La gauche traditionnelle ne peut pas, ne peut plus gagner par voie démocratique ; elle ne rassemble, dans le meilleur des pronostics, que 30 % de l’électorat. Si elle s’obstine à s’accrocher à elle-même, elle risque de finir comme la gauche italienne, durablement dispersée façon puzzle. »
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