Je me souviens, il y a quelque temps le politiquement correct et la bien-pensance s’offusquaient de voir le sort qu’on réservait à Polanski qui ne pouvait pas se déplacer librement où il voulait.
Rappelons brièvement les faits. Ce monsieur avait été condamné aux États-Unis pour viol sur mineures (faits avérés exacts et jugés comme tel). Je me souviens des arguments avancés par ceux qui le soutenaient. Soit ses détracteurs étaient antisémites (c’est tellement facile et passe-partout), soit il fallait dissocier l’homme de l’artiste qui avait fait de très grands films.
Éternel débat, peut-on dissocier l’artiste de l’homme dans sa vie privée.
Proust disait dans son Contre Sainte Beuve que « le livre est le produit d’un autre moi que celui que nous manifestons dans nos habitudes, dans la société, dans nos vices ».
On pourrait élargir cette notion à toutes œuvres artistiques. Je n’ai pas d’avis bien tranché sur le problème posé. Mais si on l’applique à Polanski, pourquoi n’applique-t-on pas ce postulat à tous les artistes ?
Je vais prendre un exemple bien précis bien qu’il y en ait beaucoup d’autres.
Stéphane Blet virtuose du piano est mort il y a quelques jours et aucun média, je dis bien aucun n’en a parlé. Pourquoi ? Je ne me m’attarderai pas sur les causes de sa mort qui ne sont pas clairement établies.
Il était exilé en Turquie depuis quelques années suite à ses prises de position politiques, et suite à son livre contre la franc-maçonnerie. Mais moi ce qui m’intéresse, au-delà des idées aussi contestables qu’elles puissent être, c’est le pianiste virtuose que j’ai eu l’occasion de voir en concert il y a quelques années, et à qui je me dois de rendre hommage puisque personne ne l’a fait.