Une interview de Rachel Johnson, la sœur de Boris Johnson, parue sur le Spiegel online (version anglaise) en 2013. À l’époque, Boris n’était que maire de Londres, depuis, il est devenu Premier ministre et sa sœur a dû trouver d’autres moyens d’attirer l’attention en montrant ses seins dans les médias. […]
Dans les années 30, il était de bon ton dans les familles de la bourgeoisie anglaise, d’envoyer les filles terminer leurs études dans l’Allemagne nationale-socialiste. Rachel Johnson, la sœur du maire de Londres, a recueilli le témoignage de plusieurs d’entre elles et en a tiré la trame d’un roman récemment publié. Elle raconte au Spiegel online l’enthousiasme de la Grande-Bretagne pour le Reich de Hitler.
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« Il y a deux ans, la BBC a réalisé une émission sur mon frère Boris et sur l’histoire de notre famille. On nous avait toujours dit que notre grand-mère paternelle était française mais il s’est avéré que c’était une allemande dont le nom de jeune fille était von Pfeffel. En tant qu’étudiante, ma grand-mère maternelle est allée en Bavière dans les années 1930. Plus tard, quand je me suis mariée, j’ai découvert que ma belle-mère s’était aussi rendue à Munich à peu près à la même époque. »
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« Le plus étrange, c’est que ma belle-mère est partie d’Angleterre pour Munich en avril 1938, alors que Hitler se préparait déjà à envahir la Tchécoslovaquie et la Pologne. Elle a assisté à l’annexion de l’Autriche et elle a même couru derrière la voiture d’Hitler. »
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« À l’époque, l’Allemagne était sans doute notre plus proche partenaire européen. Et n’oubliez pas que George V n’a changé son nom de famille de « Saxe-Coburg and Gotha » en « Windsor » qu’en 1917 durant la Première Guerre mondiale. Dans l’entre-deux-guerres Il y avait toujours des liens d’amitié entre la noblesse des deux pays. Deux journaux s’étaient spécialisés sur les relations anglo-allemandes et faisaient des articles pour dire à quel point l’Allemagne était merveilleuse, ses paysages splendides, et Hitler exceptionnel. Les Anglais trouvaient que l’Allemagne était très propre. »
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« Ma grand-mère maternelle était en Bavière dans les années 1930, elle était juive. Elle adorait aller à l’opéra de Munich, faire du ski dans les Alpes, et est par la suite tombée amoureuse d’un moniteur de ski qui venait de Fribourg et qui était membre du Parti national-socialiste : sa famille l’appelait « die Jüdin, » la juive. Leurs relations se sont vite gravement détériorées et elle est rentrée en Angleterre. Au cours de mes recherches, j’ai fait la connaissance d’une douzaine d’Anglaises qui ont séjourné en Allemagne entre 1935 et 1938, la plupart avaient plus de 90 ans au moment où j’ai recueilli leur témoignage. »
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« [Elles m’ont dit] Que "cela avait été le meilleur moment de leur vie". Que cela avait été fantastique pour elles d’être allées en Allemagne pendant le troisième Reich. "C’était le point culminant de ma vie" m’a confié l’une d’entre elles. »
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« Elles ne soupçonnaient rien du tout. Si à la piscine elles voyaient un panneau "pas de juif" elles se demandaient "c’est quoi un juif ?" elles n’en avaient jamais vu. De toute façon, c’étaient des filles de la bourgeoisie moyenne supérieure, ce qui veut dire que leur père était plus que probablement antisémite. En ce temps-là, l’antisémitisme régnait partout, pas seulement en Allemagne. Chez nous, nous avions aussi notre montée de l’extrême droite avec ses chemises brunes et un Oswald Mosley à la tête de la British Union of Fascists. Ma belle-mère était un bel exemple de l’attitude très pro-allemande de l’aristocratie de l’époque. Le père de ma belle-mère était président de l’Alliance anglo-allemande qui s’était donné pour but de rapprocher les deux pays. Il faisait volontiers des discours à la chambre des Lords pour dire que Hitler était un type bien. »
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« "Hitler était merveilleux, le problème c’est qu’il est allé un peu trop loin" m’a dit l’une d’entre elles. D’autres m’ont dit qu’elles ne pouvaient pas croire que ces gens formidables avec lesquels elles avaient passé de si bons moments aient pu être capables de faire des choses pareilles. Il faut se rappeler qu’à l’époque, l’Angleterre était plongée dans un profond marasme et ces filles débarquaient en Allemagne où en apparence tout allait pour le mieux. Elles ne connaissaient pas les agissements du régime, elles ne connaissaient pas les lois de Nuremberg. L’une d’elles m’a quand même parlé de son professeur de musique qui avait soudainement disparu : il était juif et il avait dû fuir. Personne ne voulait se poser de questions, c’était de l’aveuglement volontaire. »
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« Les Anglais ont déclaré la guerre à l’Allemagne en septembre 1939, après l’invasion de la Pologne. La plupart des Britanniques ont dû quitter l’Allemagne durant cet été. La seule à être restée à Munich c’était Unity Mitford, une figure de proue du nazisme anglais, grande admiratrice de Hitler et qui faisait partie de son cercle rapproché. En quelque sorte, Unity était l’exemple extrême de la fascination et de l’admiration en Angleterre pour Hitler. Ses parents se sont rendus en Allemagne pour essayer de la ramener mais elle a refusé : ils ont dû partir sans elle. »
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