Ce 2 décembre, Benoît Hamon a lancé son parti : Génération·s. Se proclamant socialiste, écologiste, progressiste et européen, Benoît Hamon cherche sa place entre Emmanuel Macron et les Insoumis. Mais n’est-ce pas celle du PS qu’il a lui-même quitté ?
Ils étaient près de 2 000 au Mans le 2 décembre pour assister à la fondation de Génération·s, le nouveau parti de Benoît Hamon – une formation succédant au Mouvement du 1er Juillet, lancé par le conseiller régional d’Ile-de-France à l’occasion de son départ du Parti socialiste (PS).
Des figures plus ou moins importantes de la gauche française ont répondu présent à l’invitation de l’ancien candidat socialiste à la présidentielle : des écologistes comme l’ancienne ministre Cécile Duflot, le député communiste Sébastien Jumel, les Insoumis Bastien Lachaud, député, et Manuel Bompard, secrétaire national du Parti de Gauche, l’ancien député Jean-Luc Laurent du Mouvement républicain et citoyen (MRC) et le député Luc Carvounas, candidat au poste de premier secrétaire du PS.
Lors de son discours, Benoît Hamon évoquait déjà les élections européennes de 2019 – l’occasion de fixer les grandes lignes politiques de son parti : « Nous incarnerons [...] un bloc qui est un bloc européen, transnational, socialiste, écologiste, progressiste et qui vise à être la principale force en Europe dans les prochaines années. »
Benoît Hamon : une place à prendre entre Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron... déjà occupée par le PS ?
Un corpus idéologique qui ressemble fortement à ce qui existe depuis bien des années... au PS. D’ailleurs, Luc Carvounas, premier candidat officiel à la direction du parti à la rose, propose un projet similaire, en désirant incarner une « ligne social-démocrate, écologique et européenne », avec le « cap du progrès partagé ». C’est à se demander si Benoît Hamon, qui a claqué la porte du PS après sa déroute à la présidentielle, ne cherche pas à concurrencer – et à terme remplacer – son ex-parti. En effet, celui-ci souhaite « un mouvement politique qui a vocation à occuper une place centrale dans la gauche française », avec l’ambition d’en faire « la première force de progrès ».
Et qu’en est-il de l’ouverture esquissée par Jean-Luc Mélenchon lors d’une interview au Parisien, en vue d’une éventuelle future alliance ? Benoît Hamon semble – encore – refermer la porte d’une telle union. Il a ainsi lancé un sous-entendu assez évident contre les Insoumis et toute la gauche dite « souverainiste », ce 2 décembre, tel que rapporté par le Huffington Post : « Ils nous disent parce que l’Europe est néolibérale, jetons le néolibéralisme et de facto jetons l’Europe avec, parce que par nature elle est néolibérale [...] On peut vaincre le néolibéralisme en restant européen et internationaliste. »
Si son seul adversaire clairement identifié est Emmanuel Macron, « représentant du néolibéralisme », Benoît Hamon peut compter sur la sympathie d’écologistes, mais aussi de la direction du Parti communiste (PC). L’ancien député écologiste Noël Mamère a lors de ce meeting déclaré à propos de Benoît Hamon : « Nos destins sont désormais communs. »
La veille, Pierre Laurent, secrétaire national du PC, dont les relations avec la France insoumise restent pour le moins complexes, avait fait un appel du pied sur Radio Classique à Benoît Hamon en vue des prochaines élections européennes de 2019. Néanmoins, la base communiste, qui ne semble ne pas forcément adhérer aux positions de son secrétaire, pourrait elle poursuivre son soutien à la figure la plus dynamique de la gauche d’opposition : Jean-Luc Mélenchon...
Force de gauche pro-européenne et progressiste, socle potentiel d’alliances avec les forces écologistes et communistes – Génération·s aurait-elle tout simplement pour vocation d’être la progéniture parricide du Parti socialiste ?