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De Dieudonné à Dominique Venner, la liberté d’expression face à un scandale judiciaire et politique

La loi de 1881 a supprimé la censure préalable et affirmé la liberté de la presse. La loi de 1907 a fixé les règles de la liberté de réunion et le détournement de pouvoir. L’arrêt Benjamin de 1933 a protégé la liberté de réunion. Puis, en 2014, la jurisprudence Dieudonné a rétabli la censure préalable au motif que le susdit avait été plusieurs fois condamné par la loi Pleven et pourrait donc, par présomption de culpabilité, recommencer.

Le délire Darmanin applique la censure préalable à toute réunion arbitrairement qualifiée « d’ultra droite », y compris lorsque les intervenants n’ont jamais été condamnés pour délit d’opinion. Délit d’opinion que le juge administratif prend en charge d’apprécier indépendamment et sans les protections du juge pénal comme on l’a vu dans l’arrêt Génération identitaire. L’Institut Iliade, dont le colloque d’hommage à Dominique Venner a été interdit par le préfet de police, a été victime d’un basculement totalitaire du régime.

Nos lecteurs trouveront ci-dessus une analyse juridique très étayée de Maître Éric Delcroix.

 

En France, guerres exceptées, la censure préalable en matière d’expression verbale ou écrite a été abolie en 1881 (loi sur la liberté de la presse), mais elle a été restaurée, en catimini et de façon captieuse, en 2014. En effet, par une décision stupéfiante du 9 janvier 2014, infirmant une ordonnance de référé-liberté du président du tribunal administratif de Nantes, le président de la section du contentieux du Conseil d’État a validé l’arrêté d’interdiction du spectacle de Dieudonné « Le Mur », prononcé par le maire d’Orléans.

Décision grave et inquiétante, puisque fondée sur l’idée redoutablement perverse de présomption de commission à venir d’un délit de presse et plus précisément d’opinion (voyez infra), au demeurant de la seule compétence des juridictions judiciaires et non pas administratives.

Au bout du compte, Dieudonné ne s’en remettra pas, mais les conséquences de la décision signée alors par le président Bernard Stirn sont redoutables, faisant fi de la séparation des pouvoirs administratifs et judiciaires, aussi convient-t-il d’en analyser la structure et les conséquences.

Un citoyen privé de libertés publiques ?

S’appuyant sur la récente circulaire, grossièrement arbitraire, de Gérald Darmanin contre l’« ultra-droite », le préfet de police de Paris avait interdit les manifestations organisées pour le dimanche 14 mai 2023 en l’honneur de Jeanne d’Arc par des mouvements nationalistes. Le président du tribunal administratif de Paris avait suspendu ces interdictions prises à l’encontre de l’Action française et de Place d’Armes, mais non pas l’interdiction de la célébration johannique des Nationalistes d’Yvan Benedetti.

Ainsi, tout événement public organisé par M. Benedetti pourra être frappé d’interdit car, ayant été apparemment condamné par le passé au titre de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, il pourrait de nouveau commettre une telle infraction par quelques cris, slogans ou banderoles à l’adresse du public. Jusqu’où pourra aller ce type d’interdiction civique personnelle ?

Il s’agit bien là de l’application de la jurisprudence dite Dieudonné [1] de 2014. Or :

D’une part c’est présumer du discours futur du sujet, là Dieudonné, ici Yvan Benedetti, qui pourtant, comme toute personne, bénéficie de façon irréfragable de la liberté d’expression publique en vertu de la loi précitée ;

D’autre part, le juge administratif, en violation flagrante de la séparation des pouvoirs, se substitue là au juge judiciaire qui seul peut prononcer, quand la loi l’y invite, des incapacités ou interdictions à titre de peines complémentaires (lesquelles en matière de presse ne peuvent jamais être une censure préalable).

Le risque de réitération [2] de l’infraction quant à sa commission à venir, purement hypothétique, relève de la seule vigilance légale et a posteriori du Parquet, de la police judiciaire qui est à sa disposition et des ligues de vertu délatrices habilitées par la loi.

Les juridictions administratives sont institutionnellement étrangères à tout cela, le Parquet n’y joue aucun rôle et elles n’ont donc aucune ouverture sur la fonction judiciaire. Questions :

1°- Pour combien de temps va-t-on interdire Dieudonné et ce militant de manifestation, de réunion, de colloque, de parole ? Ad vitam æternam ? Sous l’empire des juridictions judiciaires, au moins et n’en déplaise au président Stirn, la mort civile n’existe plus.

2°- Comment la juridiction administrative peut-elle fonder une censure préalable, sous le couvert de la loi de 1881, qui est du ressort exclusif de la juridiction judiciaire, et qui subsidiairement aboli celle-ci depuis maintenant plus de cent cinquante ans ?

« Pas de liberté pour les ennemis de la Liberté »

Autre exemple d’actualité le préfet de police de Paris, par un arrêté du 19 mai 2023, a interdit la réunion d’hommage à la mémoire de Dominique Venner (1935-2013) prévue à Paris le 21 mai par l’association Institut Iliade, motif pris essentiellement que :

« Considérant que certains intervenants à cet hommage sont connus pour tenir [des] propos incitant à la haine et à la discrimination envers un groupe de personnes … constitutifs du délit … par l’article 32 de la loi du 29 juillet 1881… »

Le préfet de police s’est donc engouffré dans la brèche ouverte par les cas Dieudonné et Benedetti et a prononcé, à l’encontre de gens qu’il n’est même pas capable d’identifier (« intervenants … connus »), cette censure préalable qui, comme on l’a vu, n’est même plus dans les attributions de la juridiction judiciaire depuis 1881 ! Là on ne prononce pas des peines complémentaires illicites comme contre quelques condamnés fantômes, mais l’administration rétablit contre on ne sait qui cette vieille censure préalable, restaurée encore et toujours au nom de la loi qui l’a abolie.

Lire l’article entier sur polemia.com

Notes

[1] Décision d’appel de référé-liberté (n°374552) du président de la section du contentieux du Conseil d’État, 11 janvier 2014, signée Bernard Stirn.

[2] Réitération, car la récidive, avec son cortège d’aggravations, n’existe pas en matière de droit de la presse.

Dominique Venner, sur E&R

La question des manifs du 14 mai 2023

 






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15 Commentaires

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  • "Maître Éric Delcroix." superbe signature. La répression qui s’abat sur les sociaux- nationalistes, va peut être pousser certains, qui s’étaient mis à l’écart dans différents commités de réflexion, à revenir dans le combat de la politique de terrain. Peut être pas eux directement, mais leurs émules.

     

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  • Dans ce contexte tyrannique, Rivarol a décidé d’annuler son banquet qui devait avoir lieu en juin...

     

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  • #3182612
    Le 24 mai 2023 à 20:26 par perversion de la dissidence
    De Dieudonné à Dominique Venner, la liberté d’expression face à un scandale (...)

    La thèse d’Eric Delcroix est que les dérives totalitaires proviendraient de l’instauration de procès en bonnes moeurs et déplore que "Tout dissident est traité comme un pédopornographe, quelqu’un dont personne ne plaindra le sort…"

    Cette vision réductrice plutôt démocrate (retour de l’Amérique puritaine) élude le contexte géopolitique de mise en place du Grand Reset.

    Tout aussi problématique, elle semble gommer le fait que la lutte contre la pédopornographie vise à réprimer le trafic des êtres humains, et banaliser la pédophilie-orientation-sexuelle-comme-les-autres.

     

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  • Charles X a perdu son trône sur l’autel de la liberté de la presse en 1830.

    Le petit marquis ferait bien de s’en souvenir avec sa censure à tout va.

     

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    • Mieux que les casseroles, aux deux coups de gong, chacun rentrera chez soi quand le décidera la KommOdantur, puis plus des trois-quarts iront se faire inoculer et tant que l’on remplira leur frigo d’aides en tout genre et en kroums salutaires, il ne se passera rien, sauf quelques dissidences éparses (entre deux casserolades et trois balconades à 20h).
      Aussi, plutôt qu’il ne se passe rien par défaut, j’ai choisi de ne rien faire : tout étant déclaratif, si tant est que l’on s’autonomise jusqu’à l’indépendance maximum qu’il soit possible d’atteindre.
      Le système veut un papelard ? Tiens...
      Un permis ? Tiens...
      Un code-barre ? Tiens...
      Un QR-code ? Tiens...
      Une attestation ? Tiens...
      Une déclaration ? Tiens...
      Que l’on roule à 130 ? Tiens, 137 aux abords des radars fixes signalés...
      Il n’y a que sur l’essence et ses taxes : pour minimiser, toujours faire le plein à mi-réservoir au moins cher, sur n’importe quel type de trajet que l’on s’« impose » : marguerite, trèfle ou vadrouille en escargot.
      Pour la bouffe, s’il se trouve des producteurs locaux et que tu sympathises ou troques avec eux, cela peut le faire aussi : toujours sur la « tournée » (Cf. ci-dessus)
      Acheter un kit nomade solaire si l’on est dans un coin ensoleillé : charger sur panneaux, à défaut de quantité de lumière, charger en heure creuses ; restituer en heure pleines. Les filous chargeront sur les parties communes, mais cela, c’est moins sympa pour le collectif, sauf si l’on a quantité d’inoculés dans sa copro. qui seraient prêts à te dénoncer à Adolfo Ramirez pour n’avoir pas d’Arn messager dans ton corps sain.
      Faire ouvrir des LEP à tous les potes qui gagnent moins de 1700 balles par mois et fader les intérêts. Cela fait toujours des heureux de prendre 230 balles aux alentours de Noël ; surtout sans mise initiale.
      À ceux qui ont de l’oseille : tiens, voilà 4.000/4.500, va m’acheter une Oyster Perpetual (que tu m’offres pour mon anniversaire, à Noël, ma fête, etc.)
      Ainsi faut-il donner au système tout ce qu’il souhaite (même l’heure) sans que cela n’ait de réalité pour le gaillard lambda, ou que cela soit contr’un...
      Désobéissance civile mais... mais ? Mais avec un masque ! Ah tu voulais que nous le portions ? Tu ne croyais pas si bien faire : tu as le bonjour du Janus moderne, papa ! Tu crois que c’est le début, hop, c’est déjà la fin...

       
  • Nous sommes une dictature et un peuple résigné sans aucun doute !

     

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  • De mieux en mieux (ou de pire en pire...) : la liberté en Frankistan c’était « avant » l’expression ; mais « après » ça dépendait de ce que vous aviez dit ou écrit. Maintenant ça dépend d’une décision totalement arbitraire du pouvoir, si vous avez seulement l’intention de peut-être dire quelque chose qui pourrait éventuellement lui déplaire ! Même dans le fameux roman 1984 on n’avait pas imaginé aller aussi loin dans le contrôle des esprits.

     

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  • ’’scandale judiciaire et politique’’
    Ce ne serait rien, mais le mal est infiniment plus profond que cela puisqu’il s’agit, sur le fond, de la remise en question pure et simple du Peuple et de la Nation et de haute trahison. Le plus fascinant, c’est l’ampleur et l’influence du déni de réalité qui oblitère visiblement l’accès à la vérité. Nul n’est encore parvenu à désigner publiquement les monstres qui sévissent dans ce triste endroit du monde, qui sont tout simplement des putschistes terroristes sous prétexte sanitaire, des assassins, des criminels, des traîtres au Peuple et à la Nation, des escrocs, des imposteurs,des psychopathes ; dont la place est en prison ou à l’asile psychiatrique (on sait le sort réservé aux traîtres...). La vérité nous rendra libres. Bonjour chez vous.

     

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  • Ne pas oublier qu’une censure préalable, au fond pas hypocrite, est infiniment préférable à une censure a posteriori ! C’est le régime de la censure en temps de guerre parfaitement justifiée par les circonstances. . On va porter ses projets d’articles au ministère et on obtient ou non le visa de la censure.

    Au moins les autorités assument la censure et l’auteur sait ce qu’il faut dire ou ne pas dire. On ne se trouve pas poursuivi par des communautés hystériques qui vous font les poches avec l’appui de magistrats dévoyés.

    Aujourd’hui, les pouvoirs publics peuvent clamer "il n’y a pas de censure en France" parce que la censure vient après !

    Il faut, au nom des "droits de l’homme" au besoin, réclamer une censure, une vraie. Elle est protectrice.

     

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  • Le paradoxe bat beaucoup de fausse monnaie. Ainsi, le ’’socialisme’’ (comme maladie mentale) tue toute forme de vie sociale, pendant que le ’’libéralisme’’(comme névrose de prédation) tue toute forme de liberté...Alliés l’un à l’autre ils forment le socio-libéralisme qui accumule leurs inconvénients respectifs insurmontables, et qui ne peut assumer/réaliser sa véritable nature monstrueuse que par la tyrannie de tout tout le temps tout le monde. Il ne se passe rien d’autre...bon dimanche.

     

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  • Je ne suis pas contre la dictature parce qu’elle ne partagerait pas mes idées.

     

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