Il ressemble un peu à Helmut Kohl, le chancelier allemand qui a roulé Mitterrand dans la farine avec son Europe pour tous dans les années 80, alors qu’il s’agissait d’une Europe pour l’Allemagne, et elle seule.
Le grand public ne le connaît pas, tant il est transparent. Mais pour le landerneau politique, c’est un cador : Jean-Louis Bourlanges est un pur produit du Système. Sciences Po, ENA, Cour des comptes, UDF, MoDem, Mouvement européen-France (un think-tank qui désire construire l’Europe tout en détruisant ses nations, sous le regard bienveillant de l’Oncle Sam), député européen (déjà sur la liste de Simone Veil en 1989), sans oublier éditorialiste chez Philippe Meyer de France-Cul, bref, un européiste de centre-droit convaincu, le ventre mou de la France soumise au mauvais socialisme version UE. Il coche toutes les cases d’une démocratie française fatiguée, fatigante, et mourante.
Il préside, en bon père de famille apparatchik, depuis deux ans la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale. Il y a 7 mois, il tient un discours très gaullien sur Israël, même si sa lecture « laïque » des Premiers ministres de l’État hébreu d’avant Netanyahou fera sourire Guyénot et Hindi.
Excellent Jean Louis Bourlanges Intelligence intégrité vision globalepic.twitter.com/WqTkcnJYl8
— Pascal Boniface (@PascalBoniface) October 23, 2023
Cinq mois plus tard, le même Bourlanges décide qu’il faut pomper plus d’argent aux Français pour vaincre la Russie :
Soutien à l'Ukraine : "Dans une guerre, il faut dépenser ce qui doit être dépensé pour la gagner. Le seul juge des comptes en matière de guerre, c'est la victoire (...) Pour moi, c'est comme le Covid. On ne peut pas jouer la demi mesure", déclare Jean-Louis Bourlanges. pic.twitter.com/W4e3ozZcni
— franceinfo (@franceinfo) March 23, 2024
« Au nom de quoi peut-on refuser aux Ukrainiens le droit de répondre coup pour coup aux attaques dont ils sont les victimes ? »
Sept mois après sa sortie équilibrée sur le confllt IP, il appelle désormais à une guerre presque totale contre la Russie. Voici ce communiqué belliciste :
Le président de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale demande que la France change de doctrine, comme Washington et Londres, et n’interdise plus à Kiev de frapper la Russie elle-même. (Le Figaro)
Résumons : la Russie frappe l’Ukraine, l’Ukraine a donc le droit de frapper la Russie, soit la nouvelle ligne anglo-américaine. Bourlanges oublie juste les élections de 2014, les deux régions (oblast) qui désirent le rattachement à la Russie, et la persécution par le régime de Kiev des populations russophones du sud de l’Ukraine.
« Face au redoublement d’agressivité de la Russie, seul le rééquilibrage des forces et la symétrie retrouvée des postures stratégiques peuvent être de nature à convaincre M. Poutine de mettre fin à sa funeste entreprise. »
Le « rééquilibrage des forces », dans la bouche de cet apparatchik européiste pro-américain (autrement dit otaniste), c’est bien sûr la livraison à l’Ukraine de missiles à longue portée pour frapper les villes russes, et, éventuellement, l’envoi de troupes européennes au sol en Ukraine.
On sait que son think-tank milite pour une Europe de la défense avec plus de moyens et une sorte d’autonomie de gestion – sous-entendu avec l’OTAN c’est le Pentagone qui décide –, mais si c’est pour avoir les mêmes ennemis que l’Amérique, en plus sur le sol européen, à quoi bon ?
Les deux extraits vidéo ci-dessus donnent une image double et trouble de Bourlanges, qui brouille son positionnement diplomatique : d’un côté, il veut que l’Europe s’engage à fond contre la Russie en Ukraine, et de l’autre, il s’oppose courageusement à la politique destructrice de Netanyahou à Gaza. On dirait du Macron tout craché, le dirigeant occidental qui change d’avis comme de chemise, au gré des vents dominants, c’est-à-dire des gifles des dirigeants du Grand Jeu... S’il y en a un qui ne change pas d’avis, c’est bien notre likoudiste national.
Habib en furie contre la France qui soutient la décision de la CPI
Le député extrémiste Meyer Habib accuse la France de trahison et pense que la France a apporté son soutien à la CPI pour "gratter quelques voix à l'extrême gauche avant les européennes"...
Ben si la France te trahit Meyer Habib, rends ton mandat et présente toi en Israël ! pic.twitter.com/byDVjBQejz
— Elodie Dievart (@Elodie_Dievart) May 21, 2024