Le féminisme ambiant ne pouvait laisser passer les fêtes de fin d’année sans apporter la petite touche de ridicule dont il a le secret.
Dans le cadre de la décentralisation de l’hystérie subventionnée, c’est à Bordeaux qu’une auto-bombardée artiste s’en fut offrir aux yeux émerveillés de la population bobo une œuvre intitulée La Sapine. Des branches de sapin posées à même le sol en une symétrie harmonieuse recevait en son centre une décoration censée représenter le sexe féminin. Une démarche d’une audace terriblement tendance pour lutter contre le traditionnel « sapin érectile généralement enguirlandé ». Car, comme tout un chacun l’a remarqué, le sapin de Noël se dresse dès l’arrivée des invitées pour peu qu’elles portent une robe largement décolletée. Ça ne pouvait plus durer.
Féminisme, justement nommé délirant, qui voit donc dans un banal sapin de Noël un symbole du sexe masculin, un presque godemichet… Lunettes déformantes non fournies par l’association « culturelle » demandeuse de l’opération, l’OARA (Office artistique Nouvelle-Aquitaine), qui partage avec le FRAC (Fonds régional d’art contemporain) et l’ALCA (Agence livre, cinéma et audiovisuel en Nouvelle-Aquitaine ) un bâtiment futuriste de 14 000 m2 de 60 millions d’euros financé par la région Nouvelle-Aquitaine (à hauteur de 56 millions). Un torrent d’argent public dont l’objectif serait, selon les guillemets qui entourent la profession de foi, « d’agir dans le domaine du spectacle vivant ».
Objectif, hélas, non atteint avec cette représentation d’un sexe féminin inanimé duquel aucune vie ne surgit. Pas même un acteur bien vivant pour mimer l’arrivée au monde du Messie de la subvention. Pas le moindre comédien emmailloté de billets de 500 euros représentant le Petit Jésus de la politique culturelle. Rien du tout. Seules quelques boules de Noël honteusement masculines accrochées ici et là tremblent légèrement lorsqu’un visiteur ouvre la porte. Face à l’œuvre sans vie, la déception du contribuable bordelais est grande. Peut-être l’artiste pourra-t-elle donner la pleine mesure de son talent à Pâques. Elle-même figurant une cloche sur le toit d’une église ? Ding dingue dong… Des œufs carrés ? Des friandises cachées dans le sexe féminin de Noël réutilisé pour la circonstance ? Dans les bureaux de l’association, les cerveaux sont en effervescence. Et si le battant des cloches n’était qu’un horrible symbole phallique imposé par un machisme ancestral ? Face à la complexité du problème, un supplément de budget s’impose. Tant de pylônes et autres poteaux réputés érectiles à aplanir. Aura-t-on les moyens de construire une tondeuse à gazon gigantesque pour venir à bout de ces symboles de la surpuissance masculine ?
Les commentaires furibards des internautes au bas des articles relatant la pitoyable « sapine » démontrent, une fois de plus, le décalage entre les diverses postures intellos et la réalité populaire. La planète bobo s’éloigne chaque jour un peu plus du réel. À des milliers d’années-lumière de la Terre, brillera-t-elle encore suffisamment pour figurer au sommet du sapin de l’année prochaine ? Rien n’est moins sûr.