Alain Finkielkraut nous livre son nouvel opus, au titre emprunté à Péguy et à l’ambition sans mesure : il s’agit en effet de dire La seule exactitude (Stock, 2015). Il y exprime avec talent certaines angoisses contemporaines : la déprise de l’identité, la difficulté à faire société, la montée de l’antisémitisme, l’inquiétude face à des comportements hostiles aux valeurs de la République.
Et il inquiète parce que l’on se dit qu’il ne peut pas avoir totalement tort et qu’il dit peut-être la vérité des choses, même si elle dérange : la désintégration de la société française, l’école qui fout le camp, les enfants d’immigrés qui sont quand même beaucoup moins obéissants qu’avant. Avant quand ils étaient blancs et européens.
Alain Finkielkraut a une belle plume, le sens de la formule qui claque, la capacité à peindre en peu de mots le tableau d’une réalité complexe. La capacité aussi à faire vivre la nostalgie d’une réalité qui n’est plus. Et qui d’ailleurs n’a peut-être jamais été. Mais, il a aussi un problème : c’est un littéraire égaré qui parle d’une société française qu’il ne semble connaître que par le journal de 20 Heures, il vénère l’histoire de la République mais n’en retient que ce qui l’arrange. Quant à sa géographie du territoire, elle semble se limiter à une image caricaturale des banlieues populaires. Le livre parle d’exactitude ? Il fourmille d’inexactitudes.
L’exagération est une inexactitude : ce n’est pas parce que certaines personnes d’origine maghrébine et de culture musulmane – il dit « les Musulmans » - sont délinquants et antisémites que tous le sont. Ce qui ne veut pas dire non plus que ceux dont on parle ne le sont pas. Il n’a même pas le mérite de la cohérence car c’est le même qui écrit : « Du racisme flagrant d’une poignée d’adversaires du mariage pour tous, on a conclu que la Manif pour tous était raciste. » Il dénonce ce qu’il pratique.
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