« Rien ni personne n’empêche de parler des juifs. Mais désigner une poignée de juifs à la vindicte en leur attribuant toutes sortes de crimes imaginaires ou en les accusant de contrôler les médias, l’économie ou la politique, cela, oui, c’est de l’antisémitisme. » (MR2)
De temps en temps, nous jetons un œil sur le journal des Marchés et des Lobbies pour savoir où en est la ligne oligarchique officielle, celle du Parti unique, qui est à la fois néolibéral, sioniste, LGBT, féministe et antiraciste, même si ces quatre ou cinq piliers se heurtent entre eux, ce qui donne les fameux bugs dans la Matrice.
Le 10 août 2021, Le Monde reçoit Rudy Reichstadt, qui ne pèse absolument rien d’un point de vue politique, qui est à la tête d’une obscure officine drainant une audience insignifiante, mais qui est invité partout. En face de cette incongruité politico-médiatique, le penseur politique français le plus prolixe, Alain Soral, est invité nulle part pour faire part de ses analyses pointues, qui pourtant touchent un monde fou et qui font littéralement le débat. Comprenne qui pourra.
L’article démarre sur le traumatisme déclenché par une pancarte en carton, celle de la fameuse Cassandre, la Jeanne d’Arc du moment (qui se repose après le tsunami de haine oligarchique déclenché à travers les médias mainstream subventionnés par l’État et le Capital). MR2 – monsieur Rudy Reichstadt – est présenté comme « fondateur et directeur de l’observatoire du complotisme Conspiracy Watch ». Dans ce cas, nous sommes l’observatoire du complotisme sioniste. La première question ne laisse aucun doute sur la complaisance du titre. Il n’est pas question de douter du crime des crimes sur carton.
Le Monde : Est-il possible d’avoir des doutes sur le caractère antisémite de cette pancarte ?
MR2 : Non, clairement. D’autant qu’il s’agit d’une pancarte parmi bien d’autres du même type, dont une promettant aux juifs un voyage en train « grâce à la révolte des Gentils ». Cette interrogation, « qui ? », fait partie des éléments de langage qui tournent sur le Web antisémite depuis quelques semaines.
L’antisémitisme ici est transparent. Il suffit d’avoir une légère familiarité avec ce type de discours pour s’apercevoir qu’il s’agit de désigner les juifs en esquivant, bien maladroitement, le reproche en antisémitisme. Il y a une quinzaine d’années, l’écrivain antillais Raphaël Confiant, dans un texte venant prendre la défense de Dieudonné, se proposait déjà de parler des juifs comme des « innommables ». Avec cette idée qu’on n’aurait soi-disant pas le droit de nommer les juifs sans être immédiatement accusé d’antisémitisme.
En réalité, ce tabou n’existe que dans la vision du monde paranoïaque des antisémites. Rien ni personne n’empêche de parler des juifs. Mais désigner une poignée de juifs à la vindicte en leur attribuant toutes sortes de crimes imaginaires ou en les accusant de contrôler les médias, l’économie ou la politique, cela, oui, c’est de l’antisémitisme. Et le plus banal qui soit.
Le qualificatif infamant d’antisémite est dans cette interview utilisé un nombre incalculable de fois, et MR2 en arrive à une conclusion glaçante : « il n’y a pas beaucoup plus antisémite que cette pancarte ». Heureusement, à part Cassandre, il peut y avoir de pauvres Français qui se sont fait piéger par un texte « esquivant le reproche en antisémitisme », pour reprendre les termes de MR2, un reproche qui n’a rien d’illégal puisque l’antisémitisme n’est pas pénalisé en tant que tel dans les textes. MR2 vole alors au secours de ceux qui ne doivent pas se faire contaminer, par ignorance ou légèreté mentale :
Peut-on imaginer que dans la foule des antirestrictions, certains n’aient pas conscience d’être en présence de marqueurs antisémites ?
Oui, bien sûr. On ne peut pas se départir à cet égard d’une forme de charité interprétative. Il faut admettre que, pour une partie du public et sans doute aussi pour une partie des manifestants, les références et allusions que contient cette pancarte ne vont pas de soi. C’est pourquoi il est important d’en parler et de ne pas traiter cette affaire comme un faux problème, une bulle créée artificiellement par les médias.
L’antisémitisme est un univers de symboles et de signifiants en perpétuelle évolution. C’est aussi une sociabilité. Cette pancarte joue sur une forme de connivence en s’adressant à ceux qui sont à même d’en saisir le sens crypté. À tous les autres, elle fournit, comme dans un jeu de Cluedo, un certain nombre d’indices, leur laissant le soin de relier les points par eux-mêmes.
Si l’on comprend bien, les termes juif, juifs (BHL interdit aux Français de dire « les juifs ») étant minés, les antisémites passeraient par des euphémismes comme sionistes, Israéliens, colonisateurs, l’occupant, voire nazis, puisque l’amalgame a été fait entre les injecteurs de poison prétendument anti-covid et le Dr Mengele, de sinistre mémoire.
La course aux euphémismes et au dévoilement des euphémismes antisémites par amalgame est lancée, et il n’est pas certain que MR2 en sorte gagnant, puisque n’importe quel mot peut dire n’importe quoi, si les méchants sont d’accord entre eux pour l’utiliser. On en arrive à une sorte de jeu codé idiot, mais d’une idiotie qui découle des interdits édictés par cette même dominance sioniste. Naturellement, la réflexion débouche sur un point crucial : la Shoah et son exploitation, qui visiblement ne peut l’être par tout le monde.
Certains arguent qu’il ne s’agit pas de minimiser la gravité de la Shoah, mais d’avertir que celle-ci a commencé par des signes distinctifs – ignorant que l’instauration de l’étoile jaune date de 1941. N’y a-t-il pas un problème de méconnaissance de l’histoire ?
La date à laquelle le port de l’étoile jaune fut imposé est, je crois, secondaire ici. Dans cette manie consistant à essayer de capter la mémoire du génocide des juifs ou celle de l’apartheid, il y a un cynisme dénué de tout scrupule. Quant à ceux qui reprennent à leur compte ce genre d’analogies historiques par pure ignorance, on ne saurait trop leur conseiller d’ouvrir des livres.
Mais ce n’est pas seulement l’ignorance historique qui se donne à voir ici. C’est aussi un analphabétisme politique tout aussi inquiétant à un moment où de vrais régimes autoritaires, aux portes mêmes de l’Europe, éliminent purement et simplement leurs opposants. La méconnaissance crasse de ce que fut le totalitarisme est le soubassement d’un recul de la culture démocratique, laquelle commence par savoir distinguer démocratie et dictature. Comment ne pas voir que la liberté de crier impunément toutes les semaines à la « dictature sanitaire » n’est justement possible que parce que nous ne vivons pas sous un régime dictatorial ?
On pourra reparler longtemps de la « manie consistant à essayer de capter la mémoire du génocide des juifs », qui est quand même, reconnaissons-le, le fait principal du lobby sioniste ou de la communauté juive organisée. Si les non-juifs n’ont pas le droit de s’en emparer, c’est bien que cela confère un certain pouvoir, car tout le monde a le droit d’être antiraciste, alors pourquoi pas rendre la souffrance de la Shoah universelle ? Pourquoi ne pas la démocratiser ?
Quant à la dernière phrase du MR2, cette magnifique inversion accusatoire, elle n’est possible que parce que MR2 est du côté du manche, de la dominance : « Comment ne pas voir que la liberté de crier impunément toutes les semaines à la “dictature sanitaire” n’est justement possible que parce que nous ne vivons pas sous un régime dictatorial ? »
Alors que les Français antivax ou antipass sont assimilés du matin au soir dans les médias pro-sionistes à des fascistes ou à des nazis, que la vie sans vaccin ou sans pass est de plus en plus difficile pour des millions de Français et leurs enfants, voici que le MR2 nous fait croire que ces Français vivent en « démocratie ». Non, ceux qui vivent aujourd’hui en démocratie, et qui jouissent de toutes les libertés et avantages de ce régime idéal, ce sont les dominants, pas les dominés. Et c’est pire pour les dominés qui refusent le vaccin ou le pass. La démocratie, c’est pour ceux qui sont du côté du manche, pas de la matraque : les Gilets jaunes ont goûté à la démocratie reichstadtienne, et s’en souviennent. Une démocratie qui arrache des mains et des yeux...
Alors que la véritable démocratie est attaquée chaque jour, que les libertés s’amenuisent, le grand problème du MR2, c’est l’antisémitisme, qu’il considère pourtant comme « marginal ». Cependant :
« même si l’antisémitisme reste marginal, il bénéficie de marges de progression réelles. Il n’a pas de débouché électoral aujourd’hui en France, mais il tue et pourrait encore tuer. »
Pour l’instant, ce sont surtout les vaccins de Bancel & Bourla qui tuent.
Le problème, ce n’est donc pas l’antisémitisme (apparemment irréductible chez une poignée de Gaulois) mais bien sa « marge de progression ». C’est-à-dire que les idées nauséabondes sortent de leur cadre minoritaire pour toucher une population plus large. C’est pourtant ce qui arrive en cas de crise, quand la répression oligarchique augmente, quand la souffrance du peuple augmente et qu’il cherche non pas des boucs émissaires, mais des responsables (facile de transformer automatiquement les responsables – comme Buzyn – en boucs émissaires, encore une inversion des responsabilités !).
C’est tout l’objet du carton et des noms qui figurent dessus. MR2 n’y voit aucun rapport, aucune responsabilité, évidemment. C’est la limite communautaire de sa réflexion :
Les allusions contenues sur cette pancarte n’ont rien de nouveau. On en a vu d’autres du même acabit ces derniers jours et l’antisémitisme est présent dans le mouvement covidosceptique depuis le premier trimestre de l’année 2020, avec des accusations visant George Soros, Jacques Attali, les Rothschild ou Agnès Buzyn.
Tout cela est en place depuis un an et demi maintenant et fait suite au mouvement des « gilets jaunes », où l’on observait là aussi, déjà, des propos, des slogans ou des pancartes qui témoignaient de sa très nette perméabilité aux théories du complot et de son incapacité à condamner clairement l’antisémitisme.
Changement gênant du statut de souffrant et de résistant, de salaud et de victime
Pourtant, quand on prend les noms de la pancarte un par un, ils sont tous liés directement ou indirectement à la crise actuelle, faisant de ces intervenants privés ou publics les responsables de la politique de répression qui s’abat sur les antivax, les anti-pass et les Gilets jaunes. Qui sont les révoltés de la France occupée, les résistants d’aujourd’hui, tout simplement.
Alors il faudra être très fort, beaucoup plus fort que le MR2 pour nous prouver le contraire, que les victimes sont les membres de l’oligarchie et que les salopards de collabos sont les Français qui souffrent. On en reparlera quand ceux qui s’accaparent la Souffrance auront des mains et des yeux arrachés. C’est le vrai test ! Mais personne ne le souhaite, car nous sommes chrétiens.
Cette inversion des souffrances va être de plus en plus dure à vendre au peuple.