Alors qu’Alain Soral dénonce l’école du désapprendre et que ses éditions publient J’apprends mieux à la maison, voici un plaidoyer insolite pour plus d’indulgence à l’égard des professeurs.
Certes, E&R les condamne souvent : ils accomplissent au quotidien un considérable travail de propagande, œuvrant sans le savoir au service du Nouvel Ordre mondial par une promotion sans relâche de toutes les valeurs libérales-libertaires et droit-de-l’hommistes ; certes ils irritent à raison le petit peuple qu’ils méprisent, du haut de leur bien-pensance crasse, jamais à court de propos condescendants à l’égard des valeurs traditionnelles.
Je vous l’accorde, ils sont horripilants.
Mais ils agissent souvent en toute bonne foi, et donnent beaucoup de leur personne pour servir une cause qu’ils croient noble.
Comme beaucoup de travailleurs, ils n’ont que peu de distance critique vis-à-vis de leur profession, mais ils font quand même partie, aux côtés des infirmiers et des policiers, de ces fonctionnaires en souffrance qui ne comptent plus leurs heures supplémentaires non rémunérées, et qui affrontent au quotidien les plaies de notre société malade.
Ils ont la prétention de faire partie de l’élite intellectuelle, mais si leur tête est dans la stratosphère, leurs mains, elles, sont dans la merde !
Le manque de moyens existe aussi dans les écoles. En témoigne le suicide, la semaine dernière, de Christine Renon, directrice de maternelle à Pantin, en Seine-Saint-Denis. Elle a choisi de se donner la mort sur son lieu de travail, après avoir pris soin de transmettre à ses collègues une lettre où elle dénonce les terribles conditions de travail infligées aux hussards noirs du XXIe siècle.
Elle était animée d’un profond attachement à sa mission, mais avait atteint un épuisement total.
Voici ses propres paroles :
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Documents/docsjoints/renon.pdf
Une fois encore, les syndicats enseignants, tous autant qu’ils sont, tentent de récupérer ce funeste événement à leur compte et battent le pavé. Chacun y va de sa petite larme de crocodile et hurle à la responsabilité du ministère, omettant soigneusement de rappeler leur passivité complice, à peine camouflée par l’organisation régulière de grèves stériles ; de FO à SNUIPP en passant par SNUDI, aucun n’a jamais rien accompli pour la cause enseignante – on ne mord pas la main qui nous nourrit.