Après une lutte serrée, le chef du Parti libéral du Canada rempile pour un troisième mandat. Mais il perd son pari, lui qui avait lancé la campagne le mois dernier pour tenter de ravir une majorité.
Pourquoi avoir déclenché des élections en pleine quatrième vague ? La question aura été posée sans cesse à Justin Trudeau durant les 36 jours de la campagne. Et à son issue, le statu quo à la Chambre des communes la rend encore pertinente : les résultats de l’élection s’approchent d’un copier-coller du dernier scrutin.
Les libéraux arrivent en tête, devant les conservateurs, le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique. Mais faute de majorité absolue, ils devront à nouveau compter sur des alliances ponctuelles pour mener à bien leurs réformes lors du prochain mandat.
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Percée du parti populaire du Canada, favori des anti-vaccins
« Pour justifier le déclenchement d’une élection, il faut que le portrait de la chambre change. Justin Trudeau va en ressortir certainement affaibli », résume Pierre Duchesne, professeur de science politique à l’Université du Québec à Montréal.
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Le chef libéral a aussi pu bénéficier d’une adversité plus morcelée qu’en 2019. Le Parti populaire du Canada (PPC), à droite toute, a contrarié les plans conservateurs. Son chef faisait campagne sur « la tyrannie » du vaccin et le message a porté fruit car en deux ans, son parti a presque triplé ses scores (1,6 % des votes en 2019). Pour Pierre Duchesne, en politisant aussi les questions sanitaires, Justin Trudeau – qui avait qualifié de « meute » les anti-vaccins – a contribué à son essor et soufflé sur des braises dangereuses. « Le PPC a des accents de la droite populiste américaine, qui n’avait pas vraiment d’ancrage ici. Il représente un modèle inquiétant ».