Le Premier ministre canadien Justin Trudeau est foutu. Un scandale qui mijote depuis longtemps le rattrape.
Entre 2001 et 2011, la société canadienne de construction et d’ingénierie, SNC-Lavalin, a distribué des dessous de table de dizaines de millions de dollars à la Libye pour obtenir des contrats dans ce pays. En 2015, le Service des poursuites pénales du Canada a inculpé la société. Celle-ci a tenté d’éviter un procès et a plaidé pour un règlement négocié, car elle avait nettoyé la boutique en changeant de directeur général.
En 2016, SNC-Lavalin a admis que certains anciens dirigeants avaient illégalement organisé des dons de plus de 80 000 dollars canadiens au parti libéral de Trudeau de 2004 à 2011.
La société a généré des revenus d’environ 10 milliards de dollars canadiens en 2018. Environ 9 000 de ses 52 000 employés travaillent au Canada. Le siège social et 3 400 personnes sont situés dans la province de Québec, où les libéraux doivent recueillir des voix lors des élections fédérales d’octobre pour conserver leur majorité.
La ministre de la Justice et procureure générale, Jody Wilson-Raybould, devait décider si l’affaire ferait l’objet d’un procès conformément à la loi ou si elle pouvait être réglée à l’amiable. SNC-Lavalin serait banni de tous les contrats publics au Canada pendant dix ans. Cela coûterait des emplois et des votes.
La société a fait pression sur le gouvernement libéral, qui a mis en place un régime d’accord d’assainissement en 2018, dans le cadre d’un projet de loi budgétaire massif.
Au cours de l’automne 2018, Trudeau et ses alliés ont tenté de faire pression sur la procureure général, une aborigène canadienne, pour annuler la décision du directeur des poursuites pénales d’appliquer la nouvelle loi et de mettre ainsi fin aux poursuites pénales contre SNC. Elle a refusé de céder à ces pressions. En janvier, Trudeau la congédia du poste de ministre de la Justice et procureur général et lui confia un poste mineur en tant que ministre des anciens combattants. En vertu du secret professionnel de l’avocat et des confidences du cabinet, Wilson-Raybould ne pouvait pas se prononcer sur la question.
Le 7 février, le scandale a été divulgué par des sources anonymes. Cinq jours plus tard, Wilson-Raybould a démissionné de son poste de ministre des anciens combattants. Elle a engagé un juge à la retraite de la Cour suprême en tant qu’avocat pour la conseiller sur ce qu’elle pouvait dire. Le 18 février, Gerald Butts, l’ami et secrétaire principal de Trudeau, a été choisi pour faire le lampiste. Il a démissionné alors même qu’il avait nié avoir tenté d’influencer le procureur général. Sous la pression, le Comité de la justice de la Chambre des communes a invité Wilson-Raybould à témoigner. Trudeau a dû renoncer à certains privilèges pour lui permettre enfin de parler de son mandat comme procureur général.