À l’occasion d’un festival d’art contemporain, une artiste française a érigé, mercredi 6 décembre, à Douala, une œuvre demandant pardon au peuple camerounais pour les crimes de la colonisation française. Elle a rapidement fait polémique et a été détruite le lendemain par des activistes militant pour des monuments célébrant les héros camerounais.
Sur un carrefour animé de Douala, la plasticienne Sylvie Blocher inaugurait, mercredi 6 décembre, sa création dans le cadre du festival d’art contemporain « Salon urbain », qui se déroule cette semaine dans la capitale économique du Cameroun. L’œuvre de près de trois mètres de haut est un autoportrait de l’artiste brandissant une pancarte où il est inscrit en lettres manuscrites : « Bien que je n’en aie pas le droit, je vous présente mes excuses ». L’installation éphémère avait reçu le feu vert des autorités locales et devait être retirée vendredi.
- Sylvie Blocher artiste peintre d’origine française et le chef bonakouamouang
Mais trois activistes en ont décidé autrement. Jeudi, ils ont reversé la « statue » sous les applaudissements de badauds et devant les caméras de la chaîne Équinoxe TV, qui a publié les images sur les réseaux sociaux dans la foulée. Parmi eux : André Blaise Essama, un militant panafricain connu pour ses actions contre les monuments coloniaux. Mardi 5 décembre, il avait déjà été arrêté pour s’être opposé à l’inauguration de la statue.
Cela ne l’a pas pour autant dissuadé.
« J’ai détruit cette performance artistique avec le soutien des chefs traditionnels et des populations de Douala qui n’en veulent pas. C’était une manipulation, une escroquerie. C’était une œuvre d’auto-glorification », a-t-il déclaré, jeudi, à un journaliste de l’Agence France Presse. « Madame Blocher aurait fait quelque chose de plus utile en concevant une œuvre en l’honneur de Ruben Um Nyobé », figure de proue de la lutte pour l’indépendance, a-t-il encore ajouté.
Une « colonisation » de l’espace public
Sur les réseaux, de nombreux internautes ont salué son action. « La décolonisation mentale de l’Afrique est définitivement engagée », « elle aurait plutôt dû s’excuser de coloniser l’espace public », peut-on lire au travers de publications sur Facebook.