Chaque fois que je vois un bébé qui pleure sur mon écran, je sais que quelqu’un est en train d’essayer de m’embrouiller. Et cela vaut pour tout ce qui en appelle à mes instincts basiquement humains, qu’il s’agisse d’un corps féminin dénudé ou d’un bébé mort.
Au lieu de me convaincre, ce truc simpliste provoque chez moi un rejet immédiat. Je sais que telle voluptueuse anatomie ne va pas atterrir entre mes mains, même si je m’envoyais toutes les bouteilles de Coca du magasin. La vue d’enfants morts ne me persuadera pas de faire quelque chose qui va contre le bon sens, car il s’agit de manipulation. En politique, je veux un débat socratique, et non pas la persuasion par l’émotion. Si vous n’arrivez pas à me faire craquer par des mots, n’essayez pas de le faire avec des images. Mais ils essayent et c’est trop souvent qu’ils obtiennent des résultats.
Les mots peuvent être hautement inflammatoires, mais les images sont quelque chose d’encore plus redoutable. Pour envoyer à la mort la fleur de la jeunesse anglaise dans les tranchées de Verdun, les images de brutes germaniques faisant griller des enfants embrochés sur leurs baïonnettes ont été activées ; ce sont des images de commissaires juifs violant une blonde aryenne qui ont précipité les gamins allemands sur les bords de la Volga pour y laisser leur vie prématurément. Vous ne pouvez pas justifier les images avec des mots, en disant que c’est le chemin le plus court pour éviter des calamités : ne déclenchez pas de guerre, et les brutes allemandes devront assouvir leur rage en se faisant rôtir des cervelas, et le commissaire juif n’aura qu’à s’abonner à Playboy pour reluquer des anatomies aryennes.
On a maintenant affaire à une campagne sur le thème « Trump l’éventreur de bébés ». Ça vous brise le cœur de voir une photo de petits enfants derrière les barreaux. Mais il y a une méthode simple, enfantine, pour éviter la séparation et l’incarcération : s’abstenir de franchir le Rio Grande sans visa.
Ceux qui nous en mettent plein la figure sont malhonnêtes et ne se soucient aucunement des gosses. Madeleine Albright a eu cette pensée célèbre : cela vaut la peine d’en flinguer un demi-million, d’enfants irakiens ; et Hillary Clinton a lâché les chiens de l’enfer sur le sol de la Libye et de la Syrie, abattant et dépouillant des centaines de milliers d’enfants.
Tous les présidents US ont embrassé et étreint des autorités israéliennes, qui ont pour coutume de détenir, de torturer et de tuer des gosses palestiniens. Nos amis dans les médias alternatifs – tel Counterpunch – qui se sont approchés de ces messieurs dames en brandissant ces photos d’enfants ont fort peu de cervelle, ou bien sont franchement malhonnêtes. À moins qu’ils s’imaginent que tout est bon pour servir leur cause, qui est de se débarrasser de Trump.
La merveilleuse Diana Johnstone a écrit récemment que la question migratoire divise la gauche allemande. Certes, le soutien à l’immigration est suicidaire, à gauche, mais c’est une question qui divise l’Occident tout entier. D’un côté, ceux qui croient en un monde sans frontières, à la liberté de circulation pour tous. De l’autre, les gens qui veulent préserver le monde dans lequel ils vivent, et qui veillent à garder les murs bien hauts.
Ce qu’il nous faut, c’est un peu de sincérité et d’honnêteté, pour faire face à la manipulation. Si vous pensez que l’immigration de masse va nous ramener à l’âge des ténèbres, dites-le. Si vous considérez qu’il vaudrait mieux effacer les frontières et enclencher une nouvelle Volkswanderung, dites-le, tout simplement, mais ne nous mettez pas de photos de bébés sous le nez.
Au niveau des personnes, les gens qui veulent des frontières ouvertes sont ceux qui ont la certitude que les migrants ne menacent pas leurs postes ; pour eux, un nouvel arrivage de Mexicains signifie un nouveau restaurant mexicain ou un nouveau travailleur saisonnier dans les champs, ou une femme de ménage moins chère que celle qu’ils ont trouvée, et non pas un compétiteur sur le marché du travail et du logement. Les gens qui sont pour la préservation du monde ont conscience d’être vulnérables, qu’il y a un risque réel de voir les nouveaux habitants les mettre au chômage. En d’autres termes, le premier groupe fait allégeance aux classes dirigeantes ou à leurs sycophantes, le deuxième ce sont les classes travailleuses et les gens qui éprouvent de la solidarité et de la compassion envers celles-ci.
Mais pourquoi ne dites-vous pas que le premier groupe éprouve de la compassion pour les réfugiés et les immigrants ? vous récrierez-vous peut-être. Parce qu’ils font ce qui est profitable pour les classes dirigeantes. Ils n’éprouvent aucune sympathie pour les Palestiniens souffrants, et nous tenons là la preuve concluante qu’ils mentent.
Vous vous souvenez de l’image de ce pauvre petit garçon syrien noyé puis échoué sur la plage ? Cette image a fait rentrer un million d’Afghans, d’Irakiens, de gitans et même quelques Syriens en Europe. Certes, c’est terrible, de penser que le père de l’enfant noyé avait mis en danger la vie de sa famille sans raison valable. Il avait vécu quelques années en sécurité dans la Turquie prospère ; mais il préférait partir au Canada ; les Canadiens lui avaient refusé un visa, alors il avait pris la mer et perdu toute sa famille en Méditerranée. C’est affreux, mais pourquoi son drame personnel devrait-il peser sur une décision irréfléchie ? Ne prenez donc pas la mer sur des embarcations qui ne sont pas faites pour ça ! Il vaut mieux vivre en Turquie comme 80 millions de personnes plutôt que périr en mer !
Il y a quelques jours nous avons vu des Palestiniens, des hommes, des femmes et des enfants, abattus par des tireurs d’élite israéliens parce qu’ils voulaient quitter leur camp de concentration de Gaza. Les gens qui adorent l’immigration ont-ils ouvert la bouche pour les soutenir en quoi que ce soit ? Non, parce qu’ils savent que leurs organisateurs juifs n’approuveraient pas. Et les juifs n’ont pas été impressionnés du tout. « Qu’ils crèvent tous », ont-ils écrit sur leurs réseaux sociaux. En règle générale, les juifs se voient souvent chahutés au niveau visuel, mais ils excellent dans le verbe. Cela leur permet de rester parfaitement indifférents devant des images, tout en répandant des photos de gosses pour impressionner les Gentils.
Les Israéliens sont divisés, au sujet des migrants africains : les riches en veulent encore plus, les travailleurs veulent les mettre à la porte. Le gouvernement de Netanyahou est plutôt populiste et déporte les migrants, tandis que les marionnettes de Soros veulent bloquer les déportations. Mais ça n’empêche pas les riches et les trimeurs, les juifs de gauche comme les juifs de droite, de réagir comme un seul homme par ailleurs ; ils ne veulent pas que les Palestiniens natifs rôdent partout à leur guise. Les juifs sont contre les autochtones par définition ; c’est ce qui définit leur attitude envers le trafic humain.
La migration n’est pas si différente du trafic négrier de jadis (le commerce dans lequel les juifs excellaient). Récemment une vidéo en provenance de Libye a été propulsée à destination de l’Europe : les garde-côtes frappent des migrants pour les embarquer de force sur des canots pneumatiques, et les poussent vers le large. Ceux qui restent dans les camps sont vendus aux enchères, les femmes pour le sexe, les hommes pour le travail dur. Cette vidéo est arrivée à un moment très opportun, au moment où la bagarre pour et contre le nouveau trafic négrier faisait le tour du monde, depuis les US jusqu’à l’Italie et l’Allemagne.
La Libye est l’un des principaux marchés aux esclaves. Autrefois c’était un pays relativement prospère, à qui l’on faisait confiance pour bloquer la route aux migrants africains en direction de l’Europe. Les Africains pouvaient trouver du travail dans la Libye de Kadhafi, et ils en trouvaient. Mais en 2011, le pays a été détruit par Obama et Clinton. Depuis lors, c’est devenu un pays pauvre et en ruines, avec une guerre civile qui couve, lentement. La Libye a du pétrole, mais maintenant bien des Libyens ont découvert le filon du trafic d’esclaves. Comme au 17ème siècle, les Noirs africains recommencent à faire la richesse de certains Arabes et Européens.
Les milices libyennes se font des millions et des millions de dollars de cette façon. Ils prennent de l’argent des deux côtés, aux Africains qui se précipitent en Europe au départ de leurs pays ravagés, et aux Européens qui payent les milices pour arrêter les réfugiés.
L’homme qui a été pris dans la vidéo avec un fouet à la main, le chef d’un gang brutal d’esclavagistes, est un ancien rebelle contre le « sanglant dictateur » Mouammar Kadhafi, un ami de la démocratie et des valeurs européennes, qui s’appelle Abd-al-Rahman-al-Milad, un commandant de garde-côtes [1]. Les chaloupes dans lesquelles il expédie les Africains en Europe, il les achète avec de l’argent européen. Bruxelles en paye 200 millions d’euros par an, mais les esclaves rapportent encore plus. Les Européens apprécient Milad : il y a un an, il avait été invité à un cours de remise à niveau à Rome, où il avait passé un mois fructueux dans un hôtel haut de gamme aux frais de l’Union européenne.
Le rival de Milad, Al-Dabbashi, envoie, lui, des bateaux la nuit à partir des plages. Les compétiteurs retirent leurs moteurs aux bateaux des concurrents, et livrent les réfugiés au naufrage au large. Le roulement est impressionnant : un million et demi de noirs ont traversé la Libye sur leur trajet vers l’Europe, des milliers sont morts en route, mais le gisement humain ne tarit pas. D’autres militants libyens, qui avaient libéré leur patrie du sanguinaire Kadhafi, opèrent à l’arrière, et convoient des dizaines de milliers d’Africains à travers le Sahara jusqu’en Libye, pour de nouveaux marchés aux esclaves et pour l’Europe.
Les ONG européennes remorquent les canots pneumatiques chargés de migrants envoyés par Milad, les font monter à leur bord et les débarquent en Europe, en empochant un bénéfice tout à fait correct. Ces « sauveteurs » coopèrent directement avec Milad et avec d’autres esclavagistes, ils reçoivent des instructions précises des « expéditeurs » sur l’endroit où il faut aller chercher les rafiots, et se servent une tranche considérable du gâteau. Ils perçoivent des subventions et des dons des Européens au grand cœur, qui ne comprennent pas qu’ils se font manipuler par des esclavagistes.
Ce négoce a été florissant pendant plusieurs années, sans encombre, jusqu’au jour où les Italiens en ont eu assez de recevoir des centaines de milliers d’immigrants illégaux, et ont choisi les « populistes », une coalition de la Ligue du Nord droitiste et du parti libertaire M5S du Sud de l’Italie, et ils ont mis fin au trafic. Matteo Salvini, le ministre de l’Intérieur, a chassé un bateau avec son chargement noir des ports italiens, et après plusieurs jours de discussions, l’Aquarius a cinglé vers l’Espagne. Si les Italiens restent fermes et s’y mettent sérieusement, ils vont en finir avec l’autre versant du schéma opérationnel dans le trafic, les bateaux des « ONG humanitaires », qui ont rendu l’ensemble du trafic d’esclaves possible.
Le gouvernement espagnol a accepté de recevoir l’Aquarius, et deux bateaux de plus, sous pavillon hollandais, que les Italiens rebelles avaient empêchés de mouiller dans leurs ports. L’administration française de Macron s’est tenue aux côtés de Bruxelles, de l’Allemagne et de l’Espagne, et a promis de recevoir les réfugiés de l’Aquarius. Mais en Allemagne la révolte gronde, et le ministre de l’Intérieur Horst Seehofer a donné l’ordre de mettre fin à l’accueil des migrants illégaux. La chancelière Merkel n’était pas d’accord. Elle peut chasser Seehofer, mais alors c’est sa coalition qui va s’effondrer.
La Hongrie a placé la bataille contre la migration en tête de son agenda. La ligne de partage ne se situe donc pas entre la gauche et la droite, mais entre ceux qui veulent en finir avec l’immigration illégale et ceux qui veulent remplacer la population européenne qui se voit dépouillée et qui coûte cher, par des migrants bon marché, obéissants, sans revendications.
Il y a une corrélation entre l’attitude envers les migrations et envers la Russie. Ceux qui veulent des frontières ouvertes sont anti-russes, ceux qui sont pour les autochtones sont plutôt pro-russes. Cela ne se vérifie pas à 100 %, puisque la Pologne est à la fois anti-russe et anti-migration, mais en règle générale, sur les réseaux sociaux, les Russes soutiennent les forces anti-Soros en Europe, et ces forces tournent leurs regards avec espoir vers Moscou, capitale qui est fermement pro-natifs.
Le gouvernement russe ne tente pas d’interférer avec les décideurs européens (et encore moins américains) dans ce domaine. La Russie n’est pas particulièrement accueillante pour les migrants, et malgré l’engagement russe dans la guerre de Syrie, le pays a accueilli très peu de réfugiés syriens voire pas du tout. L’opposition à Poutine, qu’elle vienne du Parti communiste ou des nationalistes de Mr Zhirinovsky, est fermement anti-migration, tandis que le gouvernement permet aux ouvriers d’Asie centrale de venir chercher du travail. Cependant, depuis que le rouble se déprécie face au dollar, les vagues migratoires se tassent car en Russie comme en Europe et aux US, il s’agit surtout de migration économique.
La solution est à chercher dans le traitement de l’Afrique, de l’Amérique latine et d’autres pourvoyeurs d’immigration. Il devrait y avoir une loi qui stipule une balance positive des paiements, incluant les transactions financières et le remboursement de la dette, entre ces pays et l’Occident prospère. L’argent devrait affluer en Afrique, et non depuis l’Afrique, et cela mettra fin au trafic libyen.
La migration de masse est un vilain phénomène, qui encourage le trafic humain et le commerce des esclaves, faisant exploser les profits de courtiers malfaisants et ruinant tant les pays donateurs que receveurs. Il est bon d’y mettre fin. Et il n’y pas d’image de bébés hurlants qui vaille pour interférer dans les décisions à prendre.