La toutou de l’axe LREM-CRIF, le député girouette Aurore Bergé, était l’invité du Grand Matin de Sud Radio le 15 décembre 2019. C’est à 8’47 que la question Mélenchon, ou la question CRIF, lui est posée...
« Ça fait 48 heures que tous les dirigeants de la France insoumise se relayent pour attaquer le CRIF, c’est-à-dire attaquer une association qui lutte dans notre pays contre l’antisémitisme, donc à un moment, en attaquant le CRIF, on attaque ceux qui luttent contre l’antisémitisme et je trouve que c’est assez insupportable de la part de Mélenchon. »
Mais le CRIF lutte-t-il vraiment contre l’antisémitisme ?
C’est la question qu’on peut légitimement se poser quand on étudie de près le travail de cette minuscule association qui semble avoir un énorme pouvoir. Cette organisation confessionnelle qui n’est même pas majoritaire parmi les juifs français, qu’ils soient croyants ou pas, s’insinue dans la politique française intérieure et extérieure sans aucune raison valable et, surtout, sans aucun mandat. On ne devrait donc pas s’intéresser à leurs dénonciations permanentes contre les prétendus ennemis du judaïsme. La vraie fonction du CRIF est bien de jeter de l’huile sur le feu en criminalisant tout propos (encore) protégé par la liberté d’expression qui s’en prendrait à la légitimité de la politique israélienne ; on ne parle même pas de la légitimité de l’entité israélienne qui se fait appeler État et qui viole tous les traités internationaux depuis des décennies.
Alors, le CRIF, association religieuse pacifique ou groupuscule radical qui agresse tous ceux qui ne sont pas suffisamment sionistes en France ?
Heureusement, il y a des élus (de la République) pour relayer la parole du CRIF, même si ce n’est pas dans l’intérêt des Français, et toujours sous la fallacieuse défense de « la lutte contre l’antisémitisme ». Une lutte qui prend des proportions politiques exagérées, ce que Mélenchon et LFI dénoncent depuis peu de manière très claire. Tous les observateurs de la vie politique savent le poids anormal et dangereux du CRIF dans la vie publique française, il suffit de regarder la liste de ceux qui filent chaque année ventre à terre aux (somptueux) dîners du CRIF pour s’en convaincre.
Pour Aurore Bergé, résister aux injonctions du CRIF est une maladie :
« Il y a un problème avec l’antisémitisme depuis longtemps au Labour (...) et je pense que La France insoumise est atteinte par la même chose. »
Le député des Yvelines rabaisse la République au niveau d’une minuscule association qui n’a aucun droit politique en France, c’est ça, la réalité. Mais c’est un choix, et personne ne conteste qu’elle a le droit de s’y soumettre. Elle accuse donc Mélenchon et son parti d’avoir un « problème avec l’antisémitisme ». Elle, visiblement, n’a pas de problème avec le sionisme et l’ingérence d’une minuscule association dans la vie politique française.
Chez les mélenchonistes, on réfute l’accusation d’antisémitisme (cette accusation-scotch qui colle à la peau et qui vaut condamnation sans procès) et on précise à l’AFP que Mélenchon ne se laissera « pas influencer par des lobbies quels qu’ils soient, financiers ou communautaristes ».
Oh non, « financiers ou communautaristes », l’association malheureuse !
La chaîne israélienne en français de Patrick Drahi a sauté sur la polémique et donné une large place à la parole des prosionistes français sur ses plateaux. D’abord Serge Kalifat, le président du CRIF, dont la parole vaut jugement :
« Je suis pas là pour dire s’il est antisémite ou s’il n’est pas antisémite. Ce que je sais c’est qu’il tient des propos qui sont à la limite de l’antisémitisme. »
Donc maintenant il n’y pas seulement les « propos antisémites », mais les « propos à la limite de l’antisémitisme ». La justice nous dira si le concept est recevable.
Deuxième salve dans la grande offensive anti-Mélenchon sur i24news, l’invitation du grand amoureux d’Israël, l’ancien patron de Charlie Hebdo et propalestinien défroqué, Philippe Val, qui se montre encore plus royaliste que le roi des juifs.
Val à 1’42 : « Le juif n’a même pas besoin d’exister pour qu’il y ait de l’antisémitisme »
Chouraqui : « C’est bien ça, ça me plaît. »
Val : « En Pologne y a plus de juifs, y a toujours de l’antisémitisme. »
Déjà, l’expression globalisante « le juif », dans la bouche des opposants à la politique colonisatrice et meurtrière israélienne, ne passerait pas les barrages de la censure ! Mais l’ancien extrême gauchiste passé dans le camp des néoconservateurs ultrasionistes est allé plus loin dans le renoncement à ses convictions passées (à partir de 0’14) :
« Le totalitarisme va avec l’antisémitisme, l’extrême gauche est presque génétiquement antisémite. Pourquoi ? Il y a des gens d’extrême gauche qui ne sont pas antisémites. Par exemple Mélenchon on n’a pas, vous voyez, je veux dire, mais il fricote, on fricote ! [...] Moi j’étais dans une rédaction, quand il y a eu des propos antisémites tenus je me suis séparé de mes collaborateurs parce que je ne fricote pas avec les antisémites. »
Fricoter, que le mot est bien trouvé... par l’inconscient de Philippe. Nous posons la question : si Val ne fricote pas avec les antisémites, avec qui aime-t-il fricoter ? Un angelot passe...
Philippe Val, encouragé – et peut-être terrorisé – par ses maîtres, perd alors tout frein et se prend pour le juge ultime de tous les antisémitismes, dans le second extrait (gratuit) de l’émission (à partir de 2’54 dans la vidéo située en bas de l’article d’i24news) :
« Ne rien dire, fricoter avec, c’est en être. Il faut le dire. Il y a des gens évidemment pas antisémites mais ils sont aussi coupables que les antisémites quand ils sont amis avec des antisémites. »
Saluons le courage de ces Français qui se sacrifient pour le CRIF. S’ils ne sont pas morts pour le CRIF, ils le sont au moins politiquement et moralement.
On sent, avec la pauvreté conceptuelle des arguments de ces derniers défenseurs du CRIF, qu’un tabou est en train de craquer en France.