Nous en parlions hier en relayant l’article de Ouest-France, la nouvelle revient sur LCI. L’information, pourtant d’un intérêt limité pour le grand public qui ne connait ni Daria ni Alexandre Douguine, semble devoir être propagée. En effet, lorsqu’une information officielle tombe, en particulier étasunienne, il faut toujours se demander pourquoi elle sort ? Les États-Unis voudraient-ils mettre de l’huile sur le feu entre la Russie et l’Ukraine comme ils le font depuis le 24 février ? Ont-ils été vexés de ne pas être tenus au courant ? Ou lâcheraient-ils les Ukrainiens (peu probable) ?
Ainsi, l’hôtesse qui sert de journaliste (mais ne fait que lire une fiche et pointer son doigt sur un écran comme une speakerine météo) s’interroge naïvement : « On a presque l’impression que les États-Unis dénoncent leurs alliés. » C’est vrai, on se demande bien pourquoi. Mais le New York Times a la réponse, affirme-t-elle : « D’abord parce que les Américains eux-même étaient pointés du doigt par les Russes […] et ensuite parce que Washington désapprouve ce type d’action » (sic !). Cette jeune femme est donc parfaite dans son rôle de relais d’informations qui visiblement la dépassent.
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Article du New York Times, traduit par E&R :
Les agences de renseignement américaines pensent que des parties du gouvernement ukrainien ont autorisé l’attentat à la voiture piégée près de Moscou en août, qui a tué Daria Dougine, la fille d’un éminent nationaliste russe. Une information concernant une campagne secrète qui, selon les responsables américains, pourrait aggraver le conflit.
Les États-Unis n’ont pris aucune part à l’attaque, que ce soit en fournissant des renseignements ou une autre assistance, ont-ils déclaré. Les responsables américains ont également déclaré qu’ils n’étaient pas au courant de l’opération à l’avance et qu’ils se seraient opposés au meurtre s’ils avaient été consultés. Par la suite, des officiels américains ont réprimandé les responsables ukrainiens pour l’assassinat, ont-ils déclaré.
L’évaluation de la complicité ukrainienne, qui n’a pas été rapportée auparavant, a été partagée au sein du gouvernement américain la semaine dernière. L’Ukraine a nié toute implication dans le meurtre immédiatement après l’attaque, et les hauts fonctionnaires ont répété ces démentis lorsqu’ils ont été interrogés sur l’actuelle évaluation des renseignements américains.
Bien que la Russie n’ait pas riposté de manière spécifique à l’assassinat, les États-Unis craignent que de telles attaques – bien que hautement symboliques – aient peu d’impact direct sur le champ de bataille et pourraient inciter Moscou à mener ses propres frappes contre de hauts responsables ukrainiens. Les responsables américains ont été frustrés par le manque de transparence de l’Ukraine sur ses plans militaires et secrets, en particulier sur le sol russe.
Depuis le début de la guerre, les services de sécurité ukrainiens ont démontré leur capacité à pénétrer en Russie pour mener des opérations de sabotage. Le meurtre de Mme Dougine, cependant, serait l’une des opérations les plus audacieuses à ce jour – montrant que l’Ukraine peut se rapprocher très étroitement d’éminents Russes.
Certains responsables américains soupçonnent que le père de Mme Dougine, Alexandre Dougine, un ultranationaliste russe, était la cible réelle de l’opération, et que les agents qui l’ont menée pensaient qu’il serait dans le véhicule avec sa fille.
Dmitri S. Peskov, porte-parole du président russe Vladimir V. Poutine, a déclaré aux journalistes jeudi que l’évaluation par les agences de renseignement américaines était un développement « positif » qui correspondait aux propres conclusions du Kremlin.