C’est une grande première dans le média en ligne du service public audiovisuel français : après 136 jours de guerre, un reportage de France Info s’intéresse avec neutralité aux séparatistes pro-russes du Donbass, et donne même la parole à des pro-Ukrainiens devenus pro-Russes ! Cela dénote un changement de direction éditoriale, comme s’il fallait commencer, doucement mais sûrement, à se décider à recoller au réel. La ligne Varhamian, ce grand reporter qui s’enregistre devant une cabane en feu – du moins les bords de fenêtre –, étant par trop contre-productive...
Quand on prend trop les gens pour des cons, on en perd sa crédibilité, et ils vont s’informer ailleurs. À force de marteler sur tous les tons que Poutine est un monstre, alors qu’une bonne moitié des Français considère qu’il défend son pays d’un encerclement de l’OTAN (même taux de soutien des Gilets jaunes et même taux de méfiance vis-à-vis de l’injection), on passe non seulement pour des menteurs, mais aussi pour les valets serviles de l’Empire.
Ici, le reporter cite même une Ukrainienne devenue pro-russe ! Du jamais vu.
Heureusement pour le camp du Bien, il reste encore de valeureux valets qui considèrent que tout ce qui vient de la Russie est « propagande », et tout ce qui vient de l’Ukraine, c’est-à-dire de l’OTAN, c’est-à-dire du Pentagone, est « communication ». La preuve par Le Parisien...
Comment peut-on encore écrire ça, en 2022, à l’ère du débunkage instantané du Net ? À l’heure où des centaines de néo-journalistes ou twitternautes indépendants tirent à vue sur la moindre fake news oligarchique et sont suivis par la majorité des gens sur les réseaux sociaux qui font l’opinion ?
Que ce soit bien clair, pour les lecteurs (en baisse) du Parisien : la Russie, c’est le mensonge ; l’Ukraine, c’est la vérité. Le problème, c’est quand on confronte ce postulat simplet aux faits : ça force à tordre un peu les faits, à en découper les bords, pour faire tout tenir dans un puzzle incertain, bancal, incohérent... Et surtout à punir les journalistes qui font bien leur travail.
Cette journaliste allemande, a vu ses comptes bancaires bloquées, tout comme l'ensemble des journalistes de terrains qui sont en Ukraine et qui rapporte LA vérité, les faits rééls. Mais cela ne plaît pas à ceux qui tirent les ficelles de ce conflit, et qui suivent un PLAN. pic.twitter.com/g6tqOIUbz9
— Anne Marie (@AnneMar16974081) July 10, 2022
Pour mieux comprendre la position du Parisien, on oublie le clown Mendès, l’homme aux 3 000 vues par vidéo dont 2 950 vannes, et on exhume le portrait Wikipédia de Tenzer.
Dans le cadre de la guerre civile syrienne, il considère que le gouvernement de Bachar el-Assad et ses alliés russes mènent « une guerre d’extermination » montrant « une volonté de tuer tout le monde. De tuer tout ce qui peut être tué ». Il estime que le gouvernement américain n’aurait jamais dû s’engager dans des discussions bilatérales avec la Russie car « concrètement, chaque seconde, chaque minute, chaque mois qui passe, ce sont des milliers, voire des centaines de milliers de morts. » Pour cette raison, il affirme que la seule solution n’est pas d’armer les rebelles mais d’empêcher que les avions russes et syriens survolent les villes. « C’est d’empêcher qu’ils puissent décoller et, donc, prendre le risque d’une confrontation avec la Russie. »
Fervent défenseur de l’action de l’OTAN dans le monde, il considère que « l’OTAN n’a jamais agressé personne ». Il a rejoint le CEPA (Centre d’analyse politique européenne) une institution d’influence américaine qui se voue à « travailler à une alliance transatlantique forte et durable, enracinée dans les valeurs et principes démocratiques ».
Des « valeurs et principes démocratiques » dans la bouche d’un véritable dingue pro-déflagration russo-américaine ! Un BHL puissance 10, dix fois la dose d’Hiroshima ! Même à Cadillac, l’asile dit des fous dangereux, les internés sont moins dangereux.
Et tout ça grâce à Wikipédia, qui malgré son arrimage au camp du Bien (les comptes des auteurs Kontre Kulture, pourtant honnêtes et prolifiques, y sont largement sabordés), ne peut s’empêcher, par le jeu de ses liens interactifs croisés, de mettre au jour réseaux et sous-réseaux atlantistes ou mondialistes.
Mais les choses ne sont plus comme avant. Le camp du Bien fait douter une part grandissante des populations occidentales, et le discours de cet homme sur le changement de paradigme mondial est tout simplement juste.
Poutine : "Plus rien ne sera jamais comme avant"
pic.twitter.com/S8qE2pptvI— JDLM (@NicolasPichot6) July 9, 2022