Cet ancien présentateur a couvert depuis le début toutes les manifestations du « Hirak », le soulèvement populaire contre le pouvoir algérien. Il était accusé notamment d’"atteinte à l’unité nationale".
« Libérez Khaled ! » L’injonction est devenu le signe de ralliement des défenseurs de la liberté de la presse en Algérie, après l’annonce, lundi 10 août, du verdict condamnant le journaliste algérien Khaled Drareni à trois ans de prison ferme. « Il s’agit clairement d’une persécution judiciaire contre un journaliste qui est l’honneur de son pays », a réagi le secrétaire général de Reporter Sans Frontières, Christophe Deloire, sur Twitter. Khaled Drareni était poursuivi pour « incitation à attroupement non armé » et « atteinte à l’unité nationale » après avoir couvert le 7 mars à Alger une manifestation du « Hirak », le soulèvement populaire qui a secoué le pays pendant plus d’un an. Mais qui est ce journaliste devenu emblématique du combat pour la liberté de la presse en Algérie ?
Un présentateur télé « plutôt impertinent »
« C’est un personnage assez solaire et un journaliste à la réputation solide », résume Christophe Deloire.
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Alors qu’en 2014 le président Abdelaziz Bouteflika brigue un quatrième mandat, une remarque du journaliste déclenche une tornade. « S’étonnant qu’on compare, à cette époque, le président-candidat à un “don de Dieu”, Drareni crée un cataclysme médiatique. L’émission n’y survivra pas », écrit le quotidien suisse Le Temps.
Khaled Drareni quitte Dzaïr TV pour une autre télévision privée, Echourouk News. Pour avoir un coup d’avance, « il cultive le réseau des ambassades et comprend comment fonctionnent les visites étrangères », remarque encore Neïla Latrous. Parmi ses invités de marque : Emmanuel Macron. En février 2017, le chef de l’État français répond à l’une de ses questions en reconnaissant le « colonialisme » comme « crime contre l’humanité ». La déclaration sera reprise par tous les médias français.
Un journaliste populaire chez les manifestants
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On est à la veille des premières manifestations du « Hirak », ce soulèvement populaire contre le régime au pouvoir en Algérie. Et Khaled Drareni « les couvrira toutes, depuis le début », explique encore Neïla Latrous. « Avec sa couverture de la contestation du régime sur les réseaux sociaux, il devient populaire au sein de la communauté des manifestants très connectés de l’Algérois ou de la Kabylie », poursuit-elle. Sur Twitter, Khaled Drareni compte aujourd’hui 147 000 abonnés.
Mais ce journaliste francophone a, entre autres, le tort d’être trop connu à l’étranger. « Auprès du régime, il coche deux cases négatives : correspondant d’une télévision étrangère (TV5) et d’une ONG (RSF) », analyse Neïla Latrous. « Il vient contrecarrer la communication officielle sur une nouvelle Algérie » issue des urnes en décembre 2019. Une « nouvelle Algérie » incarnée par Abdelmadjid Tebboune, un ex-fidèle du président déchu Abdelaziz Bouteflika dont l’élection est marquée par une abstention record (plus de 60 %). Dès le lendemain, il est contesté par une manifestation monstre.
« Or Khaled Drareni montre que les manifestations continuent, il montre les arrestations. Il est la mémoire du “Hirak”. » (Neïla Latrous, rédactrice en chef à l’hebdomadaire Jeune Afrique)
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Un verdict surprenant et très sévère
Le 29 mars 2020, il est incarcéré au centre pénitentiaire de Kolea, près d’Alger. La justice lui reproche sa couverture, le 7 mars, d’une manifestation du « Hirak », dont le cours avait été suspendu au printemps en raison de la pandémie de Covid-19. L’ancien présentateur télé est accusé d’« incitation à attroupement non armé » et d’« atteinte à l’unité nationale ».
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La réaction de Awraas TV, une chaîne algérienne à capitaux saoudiens basée à Londres et idéologiquement proche du FIS, qui dénonce la « mafiocratie » :