C’est la honte pour la France : Sami Damergy, qui a bénéficié du retrait de deux listes lors du second tour des élections municipales à Mantes-La-Jolie (78), a été élu maire de cette ville régulièrement pointée du doigt pour ses drames sociaux et ses violences de quartiers. Ses soutiens ont chanté « one two three, viva l’Algérie ». Si Mantes n’est pas la France, nous sommes encore en France. Que fait la République ? Elle abdique.
Pendant ce temps, de l’autre côté de la Méditerranée, le nouveau président algérien Abdelmadjid Tebboune attend des excuses plus fortes de la France pour la colonisation.
« Cette déclaration intervient alors que l’Algérie a enterré, dimanche, les crânes de 24 combattants anti-coloniaux tués au début de la colonisation française, au XIXe siècle. Ils avaient été rendus par la France et rapatriés vendredi, et puis exposés au palais de la Culture d’Alger, où une importante foule est venue leur rendre hommage. Ces restes mortuaires étaient entreposés depuis le XIXe siècle dans les collections du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, après avoir été rapportés comme trophées de guerre par des soldats français. L’Algérie avait demandé leur restitution en 2018. "Ce geste s’inscrit dans une démarche d’amitié et de lucidité sur toutes les blessures de notre histoire", a commenté l’Élysée. » ( France Info)
Si Emmanuel Macron a qualifié la colonisation en Algérie (française) de « crime contre l’humanité » pendant sa campagne électorale en 2017, voici un petit rappel intermédiaire de Bernard Lugan dans un entretien donné à TV Libertés en 2017 :
« En 1962, la France a légué à l’Algérie un héritage exceptionnel et non des ‘broutilles’ et des “choses sans valeur”, à savoir 54 000 kilomètres de routes et pistes (80 000 avec les pistes sahariennes), 31 routes nationales dont près de 9000 kilomètres étaient goudronnés, 4300 km de voies ferrées, 4 ports équipés aux normes internationales, 23 ports aménagés (dont 10 accessibles aux grands cargos et dont 5 qui pouvaient être desservis par des paquebots), 34 phares maritimes, une douzaine d’aérodromes principaux, des centaines d’ouvrages d’art (ponts, tunnels, viaducs, barrages, etc.), des milliers de bâtiments administratifs, de casernes, de bâtiments officiels, 31 centrales hydroélectriques ou thermiques, une centaine d’industries importantes dans les secteurs de la construction, de la métallurgie, de la cimenterie, etc., des milliers d’écoles, d’instituts de formations, de lycées, d’universités avec 800 000 enfants scolarisés dans 17 000 classes (soit autant d’instituteurs, dont deux tiers de Français), un hôpital universitaire de 2000 lits à Alger, trois grands hôpitaux de chefs-lieux à Alger, Oran et Constantine, 14 hôpitaux spécialisés et 112 hôpitaux polyvalents, soit le chiffre exceptionnel d’un lit pour 300 habitants. Sans parler d’une agriculture florissante laissée en jachère après l’indépendance, à telle enseigne qu’aujourd’hui l’Algérie doit importer du concentré de tomates, des pois chiches et de la semoule pour le couscous…
Tout ce que la France légua à l’Algérie avait été construit à partir du néant, dans un pays qui n’avait jamais existé et dont même son nom lui fut donné par la France. Tout avait été payé par les impôts des Français. Daniel Lefeuvre a montré qu’en 1959, toutes dépenses confondues, l’Algérie engloutissait 20 % du budget de l’État français, soit davantage que les budgets additionnés de l’Éducation nationale, des Travaux publics, des Transports, de la Reconstruction et du Logement, de l’Industrie et du Commerce ! »
Une passation de pouvoir houleuse à Mantes
Cette petite mise au point étant faite, passons à la polémique mantoise. Entre le nouveau et l’ancien maire (Rassemblement national), la hache de guerre était déterrée depuis longtemps : le chef d’entreprise Damergy sans étiquette attaquant sans cesse le maire RN Cyril Nauth, ce dernier a alors découpé en quatre la subvention de 60 000 euros attribuée au club de foot local, le FC Mantois... autrefois dirigé par Damergy.
La manne municipale est passée à 15 000 euros, ce qui a mis le feu aux footballeurs qu’on voit parader dans la salle sur la vidéo. Effectivement, pour être élu, mieux vaut avoir le foot avec soi, mais chacun peut faire des erreurs de calcul. Le RN a évidemment attaqué la partie adverse sur l’immigration et ses effets sur la ville.
@jsanchez_fn @ldeboissieu Le Club Athlétique de Mantes-la-Ville il y a 25 ans et ce qu'il est devenu, le FC Mantois ! pic.twitter.com/lrnJolexfK
— Laurent Morin (@Laurent_morin_) April 29, 2015
En 1952, à peine sortie de la déchirure de la guerre, la France vivait au rythme des chicores entre le communiste Peppone (le sosie de Staline, ou de Martinez, au choix) et le curé Don Camillo incarné par Fernandel, la star de la comédie de l’époque.
Aujourd’hui la fracture est moins bon enfant : d’un côté on a la France patriote, de l’autre l’anti-France. Et ce ne sont pas les films 100 % antiracistes sponsorisés et soutenus par le Système qui vont refermer cette plaie. Mais comme nous sommes malgré d’immenses difficultés pour la réconciliation nationale (on n’a pas choisi le chemin le plus simple, mais c’est le plus droit), espérons que le nouveau maire réussisse à rabibocher les uns et les autres et à sortir Mantes du sous-développement où elle se traîne depuis des décennies. Un, deux, trois, vive la France.