« C’est très dur de faire de la politique quand vous avez encore la justice et l’Histoire qui n’ont pas fait leur travail. La Shoah, on arrive à faire le travail (de mémoire) – c’est pour ça que je pense que 1995 était le bon moment – parce que l’histoire et la justice avaient fait leur travail. (Le travail de mémoire), il vient après les grands procès »,
C’est dans son avion Air Force One à la française, un Airbus 330 tout confort, que le président Macron, de retour d’Israël, s’est laissé aller à des confidences devant les journalistes du Figaro. On a lu la retranscription, et qu’est-ce qu’on a retenu ? Rien ou presque, à part un progressisme flou qui tient lieu de vision, c’est-à-dire zéro horizon. Mais une diatribe contre la violence et les extrêmes... qui se rejoignent. Macron serait-il entre le chien national et l’os social ?
Macron a expliqué qu’il veut faire avec la guerre d’Algérie ce que Chirac a fait avec la Shoah, ça sent donc les excuses, la repentance éternelle, l’autoflagellation et tout le toutim, réparations comprises. Or, la France répare à sa façon le traumatisme de son occupation de l’Algérie : d’abord en appliquant des tarifs particuliers avec l’Algérie, à qui elle achète de l’énergie à tarif majoré [1], puis en acceptant beaucoup de ressortissants algériens sur son territoire, sans parler des dizaines de milliers d’Algériens qui se sont fait soigner gratos en France [2]. Le pouvoir français accepte docilement que les dirigeants algériens nous crachent régulièrement à la gueule (surtout pendant les périodes électorales), parce qu’ils ont des intérêts communs (renseignement, affaires). Les oligarques qui pillent l’argent du pétrole et du gaz algériens n’ont-ils pas mis en partie leurs enfants et leur argent en sécurité en France ? Ça, c’est pour le haut. En bas, on honnit l’ancienne puissance coloniale, mais on lui réclame 500 000 visas , dont la moitié sont rejetés. C’est le paradoxe franco-algérien, ou algéro-français.
Courageusement, Macron veut solder la guerre d’Algérie, pacifier les rapports encore très tendus entre les deux pays et les deux communautés, surtout en France. Si une grande partie des Algériens de France ne pose pas de problèmes particuliers, il est une frange de la jeunesse qui se radicalise contre la France (et on ne parle même pas de ceux qui sont partis faire le djihad en Irak et en Syrie), qui ose dire sur le sol français qu’elle n’aime pas la France (et on reste polis), qu’elle ne se battra pas pour la France. Comprendre qu’elle pourra un jour se battre contre ?
Pour l’instant, le pouvoir libéral-libertaire de Macron ne chasse pas ces haineux de notre sol – électoralisme oblige ? –, ils bénéficient d’une tolérance grâce au droit du sol. Qu’ils soient de nationalité française ou pas n’est pas notre problème, ils n’ont rien à faire en France, surtout pour ce qu’ils y font, c’est-à-dire pas grand-chose de bien, pas grand-chose de constructif. Voir, pour sortir du cas des racailles, les étudiants issus des élites algériennes ayant dépassé la trentaine qui traînent dans nos universités, financés par notre gouvernement servile qui ne veut pas d’esclandre. Ce n’est qu’un exemple parmi beaucoup d’autres du masochisme français et de la dualité algérienne.
Mais cette situation de plus en plus tendue, surtout entre les radicaux des deux camps, les anti-Algériens et les anti-Français, risque de ne pas durer, avec l’arrivée des nationaux-sionistes aux postes de commande, qui n’aiment pas beaucoup l’expression d’une haine antifrançaise sur notre sol. Pour cela, on leur donne raison, mais s’il faut lutter contre la haine antifançaise, alors il faut viser celle d’en haut comme celle d’en bas. Il va falloir clarifier les choses.
Et si Macron a des visées électoralistes pour 2022, pensant siphonner le vote algérien de France avec ses calculs basés sur le big data, il joue un jeu dangereux : le sentiment national franco-français va s’en trouver raffermi. Macron joue clairement contre le sentiment national français, qu’il va évidemment assimiler à du racisme, et du racisme anti-algérien. C’est ce qui se profile avec la Shoah des Algériens, autrement dit la guerre d’Algérie transformée en guerre d’extermination. Un calcul électoral trouble qui va encore monter les communautés les unes contre les autres. Macron aura avec lui les racailles, les haineux et l’anti-France, n’en doutons pas. Et les nationaux-sionistes joueront sur du velours en demandant de lancer l’opération « Ronces », si chère à Zemmour.
Nous voilà donc entrés dans une seconde guerre d’Algérie, politique celle-là. Mais écoutons ce que dit le Président...
« Les quartiers nord de Marseille » symbolisent à ses yeux l’urgence dans le pays. « Les grands-mères ou les mères de ces jeunes filles qui sont communautarisées, elles sont arrivées à Marseille en aimant la France, et en n’ayant pas le voile. Et donc, il s’est quand même passé un truc chez nous aussi ! », en déduit-il. Selon lui, le « phénomène mondial d’un islam radical qui se tend, et d’une transformation de l’islam » s’est « greffé sur des fractures mémorielles (et) des échecs que nous-mêmes (en France), on a eus sur le plan économique et social ». « Et ça devient une contre-culture ! Ça devient tout à la fois l’importation d’un islam qui vit une crise mondialement – et qui revisite des signes de religiosité qu’il n’avait pas forcément il y a 20 ou 30 ans. Et qui vient s’agréger à une crise qui est chez nous, très profonde ». Preuve de la dimension internationale du fléau : « La Tunisie d’aujourd’hui n’est pas celle de Bourguiba, force est de le constater, y compris dans la rue ».
Sur le constat, tout le monde est d’accord, et nous n’en sommes plus là, nous en sommes au remède. Le Président, capable de dire une chose et de faire son contraire, puis de faire une chose et de dire son contraire, ne joue pas vraiment la réconciliation. Il admet pourtant ne pas avoir la solution, même s’il exploite le problème :
« Je serais fou de dire que j’ai la réponse ». Conscient de la gravité du sujet, Emmanuel Macron refuse de certifier que le plan de lutte qu’il annoncera dans le courant du premier trimestre va fonctionner. « J’ai une volonté de traiter le sujet, parce que je suis convaincu que si on ne le traite pas... [...] Il faut essayer de dire sans diviser. Il faut accepter, en disant, de parfois bousculer. Mais il faut accepter qu’il y a, dans notre République aujourd’hui, ce que j’appellerais un séparatisme », détaille-t-il. « Le terme de “communautarisme” renvoie à beaucoup de choses », ajoute-t-il, assurant que « dans la République française, il n’y a qu’une communauté qui est la communauté nationale ». Il en profite pour régler ses comptes au passage avec tous ceux qui avaient essayé, durant la campagne présidentielle, de le « caricaturer » en un multiculturaliste : ce « n’est pas le modèle auquel je crois », tranche-t-il.
Le constat du séparatisme, tout le monde l’a fait. Certains en ont profité et s’en mordent aujourd’hui les doigts : les socialistes ont tenu artificiellement 30 ans en séparant les Français – ces racistes – des immigrés – ces victimes –, ce qui les a amenés de 30 à 5 % des voix. Mais depuis la mort de SOS Racisme, c’est maintenant SOS Sionisme qui sépare les Français et les immigrés (ou disons les musulmans) en renversant la vapeur : Français victimes contre immigrés racistes, la seconde mi-temps du conflit triangulé dans la main du pouvoir profond. Macron n’est pas le problème, il n’est que l’héritier de décennies d’aveuglement et de calculs politiques. Aujourd’hui, le mot laïcité n’a plus aucun sens : théoriquement, c’est cette façon de vivre ensemble à la française, mais en réalité la laïcité est le faux nez du sionisme. C’est la religion d’État qui ne dit pas son nom.
« On a des racines judéo-chrétiennes. On a été laïcards et bouffeurs de curés. On a su réconcilier dans la laïcité. On a une partie de notre société qui est pleinement dans la République - et de confession musulmane ou autre... »
On se rend compte que le séparatisme communautaire ne fait pas vraiment peur à Macron puisqu’il appelle les Français à évoluer vers une « intégration républicaine » dans les deux sens, fustigeant en cela une « nostalgie de cette identité », ce qui veut dire taire notre nationalisme et le désir de protéger notre culture. En gros, la solution Macron c’est : laissons les choses évoluer en douceur, étouffons notre patriotisme franco-français, altérons-nous et tout ira bien. Propos lénifiants dont toutes les communautés agressives pourront profiter !
Non, ce qui fait le plus peur à Macron, c’est, sous couvert d’antisémitisme cimenteur, la conjonction des extrêmes, celle qui mettrait un terme aux décennies de gouvernements bourgeois de la Ve République.
« Il y a un fait », c’est que l’antisémitisme « vient des extrêmes ». « Ça vient des extrêmes et c’est d’ailleurs une voie de passage entre les extrêmes », de droite et de gauche. « Il ne faut pas penser que les extrêmes ne se touchent pas. Je crois, là aussi, que la vie politique est sphérique, et notre histoire à nous-mêmes l’a montré. Donc il y a un moment, quand les extrêmes se structurent, ils finissent par se retrouver et vous avez une boule d’énergie négative qui se retrouve. Et l’antisémitisme est d’ailleurs au cœur de ces jonctions possibles », martèle Emmanuel Macron. Quelques heures plus tôt, jeudi, il avait fait allusion à un « nouvel antisémitisme » depuis Jérusalem. Il a toutefois refusé de se lancer dans une « typologie » ou une « cartographie » des nouveaux visages de ce fléau. Mais il a confirmé que les extrêmes « se renforcent l’un l’autre, qu’ils dialoguent, et qu’à la fin, ils peuvent converger ».
Faux, l’antisémitisme ne vient pas des extrêmes, ou alors si : c’est la production d’un lobby sioniste qui en a besoin pour dominer, pour contrôler et pour punir.
Pour la petite histoire, et c’est ce que la presse aura retenu, Macron a sorti la petite phrase du jour adressée aux extrêmes :
Revenant sur la violence qui gangrène la société depuis plusieurs mois, le Président rappelle que, « dans une démocratie, on a un devoir de respect à l’égard de ceux qui représentent et portent (la) voix du peuple, parce que, précisément, on a le pouvoir de les révoquer » aux élections : « Aujourd’hui, s’est installée dans notre société, et de manière séditieuse par des discours politiques extraordinairement coupables, l’idée que nous ne serions plus dans une démocratie. Qu’il y a une forme de dictature qui s’est installée. Mais allez en dictature ! Une dictature c’est un régime où une personne ou un clan décide des lois. Une dictature c’est un régime où on ne change pas les dirigeants, jamais. Si la France c’est ça, essayez la dictature et vous verrez. La dictature, elle justifie la haine. La dictature, elle justifie la violence pour en sortir. Mais il y a, en démocratie, un principe fondamental : le respect de l’autre. L’interdiction de la violence. La haine à combattre. Tous ceux qui, aujourd’hui dans notre démocratie, se taisent sur ce sujet, sont les complices, aujourd’hui et pour demain, de l’affaiblissement de notre démocratie et de notre République ».
Ségolène Royal : "On est dans un régime autoritaire" pic.twitter.com/AigaKgMU2D
— BFMTV (@BFMTV) January 24, 2020
Nous ne sommes évidemment pas en dictature, malgré la violence grandissante de la répression sociale, que ce soit par le moyen policier ou le moyen terroriste. Mais nous sommes bien dans une dérive totalitaire du pouvoir présidentiel, qui n’en fait qu’à sa tête néolibérale et grand-patronale. Certes, il y a une faction séditieuse en France, dans le pouvoir profond, qui veut mettre un terme à la puissance présidentielle pour revenir à un régime des partis très IVe qui fait la part belles aux groupes de pression, à savoir une Assemblée représentant en fait les lobbies de la Nation sous couvert de députés du peuple. Alors quand Macron, lui qui fait souffrir à la Thatcher les Gilets jaunes et les grévistes, invoque « le respect de l’autre » et « l’interdiction de la violence », on se marre, mais on se marre jaune.
"Essayez la dictature et vous verrez" : Macron dénonce des discours justifiant la violence en France pic.twitter.com/wRRwa4koCZ
— gellee (@gelleejeanluc) January 24, 2020
L’axe de la défense du Président s’est tout de suite effondré, tant il est construit sur du vent, du discours, du mensonge. Quand on envoie sa porte-parole mépriser ouvertement les grévistes en les traitant en substance de cons, on est irrespectueux et violent :
Comme la colère n’était pas assez vive, #SibethNdiaye en remet une couche ce en expliquant que si les Français rejettent la réforme qu’ils ne sont pas capables d’expliquer, c’est qu’ils ne comprennent rien
Dégage #greve24janvier #GiletsJaunes #Retraitespic.twitter.com/0LM4kLYGrq— Marcel Aiphan (@AiphanMarcel) January 24, 2020
Heureusement, le Président peut compter sur les Zohra Bitan pour qui tout va bien, madame la marquise, puisqu’elle a le droit – elle ! – de parler :
"Les gens n'ont pas compris que vivre dans une démocratie, c'est précieux !! Dans une dictature, il n'y a plus de journaux, plus de radio, plus de télé, plus de manifestations !!" @ZohraBitan #GGRMC pic.twitter.com/dAX4FK2N0k
— Les Grandes Gueules (@GG_RMC) January 24, 2020
C’est le moment de placer la chronique très « 1936 » de l’amuseuse de la paire Zemmour & Naulleau (le couillu et le couillon), Sandrine Sarroche, qui nous chante « Tout va très bien » :