Le rabbin de Toulouse Avraham Weill (photo ci-contre) est fort mécontent d’avoir été interpellé par un assesseur lors du premier tour des élections départementales.
Alors qu’il s’apprêtait à voter, une membre du Front de gauche qui participait au déroulement du scrutin a demandé au religieux juif d’ôter sa kippa et a inscrit l’incident au procès-verbal du bureau de vote [1].
Le rabbin, qui ne souhaitait pas verser dans la victimisation, finit par y plonger allègrement :
« Je ne souhaitais pas médiatiser cet incident et donner du grain à moudre à ceux qui pensent que les juifs cherchent à se victimiser, mais j’ai effectivement porté plainte au commissariat central, après avoir mûrement réfléchi car je ne suis pas un procédurier. Cette déléguée de la liste du Front de gauche a voulu m’imposer de retirer ma kippa en invoquant la laïcité : c’est un excès de zèle de quelqu’un qui ne connaît pas le code électoral, il n’y a pas eu d’insulte, mais une volonté de m’intimider. Cela m’a laissé un goût amer, trois jours après l’hommage aux victimes de Merah et la signature d’une charte de la fraternité des six grandes religions à Toulouse avec le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve. Le bon côté, c’est que tous les autres délégués et les sept ou huit électeurs présents dans le bureau ont été unanimes à mes côtés. »
Bien qu’il ait quand même pu glisser son bulletin dans l’urne, M. Weill a été profondément choqué par ce crime de lèse-rabbin. Il a donc décidé de porter plainte pour « discrimination dans l’accès à un lieu public en raison d’une appartenance religieuse » et affirme que cette personne a tenté de l’empêcher d’accomplir son devoir civique :
« Selon moi, c’est lié à ce que je représente. Elle a créé un trouble, il y avait une volonté de m’empêcher de voter. Je vote depuis l’âge de 18 ans et je n’ai jamais vu cela, jamais je n’ai connu de problème. »
La déléguée a réagi à sa mise en cause par le rabbin de la ville rose :
« Je ne connaissais ni sa fonction, ni son nom. J’ai juste posé la question de savoir s’il était normal ou pas de porter une kippa. Je n’ai pas voulu l’empêcher de voter. En aucun cas je ne suis antisémite. Je n’étais pas sûre, tout simplement. »
Pierre Lacaze, secrétaire départemental du PCF de Haute-Garonne, s’est empressé de donner des signes d’allégeance au religieux :
« Le PCF déplore cet incident : il s’agit d’une mauvaise interprétation de la loi électorale de la part de cette déléguée. Elle pensait que tout signe ostentatoire religieux n’était pas admis dans un bureau de vote. Le PCF de la Haute-Garonne s’adressera à M. Weill pour dissiper ce malentendu et l’assurer de notre soutien total dans le combat contre l’antisémitisme et les idées xénophobes. »
L’adjoint au maire de Toulouse Jean-Jacques Bolzan (UDI) s’est empressé de rebondir sur cette affaire bidon pour faire ses petites affaires électoralistes à quelques jours du second tour des départementales, en lâchant un tweet :
Le PCF s’est dit « indigné par les propos diffamatoires » diffusés par l’élu sur son compte Twitter.