Les forces irakiennes sont reparties à l’assaut de Tikrit jeudi pour déloger le groupe État islamique (EI), fortes du soutien aérien fraîchement apporté parla coalition internationale qui a effectué au moins de 17 frappes.
Washington, qui conduit la coalition internationale antidjihadiste, a longtemps exprimé ses réticences à intervenir dans la bataille de Tikrit, en raison du soutien actif de l’Iran aux forces de Bagdad. Mais la donne a changé mercredi lorsque le premier ministre irakien, Haider al-Abadi, a réclamé des frappes de la coalition sur cette localité située à 160 kilomètres au nord de Bagdad, selon le commandement américain dirigeant les frappes (CJTF).
La coalition a alors bombardé plusieurs positions de l’EI dans le centre de Tikrit, dans des opérations qui ont commencé après le coucher du soleil, rapporte une source militaire irakienne. Les frappes ont été menées par des avions et des drones et ont visé notamment un bâtiment, deux ponts, trois postes de contrôle, et une unité de commandement, a précisé le CJTF.
Sur terre
Et l’offensive terrestre, suspendue la semaine dernière en raison des nombreux engins explosifs disséminés par les djihadistes, a alors repris depuis le front sud, a affirmé un général de brigade du commandement militaire de la province de Salaheddine, dont Tikrit est la capitale. Les forces irakiennes attaquent également depuis les fronts ouest et nord et ont réparé un pont détruit par l’EI pour stopper leur avancée depuis l’est.
À Tikrit, après une lente progression des forces irakiennes au sol, « l’opération commence réellement maintenant », a déclaré un responsable de la défense américaine.
Bagdad avait notamment justifié la suspension de son offensive par la présence de nombreux civils pris au piège. Leur nombre exact est impossible à définir, mais un porte-parole du Croissant rouge affirmait la semaine dernière « que pas plus de 30 000 civils, probablement un peu moins » se trouvaient toujours dans Tikrit.
Frappes chirurgicales
Le général américain James Terry, qui dirige le CJTF, a ainsi assuré que les frappes entamées mercredi « sont destinées à détruire les bastions de l’EI avec précision, sauvant ainsi des vies irakiennes innocentes, tout en minimisant les dommages collatéraux aux infrastructures ».
Des responsables ont affirmé que d’autres pays parmi les 60 nations participant à la coalition avaient pris part aux frappes contre Tikrit, mais sans préciser lesquels.
Les États-Unis ont profité de l’annonce de leur intervention à Tikrit pour insister sur la légitimité de la coalition antidjihadiste, dont l’Iran ne fait pas partie. « Les capacités militaires fiables, professionnelles, avancées sont des choses qui très clairement et très nettement appartiennent à la coalition », a déclaré un porte-parole du Pentagone, le colonel Steven Warren.
Et, selon un responsable américain, le président Barack Obama aurait approuvé les frappes contre Tikrit à condition que les forces gouvernementales se voient attribuées un rôle plus important dans l’offensive terrestre.
L’importance des milices chiites, accusés de nombreux abus, et celle du général iranien Ghassem Souleimani, considéré par certains Irakiens comme le cerveau de l’opération, sont en effet perçues d’un mauvais œil par Washington.