Dernier acte du procès de Nuremberg, le 1er octobre 1946, le Tribunal militaire international chargé de juger les crimes nazis commis durant la Seconde Guerre mondiale condamne à mort par pendaison douze hauts dirigeants allemands.
Le 30 septembre 1946, un an après la première réunion du Tribunal militaire international chargé de juger vingt-quatre hauts dirigeants allemands accusés de crime contre la paix, crime de guerre et crime contre l’humanité, ainsi que huit organisations de l’Allemagne nazie, s’ouvre le dernier acte du procès de Nuremberg.
Tout au long de cette journée, les quatre juges représentant les quatre pays vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale – États-Unis, URSS, Grande-Bretagne et France – décrivent le nazisme, ses crimes et énoncent les preuves contre les accusés.
Le 1er octobre, à 13 h 50, la Cour se réunit pour la dernière fois. Les accusés sont introduits un par un. Chacun d’entre eux écoute, debout, la lecture de la peine qui le frappe, puis est ramené dans sa cellule, tandis que l’accusé suivant vient prendre sa place dans le box.
Douze d’entre eux sont condamnés à mort par pendaison : Goering, Ribbentrop, Keitel, Kaltenbrunner, Streicher, Frank, Frick, Rosenberg, Sauckel, Jodl et Seyss-Inquart (ainsi que Bormann par contumace). Hess, Funk et Raeder sont quant à eux condamnés à la prison à vie ; Neurath, Dönitz, von Schirach et Speer à plusieurs années de détention. Enfin, Schacht, von Papen et Fritzche seront acquittés. Un acquittement contre lequel s’élèveront le juge américain Robert Jackson ainsi que les Soviétiques.
Les condamnés à mort seront pendus le 16 octobre 1946, excepté Goering qui s’était empoisonné la veille dans sa cellule.
La Croix du mercredi 2 octobre 1946
Le rideau s’est levé lundi matin à 10 heures, sur le dernier acte du procès de Nuremberg. Depuis les premières heures du jour, la vieille cité connaît une animation inaccoutumée. Aux portes de la ville, la Military Police examine les papiers de tous ceux qui viennent de l’extérieur et visite minutieusement leurs bagages.
Des auto-mitrailleuses et des chars légers ont été disposés aux abords du Palais de Justice, dont toutes les entrées sont gardées par d’imposants détachements de M. P. Un contrôle sévère s’exerce à l’intérieur du vaste bâtiment. Ceux qui sortent du prétoire doivent montrer leurs papiers tout comme les arrivants.
L’audience est ouverte
C’est en présence d’une foule considérable qu’à 10 heures le président Lawrence déclare l’audience ouverte.
À leur banc les accusés affectent l’indifférence.
Le juge président Lawrence prend le premier la parole. Il donne lecture de la partie du jugement qui concerne l’exposé des faits. D’une voix ferme, il passe en revue toutes les activités du parti nazi depuis sa fondation en 1920 et décrit successivement les attaques menées contre la structure démocratique de la République de Weimar, les négociations qui amenèrent le maréchal Hindenbourg à nommer Hitler au poste de chancelier du Reich, le 30 janvier 1933, le réarmement militaire de l’Allemagne en contravention des clauses du traité de Versailles, le pacte Briand-Kellog contresigné par l’Allemagne, l’occupation de la Rhénanie.
Puis le président Lawrence examine la question de la responsabilité individuelle des 21 accusés – À l’égard des crimes, l’excuse tirée de l’ordre supérieur n’entraîne pas l’exemption de la peine ; elle ne peut déterminer qu’une réduction de celle-ci.
[...]
La responsabilité des accusés est entière
La Cour met ensuite en pièce l’un des principaux arguments de la défense. Celle-ci prétendait que, Hitler étant un dictateur tout-puissant, la responsabilité des accusés était considérablement atténuée.
– Hitler ne pouvait faire une guerre d’agression tout seul : il lui fallait bénéficier de la collaboration d’hommes d’État, de chefs militaires, de diplomates et d’hommes d’affaires. Quand en pleine connaissance de ses buts, ils lui ont apporté leur concours, ils sont devenus les participants d’un plan qui était conçu. Le fait que leur tâche leur était fixée par un dictateur ne les affranchit pas de la responsabilité de leurs côtés.
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Le verdict en 1946 :
Le procès en 1945 :