Le thème de la démographie russe a durant la première décennie de notre siècle considérablement porté atteinte aux trop rares prévisions stratégiques qui accompagnaient le redémarrage économique du pays. La très grande majorité des experts et analystes se sont en effet à cette époque tous engouffrés dans une analyse prévisionnelle catastrophiste envisageant un effondrement démographique devant mettre à mal l’existence même de la Russie.
1991-1999 : l’effondrement
Le pays, il est vrai, a traversé une crise démographique d’une violence sans équivalent historique en temps de paix, crise déclenchée par l’effondrement économique qui suivit la fin de l’Union soviétique lors de la période dite de transition vers l’économie de marché. C’est la décennie de la faillite de l’économie et de la société russe. La désorganisation du système de santé soviétique provoque l’explosion de la mortalité infantile et la réapparition de maladies qui n’existaient même plus dans nombre de pays du tiers-monde (diphtérie, typhus, choléra, fièvre typhoïde, tuberculose). Le désarroi social se traduit par une forte croissance de la consommation de drogues et l’augmentation des cas de sida. L’effondrement du niveau de vie des retraités entraîne une augmentation importante de la mortalité des personnes âgées. L’implosion économique va avoir une conséquence démographique directe se traduisant, de 1991 à 1999, par un effondrement du nombre de naissances et une hausse du nombre de décès.