La semaine dernière, une délégation d’élus français s’est envolée de Paris pour Moscou puis la Crimée afin d’évaluer la réalité sur le terrain, loin des mythes colportés par la presse française.
Le voyage a créé un certain émoi en France puisque le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius s’est dit totalement opposé ce voyage… Imagine-t-on Sergueï Lavrov s’opposer à des déplacements de députés russes dans quelque zone du monde que ce soit ?
La visite des derniers députés libres de France (et on peut se féliciter que la délégation comprenne des élus toutes tendances confondues) est le troisième voyage de parlementaires et sénateurs français organisé par Thierry Mariani, député des Français d’Eurasie et donc de Russie, avec le soutien du Dialogue franco-russe.
Samedi 25 juillet, la délégation a pu rencontrer la communauté française de Moscou dans ce haut lieu de la résistance française qu’est devenu l’excellent restaurant Normandie-Niemen à Moscou. De façon finalement logique, ce sont près de 150 personnes qui sont venues apporter leur soutien, une affluence qui a surpris la presse russe, la correspondante de Kommersant ayant même tweeté même qu’il était presqu’impossible de rentrer dans la salle.
Ce troisième voyage a permis l’apparition d’un scénario narratif alternatif à celui auquel le peuple français a droit sur ces événements. On peut le résumer en quelques grands axes que Thierry Mariani a synthétisés lors de son bref discours :
Les parlementaires français et russes n’ont quasiment plus de contacts officiels avec leurs homologues russes depuis près de deux ans, ce qui est une aberration.
Le but du déplacement était de se rendre en Crimée, car nombre de parlementaires jugent logique la réunification de la Crimée à la Russie d’un point de vue historique.
Quoi qu’il en soit, la France doit être présente sur le terrain car nos amis allemands et italiens sont eux sans scrupules.
La délégation comprenait un centriste, un député de gauche (contre cinq sur douze lors d’une précédente délégation) mais représentait une certaine diversité géographique française.
En Russie, nous avons des amis avec lesquels nous devons garder contact.
La logique des sanctions nous entraîne dans une spirale qui n’est bénéfique pour personne, ni la France, ni ses entreprises.
Nous sommes venus pour tenter de donner un autre son de cloche et faire évoluer l’opinion publique.
Qui trouverait normal que le Sénégal ou le Sri Lanka ait quatre ministres étrangers occidentaux naturalisés dans la nuit ? Tout le monde dirait que c’est scandaleux et néo-colonialiste.
Les élus essayeront de faire partager leur impression dans les médias.
L’excellente blogueuse Karine Golovko synthétise différemment la visite des députés :
il n’y a pas d’occupation de la Crimée par les forces russes ;
la population de Crimée est heureuse d’être de retour au sein de la Russie et le déclare spontanément elle-même ;
les médias français présentent une vision déformée de la réalité ;
il faut lever des sanctions économiques qui n’ont aucun fondement et sont préjudiciables au développement et à l’implantation des entreprises françaises en Russie, qui perdent des parts de marché face aux entreprises allemandes, par exemple ;
les sanctions prises par la Russie ne sont qu’une réponse aux sanctions adoptées par les pays de l’UE.
il faut de toute urgence rétablir la coopération à tous les niveaux, notamment institutionnels entre nos deux pays. Exemple : le groupe parlementaire d’amitié franco-russe est mort depuis deux ans puisqu’il n’y a plus aucun échange.
Très curieusement, aucun media français d’aucun type n’a estimé nécessaire ou intéressant d’évoquer la visite des députés en Russie alors que ces derniers sont les premiers officiels européens à fouler le sol de la Crimée russe. Imaginerait-on la presse russe censurer un voyage de députés russes à l’étranger ?
Que peut-on conclure sur ce déplacement en Russie d’élus français majoritairement proche de la droite populaire ?
Tout d’abord, que la France prouve par cette action son statut de partenaire privilégié de la Russie que ce soit sur le plan économique, diplomatique ou diplomatique.
La Crimée est définitivement russe et ce fait géopolitique sans doute douloureux pour certains, pas pour les Criméens cela dit, motive étrangement plus le mainstream et nos intellectuels que le vol du Kosovo à la Serbie après 78 jours de bombardements totalement illégaux.
La politique de sanctions n’a eu aucune influence sur la politique russe, bien au contraire. Elle a en revanche contribué à affaiblir les positions et intérêts français en Russie, portant atteinte à l’intérêt national.
Les élus français mettent la diplomatie de leur pays en face d’une réalité difficile à nier : la politique française sur l’affaire ukrainienne a été une erreur grossière, la France s’étant totalement fourvoyée sur ce dossier.
En ouvrant une brèche diplomatique forte, notre nation confirme son statut de puissance souveraine et diplomatique. La France initie de la sorte une nouvelle trajectoire diplomatique, trajectoire qui sera demain un impératif pour toute l’Europe : redéfinir une nouvelle relation avec la Russie.