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Plus de 1 700 ponts risquent de s’effondrer en France, selon un rapport parlementaire

Nous vendra-t-on la privatisation comme solution ?

État inquiétant, dégradation, manque de moyens : un rapport du Sénat dénonce l’état catastrophique des ponts en France. 25 000 d’entre eux présentent des problèmes de sécurité, et environ 1 700 pourraient même s’effondrer.

 

Un rapport sénatorial sur l’état des ponts français dresse un constat accablant et établit des prévisions inquiétantes. Pas moins de 25 000 d’entre eux font face à des problèmes de sécurité. Plus de 1 700 ponts risquent même de s’effondrer, si l’on en croit l’enquête menée par le Sénat.

Mathilde Panot, députée La France insoumise (LFi), s’en est émue dans un tweet. Elle a blâmé le « résultat d’une politique de désinvestissement massif et de perte d’expertise publique sur les infrastructures.  »

L’effondrement du pont Morandi à Gênes en août 2018, conduisant à la mort de 43 personnes, avait fait redouter qu’une telle catastrophe puisse avoir lieu en France. La commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat avait donc créé une mission d’information sur la sécurité des ponts le 3 octobre 2018. Hervé Maurey, sénateur centriste de l’Eure, a présidé ce travail de dix mois d’enquête exposé le 27 juin.

Les ponts sont à 90 % gérés par les collectivités territoriales, qui n’ont guère les moyens de débourser les budgets correspondants. Au sujet des ponts gérés par l’État, au nombre de 24 000, le rapport note une « dégradation lente mais continue de leur état ». Seuls 11 % d’entre eux seraient dans un état jugé satisfaisant. A contrario, dans un audit externe mené sur les ponts de l’État, le ministère chargé des Transports a évalué que « dans 7 % des cas, les dommages sont plus sérieux, présentant à terme un risque d’effondrement ». Cela représente environ 1 700 ouvrages susceptibles de s’écrouler.

 

Des ponts en fin de vie, et pas assez de moyens pour les restaurer

Les parlementaires notent que la politique actuelle en France consistant à se concentrer en priorité sur les ponts en très mauvais état contribuait à laisser les autres ouvrages se dégrader. Ailleurs, par exemple en Allemagne, la démarche serait plutôt de maintenir les ponts en état satisfaisant, plutôt que de ne s’attaquer qu’aux plus menacés. En outre, l’État montre peu de diligence à entreprendre les réparations.

Ceci implique qu’« au moins 25 000 ponts sont en mauvais état structurel et posent des problèmes de sécurité et de disponibilité pour les usagers (7 % des ponts de l’État, 8,5 % des ponts des départements, et probablement 18 à 20 % des ponts des communes et de leurs groupements) ».

Et ce constat des sénateurs ne relève pas de l’imprécation. En mai 2018, un mur de soutien du pont de Gennevilliers, sur l’A15, a cédé, heureusement sans faire de victimes. Et à Beumontel (Eure), un des piliers du pont s’est écroulé dans la rivière en août 2018.

 

Les raisons de cette détérioration

Pourquoi les pont de France sont-ils si dégradés ? Un certain nombre de ces ouvrages sont en fin de vie, la durée moyenne de vie d’un pont n’excédant pas 70 ans. Certains ponts en métal et béton de première génération, construits avant 1975, se sont avérés très sensibles à la corrosion et au vieillissement.

Et pour y faire face, l’État n’a consacré en moyenne que « 45 millions d’euros par an à l’entretien de ses ouvrages d’art ces dix dernières années ». Le rapport épingle ce sous-financement et conseille de doubler le montant alloué, sachant que le budget des collectivités territoriales est également en baisse. D’ailleurs, « un certain nombre de communes et d’intercommunalités ont des ponts en mauvais ou très mauvais état et sont dans l’incapacité de réaliser les travaux de réparation dont les coûts sont prohibitifs ».

Pour remédier à cette situation de détérioration générale, les auteurs du rapport préconisent un « Plan Marshall » pour « l’entretien des ouvrages d’art à 120 millions d’euros par an » et « un fonds d’aide aux collectivités territoriales doté de 130 millions d’euros par an pendant dix ans ». Ils conseillent également des mesures structurelles, afin de planifier une sortie « d’une culture de l’urgence » au profit d’un suivi raisonné d’un plus grand nombre d’ouvrages.

 

La privatisation des communs, sur E&R :

 






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