Découvrez la traduction ERTV du documentaire américain
Out of Shadows
Analyses critiques du film Out of Shadows
Ma première impression sur ce film a été globalement positive, mais j’ai remarqué tout de même un certain nombre de problèmes qui m’ont mis la puce à l’oreille et m’ont incité à le revoir d’un œil critique.
Le film est assurément très bien fait, et a certainement bénéficié d’un budget conséquent, dont on aimerait connaître l’origine. Il est, je dirais, trop bien fait, dans le sens où la forme cache la vacuité et la duplicité du fond, comme je vais le montrer. À mon avis, cette vidéo est un bon cas d’école pour développer notre sens critique et réfléchir aux buts et aux méthodes de l’opposition contrôlée.
L’intérêt d’une vidéo, en général, réside dans les propos des personnes s’y exprimant, et dans la valeur informative des images qui l’illustrent. Les vidéos d’Alain Soral montées par l’équipe multimédia ERTV sont exemplaires de ce point de vue. En revanche, il faut se méfier des vidéos surchargées en images purement décoratives, et autres effets visuels et sonores, qui ont tendance à bombarder le spectateur de stimuli et submergent facilement ses capacités rationnelles par l’impact émotionnel des images, de la musique, de la voix, etc. Dans Out of Shadows, un très grand nombre d’images ont une valeur informative nulle, mais une grande puissance émotionnelle. Une telle vidéo peut donner facilement l’illusion de transmettre des informations crédibles, alors que son contenu est vide ou son argumentation trompeuse. D’une part, l’affirmation la plus banale peut apparaître comme un scoop extraordinaire. D’autre part, on peut facilement faire croire à des liens entre des choses qui n’en ont pas, simplement par exemple en parlant d’une chose tout en montrant autre chose. Là où, dans un texte écrit, il faut justifier rationnellement comment on passe d’un sujet à un autre, il est très facile dans une vidéo de se passer d’argument : la transition des images suffit à établir un lien dans l’esprit du spectateur passif. Ce genre de techniques est récurrent dans le film Out of Shadows, comme nous allons le voir.
Mais soulignons pour commencer l’un des procédés qui rend cette vidéo très efficace : l’histoire personnelle de Mike Smith qui sert de toile de fond narrative. C’est l’histoire d’un homme qui a réussi sa vie. Il mène une vie absolument fascinante, au milieu de gens beaux, riches et célèbres. Mais sa carrière est brisée par un accident. Il souffre énormément. Au fond du trou, Mike va remettre en question sa propre vie, « rencontrer Dieu » (« I found God » 10:40), et devenir un chercheur de vérité (« I started searching for the truth » 11:40). Dans son « éveil » (« my awakening » 9:40), il n’est pas tout seul. Son « thérapeute du plancher pelvien » (une femme invisible et anonyme, tel un ange) l’a aidé par ses prières à chasser les mauvais esprits qui le possèdent et à ouvrir les yeux sur la nature maléfique du monde dans lequel il vivait. Un camarade, Brad Martin, fait aussi le chemin à ses côtés.
Très belle histoire, assurément. Très divertissante. Attendrissante. Mike nous met dans sa poche, on veut s’identifier à lui, comme à tout personnage principal dans un bon film. De plus, l’histoire est relativement plausible. Mais, premièrement, on n’est pas venu pour écouter l’histoire de Mike, encore moins pour se divertir, mais au contraire pour se poser la question, énoncée dans l’introduction : « Est-ce que le divertissement n’est pas davantage que du divertissement ? » Deuxièmement, comment savoir si l’histoire de Mike Smith est vraie ? Admettons que l’élément principal, l’accident qui l’a obligé à mettre fin à sa carrière de cascadeur, soit vrai. Le reste l’est-il nécessairement ? Que penser de cette thérapeute du plancher pelvien qui répare des enfants violés par les satanistes d’Hollywood, mais n’en a parlé qu’à Mike Smith ?
Mike Smith n’est pas seulement cascadeur, il est aussi acteur. Il suffit de le comparer à son pote Brad Martin, qui lui n’a sans doute jamais pris de cours d’art dramatique. Comparer leur façons de parler et de se comporter devant la caméra, et demandez-vous si le film aurait eu la même efficacité si Brad avait été le personnage principal de l’histoire plutôt que Mike. Mike est un pro. Personnellement, je crois qu’il joue un script, et je vais en donner quelques indices.
La question de la crédibilité des protagonistes du film est cruciale. Outre Mike Smith, le film repose sur deux whistleblowers qui nous révèlent leurs secrets d’initiés : Kevin Shipp, qui a quitté la CIA pour déballer ses turpitudes, et Liz Crokin, une journaliste télévisuelle bannie des grands médias pour avoir enquêté sur le Pizzagate. Pour juger ce film, il est indispensable de chercher sur Internet quelques informations sur ces deux personnages.
Voilà ce que donne une rapide recherche : Kevin Shipp a probablement travaillé à la CIA, et est l’auteur d’un livre intitulé In from the Cold. CIA Secrecy and Operations : a CIA Officer’s True Story. Le problème est que, d’après ce que j’ai pu en voir, ce livre est totalement creux. La CIA ne traite pas bien ses employés : voilà ce que nous apprend l’auteur, qui estime avoir été lui-même mal traité. Le reste est une compilation de faits connus et rabâchés. Absolument rien de nouveau. On peut d’ailleurs s’en rendre compte dans le film : y a-t-il la moindre chose dans les propos de Shipp qui ne soit pas connue depuis les années 1970 ? Je pense qu’on peut parler dans ce cas-là d’un fake whistleblower – ou vrai joueur de pipeau.
Liz Crokin est encore plus suspecte. Avant sa « conversion », elle n’a jamais été journaliste d’investigation, mais incarnait tout ce qu’il y a de plus superficiel dans l’information mainstream. Je ne trouve pas trace de son prétendu travail d’investigation sur le Pizzagate. À ma connaissance, elle n’a joué aucun rôle dans la révélation de l’affaire auprès du grand public. Et le seul livre qu’elle a écrit sur tout ce qu’elle a découvert est… un roman. Par contre, on trouve une abondance de propos tenus par elle qui démontrent soit un esprit fragile, soit une intention secrète de discréditer les sujets qu’elle traite. Ici, par exemple, vous l’entendrez attribuer son accident de surf à la magie noire pratiquée par Hillary Clinton, et d’autres délires de ce type. Liz Crokin a récemment déclaré savoir de source sûre que les élites se shootent à l’adrénachrome, une drogue extraite de la glande pituitaire d’enfants torturés. C’est comme ça que des stars comme Tom Hanks auraient attrapé le Covid-19 : bien fait pour eux ! (voir à 50 minutes de cette video d’Adam Green) Ce genre de théories ne peut avoir qu’un seul but : pourrir le Pizzagate. Et c’est un fait que Liz Crokin facilite le travail de tous ceux qui veulent réduire le Pizzagate à une fake news. Il y a le complotisme sain et le complotisme pathologique, souvent destiné à contaminer le premier. Crokin appartient clairement au second genre. Mon impression est que, comme Mike Smith, Liz Crokin fait toujours partie du monde du mensonge qu’elle prétend dénoncer. Mes prédictions sont les suivantes : on va prochainement annoncer la disparition de Liz Crokin, ce qui va booster sa crédibilité. Quant à Mike Smith, il va continuer à travailler pour les mêmes.
Examinons maintenant le film étape par étape.
Introduction du narrateur : l’entrée en matière est habile, car on sent d’emblée que ce film veut nous emmener très loin. On pense inconsciemment à la métaphore de la Matrix. La variété, l’étrangeté et la rapidité des images qui défilent (certaines sans rapport évident avec les paroles), donnent l’impression que toute notre réalité connue va être bouleversée. Un grand voyage en perspective ! La voix et la musique produisent par-dessus ça une très forte impression. Maintenant, lisons le script :
« Pourquoi croyez-vous ce que vous croyez ? Parce que, à un certain moment dans votre vie, vous faisiez confiance à l’information que quelqu’un vous donnait. Et cette personne à qui vous faisiez confiance vous a dit qu’une voiture était une voiture, un arbre était un arbre, un oiseau était un oiseau, et que la chose bleue au-dessus de nous est le ciel. Et c’est ainsi que nous commençons à déterminer ce que nous croyons être un fait. La plupart des choses que nous croyons être factuelles dans notre vie, nous sont racontées par nos histoires ou les informations que nous entendons. Donc ma question est : s’ils nous trompaient, avec les histoires qu’ils nous racontent, est-ce qu’on serait capable de le reconnaître ? »
Question rhétorique vaguement sensée, mais tout de même pas très futée. On a envie de demander : tout ça pour ça ? On peut aussi trouver étrange que le fait de questionner les médias soit associé au fait de remettre en question tous nos repères, de nous dépouiller de tous nos critères de vérité. C’est infantilisant et manipulateur, presque hypnotique. Je pense que cette première minute, qui a nécessité un travail considérable, donne le ton du film, et je conseille de la visionner plusieurs fois avec un esprit critique, pour prendre conscience de la force manipulatrice des images et de la voix.
01:00 : Introduction de Mike Smith. L’entrée en matière de Mike Smith est classique : il se défend d’être un théoricien du complot. D’accord, mais pourquoi passer de Bigfoot, Flat Earth et les Aliens au 11 Septembre et JFK ? Il y a déjà ici un problème sur lequel je n’ai pas besoin d’insister. Mike nous parle sans cesse de ses « recherches personnelles », et se présente donc comme un authentique chercheur de vérité. « En faisant des recherches, j’ai réalisé que… » Mais apparemment, ses recherches ne l’ont pas conduit à questionner la vérité officielle sur le 11 Septembre ou Kennedy.
01:36 : La CIA. Le premier thème abordé est celui de l’implication de la CIA dans les médias et l’industrie du spectacle. Le message est banal. Les images sont d’une valeur informative extrêmement faible : une lettre du vice-président de Walt Disney au FBI affirmant que le cinéma peut être un moyen d’influencer la pensée des gens ; un personnage de film évoquant « la CIA qui déstabilise les pays étrangers » ; puis un tweet commentant un film dont le héros est un agent de la CIA ; enfin l’image du quartier général de la CIA. Tout cela n’a strictement aucun intérêt du point de vue informatif. Mais son but est ailleurs : on note qu’à ce stade, le commentaire n’a pas encore fait référence à la CIA. Il s’agit donc d’une manière de programmer inconsciemment le spectateur à répondre de lui-même à la question « Who is influencing our content ? » (3:10), et à approuver la réponse de Shipp à la question : « Is the CIA involved in Hollywood ? – Yes » (3:15) À ce stade, le thème de la CIA est interrompu par le témoignage de Mike.
03:25 : Histoire de Mike Smith. Comme je l’ai dit, son témoignage est émouvant, mais sans rapport avec le sujet. C’est du pur divertissement, dont le but est de nous conditionner à écouter ce que Mike a de si important à nous dire, à accueillir à cœur ouvert cette connaissance qu’il a acquise au prix de tant de souffrances et de recherches.
12:10 : L’information proprement dite reprend. Mais, sans s’en rendre compte et sans transition aucune, on est passé d’un questionnement sur l’influence du gouvernement sur l’industrie du spectacle à une idée infiniment plus radicale : « En faisant mes recherches, nous dit Mike, j’ai commencé à comprendre : il y a un très petit groupe de gens qui influence toutes les compagnies que nous regardons. » On brûle de savoir de quel « petit groupe de gens » il veut parler. Le saura-t-on à la fin du film ?
D’abord est évoqué le lien entre Disney et le FBI. Se pose alors la question : « Est-ce que le gouvernement influence nos histoires ? » (14:26). Kevin Shipp nous apprend que la CIA cherche depuis les années 1940 à influencer l’industrie du spectacle, au départ pour le moral des troupes : sans blague ?
Toute l’argumentation qui suit est basée sur des exagérations et des artifices sophistiques, visant à amener le spectateur à confondre la thèse minimale et évidente : « La CIA cherche à influencer les médias et l’industrie du spectacle », avec la thèse maximale et problématique : « La CIA contrôle les médias et l’industrie du spectacle. » Avec ce genre de confusion logique, on peut prétendre démontrer à peu près tout et n’importe quoi.
Notons d’abord, à 15:20, l’utilisation biaisée d’un document de l’OSS : il n’est pas dit dans le document que le gouvernement contrôle l’industrie du film pour « la guerre psychologique » (psychological warfare), mais que « le cinéma est l’une des armes de propagande les plus puissantes à la disposition des États-Unis. » Il y a une nuance : le terme « propagande » n’a pas encore, dans les années 40, le sens très négatif qu’il a aujourd’hui. Le mensonge est répété à 16:36 par Mike Smith qui brandit un papier et nous assure qu’il y est écrit que le cinéma est utilisé pour la « guerre psychologique ». Il ment. Plus probablement, il récite un script, et n’a pas lu le papier qu’on lui a mis entre les mains.
À 17:00 est évoquée l’idée qu’Allen Dulles aurait « recruté » Ian Flemming. Là encore, exagération. Que la CIA et Ian Flemming aient échangé des services est une chose. Que Flemming ait été au service de la CIA est déjà tout autre chose. Mais ce qu’il faut surtout comprendre, c’est qu’un cas ne permet pas de généralisation. Ce type de raisonnement trahit toujours un manque de rigueur scientifique, soit par amateurisme soit par malhonnêteté intellectuelle. Si l’on y réfléchit un peu, l’addition du cas Flemming et du cas Chase Brandon (21:09) ne prouve pas grand-chose, sinon qu’il arrive que la CIA parvienne effectivement à influencer l’industrie du spectacle pour se donner le beau rôle. Qui pourrait en douter ? Quel organisme, d’ailleurs, ne cherche pas à faire exactement la même chose ? Avec le même genre d’argumentaire, je peux vous démontrer que l’Église catholique contrôle les médias et le cinéma. À moins que ce soit le lobby des marchands d’épinards.
D’une manière générale, c’est une évidence que la CIA cherche depuis toujours à influencer la presse et le cinéma, ne serait-ce que pour se présenter sous un jour positif, et plus largement dans le cadre de la propagande la plus classique consistant à glorifier les États-Unis et diaboliser ses ennemis. Cela prouve-t-il que la CIA contrôlent les médias et l’industrie du spectacle ? Bien évidemment non. Nous savons tous très bien quelle communauté contrôle très largement les médias et Hollywood, même si la plupart d’entre nous fait semblant de ne pas le savoir : ce n’est pas la « communauté du renseignement ».
Dans des écrits passés, j’ai souligné que l’impact de l’Opération Mockingbird (bien connue depuis 1975, donc rien de nouveau ici) a été très surestimé, et ce, par la presse elle-même, dans le but évident de cacher l’influence autrement plus déterminante du sionisme. On le constate dans la biographie officielle de la patronne du Washington Post Katherine Graham, écrite par Deborah Davis en 1979. Rien n’y est dit de l’agenda sioniste, alors qu’on y apprend que des journalistes du Washington Post était contrôlés (owned) par la CIA. D’ailleurs, si le Washington Post est contrôlé par la CIA, comment se fait-il qu’ils publient le 22 décembre 1963 un article de Truman mettant en cause la CIA, cité dans le film (20:36) ? Depuis le Watergate, la CIA est l’organisme le plus vilipendé par la presse mainstream. Typique des procédés souvent employés pour surévaluer le contrôle de la CIA sur la presse, on trouve dans ce film (18:14) une fausse citation de William Casey, directeur CIA 1981-87 : « We’ll know our disinformation program is complete when everything the American public believes is false », une phrase rapportée initialement par Barbara Honegger longtemps après la mort de Casey, et dont l’authenticité est très douteuse. C’est à rapprocher de la fameuse fausse citation d’un autre ancien directeur de la CIA, William Colby, lui aussi mort lorsque cette citation est apparue : « The CIA owns everyone of any significance in the major media. » Ceux qui répètent ces citations bidon sont soit des sionistes, soit des idiots utiles du sionisme.
21:50 : Je passe sur le discours totalement creux de Brad Martin sur la corruption du monde, qui revient sur les liens entre Disney et la CIA : Quel scoop ! Plus loin (37:18), Martin trouve satanique que la maman de Bambi soit morte au début du film : salaud de Walt Disney ! Mais quel rapport avec la CIA ?
25:16 : Opération Paperclip : rien de nouveau dans ce que Shipp nous dit de l’opération Paperclip, sinon des exagérations et un cas flagrant de mensonge historique, avec le prétendu lien entre Allen Dulles et Heinrich Himmler (26:09). C’est avec cette très grosse ficelle qu’est introduit le thème de la complicité entre la CIA et les nazis.
On a aussi droit au cliché sur les expérimentations nazies sur les humains, avec pour seul argument des images de bâtiments présentés comme « locations for medical experiments on human beings » (26:45).
À 27:02, Mike Smith nous dit : « L’un des programmes sortis de l’opération Paperclip est MK-Ultra. » C’est absolument faux. Je me tue à le répéter : MK-Ultra était supervisé par le docteur Sidney Gottlieb, qui n’était pas nazi mais fils d’immigrants juifs hongrois.
On détecte encore une volonté de camoufler l’influence sioniste sur les médias, lorsque sont évoqués les cas de David Sarnoff, fondateur de NBC (35:48), et de William S. Paley, fondateur de CBS (35:56), présentés comme des cadres du complexe militaro-industriel. C’est de la désinformation caractérisée : en réalité, aucun des deux n’a fait carrière dans l’armée, mais tous deux sont des fils d’immigrants juifs, respectivement de Russie et d’Ukraine. Paley se nommait originellement Paloff. On ne pourrait citer de meilleure illustration du caractère fallacieux de la thèse juive du contrôle des médias par la CIA.
38:29 : Le satanisme : l’Église de Satan fondée par Anton LaVey relève du phénomène sectaire comme il en existe beaucoup aux USA. C’est aussi, pour une large part, du folklore et du spectacle. C’est tout aussi nauséabond que d’autres aspects du satanisme hollywoodien, mais c’est une piste superficielle qui ne peut en aucun cas nous mener jusqu’aux sphères des élites criminelles. On peut en dire autant de Michael Aquino (39:40), qui exhibe religieusement son couteau ayant appartenu à un officier SS pratiquant la magie noire (41:45) ! On est dans un genre particulier d’imagerie d’Épinal.
On a droit alors à un laïus sur Himmler et ses fameuses expérimentations maléfiques visant à créer une race de seigneur, avec pour preuve une photo de son château d’allure lugubre. On pense à Dracula ou Frankenstein. Pure mythologie signée de ceux qui, depuis 70 ans, sanctifient leur propre communauté en diabolisant l’ennemi qu’ils ont vaincu. Cet amalgame classique entre nazisme et satanisme est absolument grotesque, et cela devrait mettre sur ses gardes quiconque a un peu réfléchi à la fabrication de la légende noire du nazisme – le pendant de la légende blanche de ses ennemis.
Remarquons aussi qu’on est passé insensiblement de la CIA au satanisme sans qu’on nous explique le rapport. L’argumentation implicite semble être la suivante : la CIA cherche depuis la Seconde Guerre mondiale à influencer les médias et le cinéma. Mais la CIA a des liens secrets avec le nazisme, qui lui-même pratique le satanisme. Donc la CIA est la source du satanisme hollywoodien. Avec le volet suivant, nous sommes amenés à ajouter la pédophilie de réseau à l’équation. CIA = Nazis = Satanistes pédophiles = Eux.
Après quelques minutes sur le rôle (incontestable) de la CIA dans la culture du LSD, avec l’incontournable évocation du cas Jim Morrison en 45:18 (son père était impliqué dans la fausse attaque du Golfe de Tonkin ; oui, et alors ?), on aborde enfin les sujets sérieux.
47:05 : Jeffrey Epstein et les réseaux pédophiles d’élites : Kevin Shipp nous parle des honey pots (traquenard sexuel à but de chantage). Puis Mike Smith nous présente Liz Crokin, sur laquelle j’ai déjà dit ce qu’il faut savoir. Son traitement de du Pizzagate est honnête, il faut le reconnaître. Mais aura-t-on une allusion aux liens d’Epstein avec Israël ? Bien sûr que non ! Shipp nous a assuré que faire chanter les politiciens par le sexe est une spécialité de la CIA.
En conclusion :
L’aspect le plus problématique de cette vidéo est son insistance sur des crimes nazis réels ou supposés qui n’ont absolument aucun rapport avec le Pizzagate, Epstein et Hollywood. Le spectateur qui s’est laissé mener par l’argument de ce film se dit qu’Epstein est un nazi de la CIA.
C’est n’est pas simplement un défaut de détail du film. C’est une signature. Diaboliser le nazisme – au sens littéral ici puisqu’on insiste pour lier nazisme et satanisme – sert toujours à sanctifier le peuple élu. La légende noire d’Hitler est l’indispensable faire-valoir de la légende blanche d’Israël.
Le nazisme n’a aucun rapport avec le satanisme. En revanche, de nombreux épisodes historiques et scandales récents font entrevoir un lien organique entre le culte du dieu d’Israël et le satanisme. C’est pourquoi l’accusation de satanisme lancée contre l’ennemi archétypal du peuple élu me semble le comble de l’inversion accusatoire. Il ne faut avoir aucune complaisance avec les clichés absurdes sur le nazisme avec lesquels la vraie race des seigneurs d’aujourd’hui nous matraque pour entretenir son propre statut victimaire et désarmer toute critique. Il y a un sérieux travail de réinformation à faire de ce côté, tant ces clichés sont acceptés même dans la dissidence. Il n’est pas question de sanctifier Hitler, ni même de l’innocenter, mais simplement de combattre le discours irrationnel sur lequel repose la religion de la Shoah, l’instrument principal de notre oppression.
Je pense que ce film est une production de l’opposition contrôlée par le sionisme. Comme le savent bien tous les Rudy Reichstadt, le complotisme le plus sérieux a une tendance à converger vers la piste d’Israël. Des efforts considérables sont donc faits pour l’en détourner et pointer du doigt tout et n’importe quoi. La CIA est un coupable de choix depuis les années 60. Qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit ; la CIA est un monstre, mais la CIA n’est pas le cœur du problème de notre monde. La CIA ne contrôle ni la presse, ni Hollywood, et ne promeut probablement pas le satanisme et la pédophilie. Et l’on peut en dire autant de « l’État profond » – à moins que l’État profond se confonde avec le pouvoir juif.
Dans I am Fishead un film de 2011 qui peut tout à fait être comparé à Out of Shadows par son style et ses méthodes, les coupables de tous les maux sont les psychopathes. Ici, ce sont les pédophiles satanistes (et/ou la CIA et ses nazis). Le principe est le même. Il n’est pas question de nier l’existence des pédophiles satanistes, ni des psychopathes, mais de comprendre comment ce film s’en sert pour détourner l’attention loin de la communauté des élus, par exemple dans l’affaire Epstein, et plus largement dans le contrôle des médias et d’Hollywood. Out of Shadows est un chef d’œuvre dans l’art de ne pas nommer Israël.
Ce film est une production du réseau de QAnon, qui depuis quatre ans annonce que le monde sera sauvé dès que Trump aura neutralisé le réseau des criminels satanistes qui gouvernent le monde, ce qui ne saurait tarder (la dernière prophétie de QAnon l’annonçait pour Pâques 2020). Liz Crokin est elle-même une fervente adepte de QAnon. C’est pourquoi le regard critique que je porte sur Out of Shadows m’incite à la prudence sur tout ce qui émane du mouvement QAnon.
J’ai moi-même été un temps intrigué par QAnon, en raison notamment de ses nombreuses références à JFK. Je reconnais aussi la valeur du travail d’Alexis Cossette, que j’ai découvert grâce à E&R. Mais je constate aussi que les exégètes des messages cryptiques de QAnon manquent souvent de rationalité, et gravement pour certains. QAnon a tout du « maître caché » de l’occultisme sectaire. Par exemple, la rumeur selon laquelle JFK Jr. aurait simulé sa mort en 1999 et se cacherait maintenant derrière QAnon, rumeur très relayée par Liz Crokin, n’est pas sans résonances christologiques. Je soupçonne là une manipulation, plutôt qu’une expression spontanée du culte populaire des Kennedy, qui est une force positive en soit.
L’insistance sur la dimension littéralement satanique de la criminalité des élites est aussi, peut-être, à voir comme une stratégie démobilisatrice. D’une part, combattre Satan est une façon de ne rien combattre du tout. Mais surtout, Satan est réputé très puissant, il fait peur, et la peur paralyse ; « Ces gens-là sont trop puissants, il faut prier. » Le message adressé par certaines vidéos prosélytes de QAnon (comme par exemple celle-ci et celle-là, toutes deux sous-titrées en français) semble être : « Ne faites rien. Trust the Plan. Et ne cherchez pas la vérité, elle va bientôt vous être servie sur un plateau ! Tout deviendra clair. » Des membres de l’équipe de Wikileaks soupçonnent une opération pied piper (« joueur de pipeau »).
***
Réalisé, produit et diffusé par une mystérieuse « équipe de professionnels éveillés, indépendants et patriotes » (et manifestement chrétiens), le documentaire Out of Shadows dispose du cocktail parfait pour enivrer son coeur de cible : l’Américain moyen tendance redneck, voire le middle-class imprégné de valeurs religieuses. L’électeur de Trump, quoi !
Pris en tant que tel, le documentaire n’apporte rien de particulier aux lecteurs francophones informés qui suivent sérieusement le travail d’E&R et de Faits & Documents. Il aurait même tendance à agacer par son décalage – très américain – entre une grande et jouissive efficacité formelle et une profondeur de vues exagérée. En somme, les « révélations » d’Out of Shadows laissent le chercheur de vérité français sur sa faim.
Dans une autre séquence historique, ce film pourrait être considéré comme une énième voie de garage proposée au peuple par l’opposition contrôlée. Mais dans une perspective dialectique, il prend une autre dimension et s’intègre possiblement dans un agenda. L’agenda des hauts responsables des services de renseignement militaire qui ont propulsé un candidat anti-État profond à la tête des États-Unis en 2016 et qui comptent bien le faire réélire en 2020...
De ce point de vue là, le documentaire a potentiellement deux énormes qualités :
il mobilise les électeurs de Trump en jouant sur des leviers efficients en fonction de leur sociologie : lutte contre le mal et les représentants de Satan, défiance envers les grands médias et Hollywood, fantasme (ou réalité) de l’omnipotence des services secrets. C’est moins précis et subtil que de cibler les tentaculaires ramifications du lobby kabbalisto-sioniste international, mais c’est plus mobilisateur, moins diabolisant et ça revient finalement au même !
il constitue un avertissement à l’intention de l’État profond oligarchique. Un message du genre : « On a les moyens de faire plus ». Oui les protagonistes de ce documentaire sont des acteurs et des sources de seconde zone qui agitent des gros drapeaux et tirent sur des grosses ficelles, mais il est évident qu’avec toutes les preuves des malversations de « l’élite » dont disposent les hautes instances dirigeantes américaines patriotes, ils peuvent passer à la vitesse supérieure. Imaginez qu’ils diffusent les fameuses cassettes d’Hillary Clinton ou des extraits des souterrains de l’île de Jeffrey Epstein, qu’ils ouvrent ou réouvrent des enquêtes sur le 11 Septembre, sur l’assassinat de JFK, sur le financement de Daech, sur le pillage de l’Ukraine par le Parti démocrate, sur l’espionnage de Donald Trump par l’administration Obama, etc.
À quelques mois des élections et alors que les citoyens de l’Amérique réelle forment des milices armées pour échapper à la dictature de l’OMS, la diffusion gratuite (donc potentiellement massive en période de surconsommation de vidéos due au confinement) d’un film presque « grand public » incriminant la clique Epstein et mettant sur la piste du Mossad ne doit pas être du goût de tout le monde !
On peut reprocher au film de ne pas nommer directement l’ennemi, mais les jalons de compréhension sont posés pour qui veut approfondir : Epstein, Weinstein, David Sarnoff, William S. Paley, Clare et Sara Bronfman, Nancy Salzman, Abramović, Anton LaVey (de son vrai nom Lévy)...
Alors ne boudons pas notre plaisir et ne demandons pas à Trump de se présenter comme un révolutionnaire antisémite, ce qu’il n’est effectivement pas. Mais force est de reconnaître que les opposants au Nouvel Ordre mondial que nous sommes boivent du petit lait depuis 2016 : mise à bas des traités de libre-échange, démonétisation des structures mondialistes, stabilisation du Proche-Orient, dévoilement des réseaux pédo-satanistes, et demain peut-être la reprise du pouvoir sur Big Média, Big Pharma et Big Banque (la FED). Bill Gates sera d’ailleurs peut-être le prochain à tomber, lui l’épouvantail goy du pouvoir profond...
La meilleure manière d’apprécier Out of Shadows est encore de le visionner avec cette grille de lecture : c’est à nous de clairement désigner l’ennemi car nous sommes la véritable avant-garde de la dissidence mondiale. Nous sommes le chaînon manquant entre le peuple et l’élite. Nos camarades du peuple américain n’ont pas notre niveau de conscience, mais ils ont une élite qui a pris le démon par les cornes et de ce point de vue, on ne peut que les envier !
À revoir, l’analyse d’Alain Soral sur le Pizzagate (décembre 2016)
Une vidéo sous-titrée en anglais par ERTV pour montrer la voie à tous les hommes de bonnes volontés, qu’ils soient américains ou français !