L’avion F-35 Lightning II, pour lequel le Pentagone a investi 390 milliards de dollars, n’est pas encore en service opérationnel que, déjà, il est question d’imaginer, aux États-Unis, la prochaine évolution de ce que sera l’aviation de combat à l’horizon 2030.
De par ses caractéristiques, qui font la part belle à la furtivité, le F-35 est un appareil dit de 5e génération, tout comme le F-22 Raptor. Outre ces avions conçus par Lockheed-Martin (et grâce auxquels l’industriel a pu présenter des résultats légèrement en hausse en 2014), l’on compte les J-20 et J-31 chinois ainsi que le T-50/ PAK-FA que la Russie est censée développer avec l’Inde (dans les faits, il en va autrement).
Aussi, pour le Pentagone, il s’agit d’avoir quelques coups d’avance sur le plan technologique, afin de s’assurer que son avion « continuera à dominer le ciel malgré le développement de ce que l’on appelle la 5e génération de chasseurs furtifs par la Chine et d’autres », comme l’a expliqué Frank Kendall, le responsable des acquisitions au sein du département américain de la Défense.
Du coup, pour l’année fiscale 2016, le budget de base du Pentagone devrait augmenter afin de remédier au sous-investissement dans le développement de nouvelles armes en « faisant des investissements ciblés dans les domaines que nous jugeons être de la plus haute priorité », a indiqué Bob Work, le secrétaire adjoint à la Défense. Et la mise en point d’un avion de combat de 6e génération en fait partie.
L’annonce de ce programme a été faite par Frank Kendall, lors d’une audition du comité des Forces armées de la Chambre des représentants. Ce responsable a livré peu de précisions, si ce n’est que la Darpa, l’agence de recherche et de développement du Pentagone, va évidemment jouer un rôle central étant donné qu’elle a commencé à travailler sur les technologies pouvant être utilisées pour un tel projet via l’« Air Dominance Initiative », en collaboration avec l’US Air Force et la US Navy, lesquelles planchent déjà sur le F-X et le F/A-XX (ce dernier devant remplacer les F/A-18 Hornet et Growler).
Pour le moment, les caractéristiques que devra présenter ce chasseur de 6e génération sont vagues. L’on sait que l’US Navy avait demandé un appareil pouvant opérer depuis un porte-avions et devant fournir une suprématie aérienne, avec des moyens de frappe dans un environnement A2AD (anti-access/area denied).
Tout dépendra des menaces futures et des technologies disponibles. L’on peut imaginer qu’un tel avion – toujours furtif – serait susceptible de « s’auto-réparer » grâce à une cellule à base de nanotubes de carbone (BAE Systems a imaginé un tel concept). Selon les missions, il pourrait embarquer un équipage ou bien être piloté à distance et avoir recours à des armes à énergie dirigée ainsi qu’à de capteurs plus performants. Quant à ses performances, il est possible qu’il soit en mesure d’évoluer à des vitesses supérieures à celles des avions actuellement en service. Et plus longtemps. Bref, le champ des possibles est ouvert.
Cependant, il y a un bémol. Après l’explosion du coût de développement du F-35 (qui le programme d’armement le plus cher de l’histoire), qu’en sera-t-il pour ce F-X de 6e génération ?
« Comparant l’évolution du coût unitaire par rapport au temps, [...] nous observons que le coût d’un avion tactique a été multiplié en moyenne par 4 tous les dix ans. En extrapolant le budget de la défense selon les tendances de ce siècle, on découvre qu’en 2054 la courbe du coût d’un avion rejoindra celle du budget. Ainsi, au rythme actuel, le budget de la défense entier ne permettra d’acheter [en 2054] qu’un seul avion tactique », dit la loi fameuse loir de Norman Augustine, ancien directeur de Lockheed Martin et secrétaire de l’US Army dans les années 1970.