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La musicienne révisionniste Alison Chabloz libérée sous caution

À ce jour, ma troisième expérience de la prison a été finalement la moins désagréable. En effet, comparé à mes deux premières incarcérations de novembre 2016 (six heures) et d’octobre 2017 (48 heures), tous deux dans des cellules de police, ma courte présence à HMP New Hall a été un vrai plaisir.

 

Cellule individuelle et chauffée, télévision, bouilloire, oreiller, couette épaisse, matelas, e-cigarette, vue sur la ligne d’arbres de l’enceinte et compagnie furtive d’un écureuil ou d’un pigeon ramier. Un peu de repos n’était pas de trop après les péripéties de mon voyage avorté à Paris le mois dernier.

HMP New Hall était jadis un camp de formation et, pendant la guerre, un camp d’entraînement. Mes trois nuits se sont passées dans l’aile réservée aux détentions provisoires, la plus pénible et la plus bruyante, où la plupart des nouveaux détenus sont initialement envoyés avant d’être transférés dans l’une des ailes normales.

J’ai fait tête basse la plupart du temps, sauf après que l’on m’eût refusé un appel téléphonique. J’étais résolue dans ma protestation, ce qui signifie que j’ai finalement été ramenée dans ma cellule. Le lendemain matin, mercredi, j’ai finalement été autorisée à téléphoner à la maison. J’ai été troublée d’apprendre qu’une autre nouvelle détenue avait été placée en détention provisoire dans l’attente d’un procès relativement à un rôle présumé relativement mineur dans une infraction liée à la drogue, ce qui signifiait la séparation de sa fille de deux ans et de son bébé de quatre mois. Les autres nouvelles arrivantes étaient des habituées : des toxicomanes pincées pour vol à l’étalage ou cambriolage. Ces femmes ne semblaient pas mécontentes d’être de retour derrière les barreaux, bien au contraire. « C’est comme ça que je peux me passer de la drogue », m’a confié une femme, comme si le système pénitentiaire fournissait au moins un cadre en mesure de structurer ces vies chaotiques.

La plupart des détenues sont des filles du Nord de la classe ouvrière, d’âges variés. J’ai remarqué deux ou trois Polonaises, des Noires, des métisses et même des musulmanes asiatiques en tchador.

La prison est en sous-effectif : 140 gardiens pour 400 détenues, avec moins du tiers en service à la fois. Le personnel était clairement épuisé à la fin de ses quarts de travail. Mais ils étaient gais, gentils et, dans la plupart des cas, professionnels. Idem pour le personnel médical, en particulier l’infirmière Jane. Les prisonniers et le personnel étaient surpris d’apprendre mon histoire et j’ai même dû pousser la chansonnette pour les convaincre !

J’étais préparée psychologiquement et donc je me suis adaptée aussi bien que possible. Il n’est pas difficile d’imaginer que des femmes plus vulnérables auraient peut-être eu du mal à supporter la situation. Puis vint la nouvelle que je devais être libérée sous caution inconditionnelle. La procédure m’obligeait à attendre encore deux heures et demie avant de revoir enfin mes parents qui avaient dû franchir le col Woodhead pour venir me chercher à la porte de la prison.

De retour dans mes pénates, j’ai pris connaissance de la presse et des commentaires des lecteurs. Le ton vindicatif des articles de la grosse presse contrastait avec les commentaires modérés. Sans surprise, la presse n’a pas mentionné que j’avais été libérée sous caution en attendant la décision de la cour d’appel. Les commentaires étaient plus nuancés voire favorables.

Un grand merci à mes chers parents, à mon avocat Adrian Davies, à l’avocat Kevin Lowry-Mullins, et à ceux qui ont fait le déplacement lundi dernier pour me soutenir. Merci également à tous ceux qui ont relayé l’information et fait campagne sur les réseaux sociaux. Après des débuts difficiles, la semaine s’est finalement bien terminée, même si lundi dernier a eu ses moments de gloire, comme l’illustre l’anecdote suivante, un indice qui me dit que je suis sur la bonne voie.

Ce lundi, l’agente de sécurité du tribunal qui m’a menottée était la même qu’en 2017. Elle m’avait alors menottée au centre de détention provisoire de Chesterfield. Nous nous sommes reconnues en lui rappelant qu’elle m’avait félicitée deux ans auparavant pour avoir osé dire tout haut ce que tout le monde pensait tout bas.

La prochaine date prévue sera l’audience de mon appel devant la Haute Cour de Londres, le 31 octobre prochain, journée très spéciale d’Halloween et bien sûr du Brexit. Affaire à suivre.

Alison Chabloz

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