Depuis le début de la crise ukrainienne et surtout l’annexion de la Crimée par la Russie, l’Otan a annoncé des mesures dites de « réassurance » à l’intention de ses pays membres d’Europe de l’Est, qui craignent d’être à leur tour victimes de tentatives de déstabilisation de la part de Moscou.
C’est ainsi que la mission de police du ciel Air Baltic menée au profit des États baltes a été renforcée, que des avions AWACS ont été déployés pour la surveillance de l’espace aérien ou encore que des navires ont été envoyés dans les eaux de la Baltique (SNMCMG1, groupe de lutte contre les mines) et en mer Noire.
Par ailleurs, à des fins d’exercices, les États-Unis ont décidé d’y affecter des troupes terrestres (600 hommes), de même que la Canada (un peloton). Est-il question d’aller encore plus loin, alors que le spectre de la guerre civile plane sur l’Ukraine ?
« Nous suivons de près l’évolution des événements dramatiques qui se déroulent à l’Est de l’Ukraine et nous restons particulièrement inquiets pour les habitants », a affirmé, le 6 mai, le général Philip Breedlove, le commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR), lors d’une conférence de presse donnée à Ottawa, en présence du général Tom Lawson, le chef d’état-major canadien.
Quant à la question si l’évolution de la situation en Ukraine est susceptible de faire évoluer le dispositif de l’Otan en Europe de l’Est, le SACEUR a répondu que « nous devrions y réfléchir ».
« Je pense que nous avons besoin d’évaluer notre réactivité, notre disponibilité et notre positionnement des forces pour être en mesure de répondre à ce nouveau paradigme », a ainsi affirmé le général Breedlove.
Suite à l’effondrement de l’Union soviétique, a-t-il expliqué, l’Otan a considéré « la Russie plus comme un futur partenaire ». D’où, a-t-il poursuivi, la réduction des budgets militaires des pays membres (les fameux « dividendes de la paix ») mais aussi celle de « la structure de leurs forces et de leur positionnement ». Or, a estimé le général Breedlove, « la Russie n’agit pas en tant que partenaire » et « l’annexion de la Crimée (…) modifie cette dynamique ». Par conséquent, il est devenu nécessaire, selon lui, de réévaluer « la réactivité des forces de défense » de l’Alliance.
En réponse à ces propos, le vice-président du Comité de la Douma pour la Défense, Franz Klintsevitch, député de Russie unie (ndlr, le parti de Vladimir Poutine) a estimé, rapporte l’agence d’État Ria Novosti, que Moscou « mettra tout en œuvre pour opposer une réponse adéquate au projet de déploiement permanent des troupes de l’Otan en Europe de l’Est, y compris par le biais du déploiement de ses armements en Biélorussie. »
« Bien évidemment, nous expliquerons aux autorités de ces pays, y compris par les biais diplomatiques, que l’accueil d’installations de l’Otan sur leurs territoires place automatiquement ces pays sous le coup [d’une menace]. (…) Toute arme nucléaire moderne déployée sur le territoire letton signifie dans la pratique que la Lettonie n’existera plus (en cas d’une riposte russe, ndlr). Et il faut comprendre qu’il s’agit d’un problème sérieux pour ce pays et ses hommes politiques », a-t-il expliqué.
Sauf qu’il n’est pas question d’un déploiement d’armes nucléaires par l’Otan dans les pays baltes ou en Pologne…
« Ce n’est pas nous qui avons commencé. Sans doute, nous ferons tout pour que toute tentative de renforcer la présence de l’Otan près des frontières de Russie reçoive une riposte adéquate. (…) Nous disposons de dispositifs modernes et de capacités pour résoudre ce problème de manière adéquate », a encore affirmé le parlementaire, en accusant l’Alliance atlantique de vouloir déclencher « une nouvelle guerre froide ».
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