Ken Livingstone, ancien maire travailliste de Londres (2000-2008), s’est une nouvelle fois attiré les foudres des associations juives.
Invité sur la BBC le 6 mai dernier, Ken Livingstone a déclaré :
« Si l’on parle d’il y a 50 ans, la communauté des catholiques romains, la communauté irlandaise, la communauté juive étaient majoritairement en faveur du parti travailliste. La communauté des catholiques irlandais est toujours majoritairement pour les travaillistes parce qu’elle n’est pas riche. Alors que la communauté juive devenait plus riche, elle est passée à un vote en faveur de Thatcher, comme cela a été le cas à Finchley. La question déterminante n’est pas votre couleur ni votre religion, mais le niveau de votre revenu. Les gens votent en fonction de leurs revenus. »
Depuis février 2005, celui qui est surnommé Red Ken (Ken le Rouge) pour son passé trotskyste est la bête noire du Board of Deputies of British Jews (le CRIF local). Il avait alors comparé un journaliste de l’Evening Standard à un « criminel de guerre allemand » et à un « gardien de camp de concentration ». Comme ce journaliste était juif, l’affaire avait fait scandale et le 24 février 2006, Ken Livingstone avait été suspendu de ses fonctions de maire de Londres par l’Adjudication Panel for England (un tribunal qui juge les autorités locales), qui avait ainsi exécuté la demande du Board of Deputies of British Jews. Au terme d’un feuilleton judiciaire, la décision de l’Adjudication Panel fut toutefois annulée.
Il faut dire qu’en décembre 2005, deux mois avant le jugement, Livingstone avait institué une célébration annuelle de Hanoucca sur Trafalgar Square. Lors de l’inauguration du London Jewish Forum, le 7 décembre 2006, il s’excusera encore une fois auprès des membres de la communauté juive. Incorrigible, deux ans plus tard, « Red Ken » devait cependant attribuer sa défaite lors des élections municipales de Londres (2008) au Board of Deputies of British Jews.
D’une manière générale c’est son soutien à la cause palestinienne qui pose problème aux organisations juives. Soutien qui n’est d’ailleurs pas sans arrière-pensées électorales étant donné l’évolution démographique récente de la population londonienne. Cependant cet engagement tient aussi à ses positions de jeunesse. En effet, selon son biographe Andrew Hosken (Ken : The Ups and Downs of Ken Livingstone, 2008), Livingstone aurait été l’initiateur d’un dessin paru dans le journal Labour Herald en 1982 et caricaturant Menahem Begin en criminel de guerre nazi :