Alors que la saisie de bâtiments gouvernementaux et les protestations contre le régime gagnent du terrain en Ukraine, le gouvernement fantoche de Kiev et ses appuis impérialistes occidentaux intensifient de manière irresponsable leur politique agressive en risquant de provoquer non seulement une guerre civile de grande envergure en Ukraine mais une confrontation militaire avec la Russie qui est une puissance dotée de l’arme nucléaire.
Mercredi, les pays de l’OTAN ont intensifié les déploiements militaires dans l’ensemble de l’Europe de l’Est dans le but d’encercler la Russie. Six avions de combat multi-rôle McDonnel Douglas CF-18 Hornet, un avion-cargo C-17 et des centaines de militaires canadiens ont quitté la Roumanie qui a une frontière commune avec l’Ukraine et est située sur la côte Ouest de la Mer noire qui est d’une grande importance stratégique.
Quatre avions de combat danois ont aussi atterri mercredi sur la base aérienne estonienne d’Ämari.
« Nous transmettons un message à la Russie et nous rassurons nos alliés en montrant que nous agissons en insistant de manière cohérente sur ce que l’OTAN a dit, les actions de la Russie sont inacceptables sur ce point et nous envoyons un message très clair » a dit à CBC News le ministre canadien de la Défense, Rob Nicholson.
Dès lundi, la Grande-Bretagne et la France ont déployé huit avions de chasse en Lituanie et en Pologne. Selon les ministères britannique et français de la Défense, quatre avions de combat Typhoon britanniques ont atterri en Lituanie et quatre Rafale français à Malbork, au Nord de la Pologne.
Aujourd’hui, des avions de chasse polonais, britanniques et danois commencent à patrouiller l’espace aérien des Etats baltes, qui tous ont une frontière directe avec la Russie. Selon l’agence de presse ITAR-TASS, l’opération durera au moins quatre mois.
Lundi déjà, le dernier contingent d’un déploiement de 600 parachutistes américains était arrivé en Estonie. Les 150 soldats de la 173ème brigade d’infanterie de combat participeront en mai aux exercices de l’OTAN appelés « Tempête du printemps ».
Le général de l’armée de l’air américaine Philip M. Breedlove, le plus haut commandant de l’OTAN en Europe, a annoncé mardi que l’alliance militaire organisera des manœuvres en Pologne, en Roumanie, dans la région balte et de la Mer noire. S’exprimant de Lisbonne, il a réitéré le principe de « défense collective » de l’OTAN, c’est-à-dire que l’alliance aura recours à des représailles collectives si l’un de ses membres est attaqué.
Le bellicisme de l’OTAN intervient sur fond d’intensification des tensions militaires en Ukraine et des protestations anti-gouvernementales dans les provinces rebelles de l’Est du pays.
Les activistes pro-russes auraient occupé le bâtiment du gouvernement régional et se seraient emparé du quartier général de la police locale à Gorlovka, cité minière de l’Est de l’Ukraine qui compte près de 300 000 habitants.
Dans la grande ville industrielle de Luhansk, la police a remis son quartier général aux manifestants. Mardi, les foules avaient envahi le bâtiment gouvernemental de la ville en proclamant la « République populaire de Luhansk » et en annonçant des projets pour la tenue le 11 mai d’un référendum sur l’autonomie.
Alors que le régime droitier de Kiev perd de plus en plus le contrôle sur l’Ukraine orientale, il cherche désespérément à réorganiser son opération militaire anti-terroriste pour écraser les manifestations. La répression, qui a été planifiée lors de discussions avec des responsables occidentaux dont le patron de la CIA, John Brennan, et le vice-président américain, Joseph Biden, s’est interrompue lorsque l’armée ukrainienne a rencontré une vaste résistance populaire et que les soldats ont refusé de tirer sur les manifestants ou ont même fait défection pour rejoindre l’autre camp.
Hier, le président intérimaire, Oleksandr Turchynov, a dit que l’armée ukrainienne avait été placée en état d’alerte maximal. Le gouvernement de la ville de Kiev a annoncé que des exercices militaires étaient prévus dans le centre-ville de Kiev même, aujourd’hui aux premières heures de la matinée : « Dans la nuit du 30 avril au 1er mai, il sera procédé à des exercices tactiques spéciaux à Kiev. Il est envisagé que des colonnes de véhicules militaires se déplaceront dans la ville dans le cadre de ces exercices. »
S’exprimant mercredi devant les chefs des administrations régionales à Kiev, Turchynov a reconnu que Kiev avait perdu le contrôle de l’Ukraine orientale. Il a accusé les soldats et les policiers qui ont fait défection de « coopérer avec des organisations terroristes » terme employé par le régime fantoche de Kiev pour qualifier les activistes anti-gouvernement qui se sont emparés des bâtiments publics dans l’Est.
Il a menacé d’« empêcher la propagation de la menace terroriste à d’autres régions de l’Ukraine » en promettant que l’armée était prête pour la soi-disant « menace d’invasion russe. »
Il en a appelé au public pour accélérer la constitution de milices régionales loyales à Kiev. « Nous devons avoir la capacité de déplacer rapidement ces unités pour soutenir d’autres régions face à une telle menace » a-t-il souligné. Plusieurs milices de ce genre ont été créées en Ukraine orientale et qui sont menées par des oligarques du monde des affaires ou des responsables de la force paramilitaire fasciste Secteur droit.
Lors d’une réunion mardi du Conseil de sécurité de l’ONU, le représentant permanent russe à l’ONU, Vitaly Churkin, a mis en garde que « le régime de Kiev, encouragé par ses amis occidentaux, persiste à pousser le pays vers la catastrophe. »
Churkin a dit que quelques jours seulement après les pourparlers à Genève qui avaient pour but de soi-disant désamorcer le conflit, « il y avait eu une reprise de la soi-disant opération anti-terroriste essentiellement punitive. » Il a dit que « quelque 15 000 soldats, des chars, de l’artillerie, des avions, des unités de Secteur droit [un groupe fasciste qui a joué un rôle clé lors du coup d’Etat] ont été envoyés dans le Sud-Est de l’Ukraine. »
Alors que l’Ukraine sombre dans la guerre civile, les puissances occidentales attisent l’hystérie antirusse en cherchant à créer les conditions politiques pour un renforcement militaire permanent et un programme de réarmement dirigé contre une présumée menace russe.
Le secrétaire d’État américain, John Kerry, a parfaitement décrit, lors de son discours prononcé mardi devant le Conseil de l’Atlantique, groupe de pression basé à Washington, les « événements en Ukraine » comme étant un « appel à se réveiller ». Il a qualifié le territoire de l’OTAN d’« inviolable » et menacé être prêt à en « défendre chacun de ses constituants. » Comme d’habitude, Kerry a mis la réalité à l’envers pour justifier l’agression de l’OTAN contre la Russie.
Kerry a accusé la Russie de ne pas respecter l’accord de Genève en affirmant qu’il n’était « pas exagéré de dire qu’elle intensifie la crise encore davantage. » Il a cyniquement ajouté : « Ce que les actions de la Russie en Ukraine nous disent c’est qu’actuellement [le président Vladimir] Poutine est en train d’appliquer des règles de jeu différentes. Par son occupation de la Crimée et la déstabilisation qui s’en est suivie en Ukraine orientale, la Russie cherche à modifier le paysage sécuritaire d’Europe de l’Est et d’Europe centrale. »
« Et donc, nous nous trouvons à un moment décisif pour notre alliance transatlantique, et que personne ne s’y trompe, et nous sommes prêts à faire ce qu’il faut et nous ferons tout pour maintenir cette alliance. » Dans une menace à peine voilée contre la Russie, il a menacé de « repousser tous ceux qui veulent essayer de changer par la force les frontières souveraines. »
Les accusations de Kerry, passé maître dans l’art des mensonges et de la propagande, sont des âneries. La crise en Ukraine n’est pas la conséquence de l’« agression russe » mais d’une stratégie criminelle des États-Unis et de leurs alliés européens pour mettre en place en Ukraine, à la frontière de la Russie, un régime hostile et en fin de compte démembrer la Russie elle-même.
Ce n’est pas Moscou, mais les États-Unis et leurs alliés menés par l’Allemagne qui sont en train de changer « par la force les frontières » au moyen de provocations envers la Russie. Washington et Berlin ont d’abord manigancé le 22 février un coup d’État mené par les fascistes pour remplacer le gouvernement élu pro-russe de Viktor Ianoukovitch par un régime fantoche pro-occidental. L’Occident était parfaitement conscient que la mise en place d’un régime farouchement anti-russe à Kiev provoquerait une réaction tant de Moscou que de l’Ukraine orientale.
L’Ukraine est une ancienne république soviétique et la Crimée est l’emplacement historique de la principale base navale de la Russie. La population entretient, notamment en Ukraine orientale, des liens culturels et linguistiques étroits avec la Russie et n’est pas prête d’accepter un gouvernement comprenant des fascistes, des forces antirusses comme le parti Svoboda et la milice Secteur droit.
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