Qu’une nation, quelle qu’elle soit, privilégie ses nationaux plutôt que les étrangers résidant sur son sol, c’est la règle communément admise sur la planète. Ce fut même le cas en France, avec la loi de préférence nationale à l’embauche, votée au Parlement, en 1935, à l’instigation de la CGT, de Roger Salengro et d’un certain Léon Blum ; ces deux derniers n’étant pas, faut-il le préciser, des nazis furieux.
Il s’agissait déjà, ici comme partout ailleurs, d’empêcher un grand patronat de tenir l’immigration comme « armée de réserve du capital », pour reprendre l’heureuse expression de Karl Marx. Pourtant, si le débat demeure plus que jamais verrouillé en France, il semblerait qu’il soit un tantinet plus libre au Japon.
Ainsi, Ayako Sono (曽野 綾子), écrivain et conseillère du Premier ministre Shinzō Abe (安倍 晋三), vient-elle de créer un début de polémique en plaidant à la fois pour « une immigration de travail et pour la ségrégation ». Enfin, quand on évoque une « polémique », il ne s’agit que de celle suscitée en Occident, parce que là-bas, de polémique il n’y a pas.
La phrase qui a déclenché ce grand bazar, révélé par Le Figaro :
« Depuis que je me suis intéressée à la situation de l’Afrique du Sud, il y a vingt ou trente ans, je suis convaincue qu’il vaut mieux que les races vivent séparément, comme ce fut le cas pour les Noirs, les Blancs et les Asiatiques de ce pays. […] Les hommes peuvent faire beaucoup de choses ensemble : travailler, faire de la recherche ou du sport. Mais pour ce qui est de vivre, nous devons demeurer séparés. »