« Peu importe le président américain, quand il arrive au pouvoir, des hommes en noir viennent le voir et lui expliquer qu’il fera la politique qu’on lui dicte. »
Vladimir Poutine, interview de Tucker Carlson
Le mois dernier à peine, le président Donald Trump se trouvait en Arabie saoudite, promettant la fin de l’ère des « néoconservateurs » et un avenir « où des peuples de différentes nations, religions et croyances construiraient des villes ensemble, au lieu de s’anéantir à coups de bombes ». Aujourd’hui, il applaudit l’équivalent moyen-oriental de Pearl Harbor. Et selon certaines informations, il aurait utilisé la promesse de négociations comme écran de fumée pour lancer les premières salves de cette guerre.
Selon l’ex-analyste de la CIA Larry Johnson : « À partir de maintenant, aucun dirigeant mondial, en particulier Vladimir Poutine, ne croira plus rien de ce que dit Trump. »
Retour sur les faits
Dans la nuit du 13 juin, Israël lança une opération d’envergure contre la République islamique d’Iran. Baptisée opération « Lion dressé », en référence au Livre des Nombres – « Le peuple se lève comme une lionne, il se dresse comme un lion » –, cette attaque frappa Téhéran en plein cœur, sans sommation. Les bombes israéliennes éventrèrent les immeubles d’habitation, ensevelissant sous les gravats généraux, savants nucléaires et civils confondus. Des bases militaires furent visées à travers tout le territoire iranien, et Tel-Aviv claironne avoir endommagé l’installation stratégique de Natanz, cœur névralgique du programme nucléaire perse. Ce fut une frappe sèche, chirurgicale, préméditée – et la plus grande flambée de feu et de fer que le Proche-Orient ait connue depuis la guerre du Kippour.
Cette opération est le fruit mûr, sinon pourri, de l’échec annoncé des négociations entre l’Amérique et l’Iran. En avril, le président Trump, fidèle à son style d’homme d’affaire brutal, posa un ultimatum : l’Iran devait céder en soixante jours. Mais d’un côté comme de l’autre, l’intransigeance s’érigeait en doctrine. L’Iran exigeait la levée de toutes les sanctions, les États-Unis l’abandon total de l’enrichissement d’uranium. L’intransigeance était mutuelle, le compromis, impossible.
Israël, depuis toujours, voit dans un Iran nucléaire une apocalypse en marche. Mais attaquer sans raison aurait été une erreur fatale aux yeux de l’Histoire. Il fallait une cause. L’échec diplomatique fut cette cause, confectionnée de toutes pièces, offerte à Tel-Aviv comme un sauf-conduit. Les Américains, du bout des lèvres, donnèrent leur bénédiction. Et tout fut mis en scène : la fausse brouille entre Trump et Netanyahou, les entrevues secrètes, les petits arrangements entre faucons. Même l’annonce du mariage du fils du Premier ministre israélien servit de leurre pour masquer son absence. Pendant que les journalistes couraient après des anecdotes mondaines, les pilotes vérifiaient leurs tableaux de vol.
Le Jerusalem Post lui-même en convient : les autorités israéliennes mentirent sciemment à leur propre peuple. Et pendant que la presse colportait ces fables, l’aviation se mettait en branle.
Trump, toujours soucieux de préserver les apparences, déclara que les États-Unis avaient été informés, mais qu’ils ne participaient pas aux combats. L’élégance d’un complice qui garde ses gants blancs. La vérité ? La diplomatie est morte, et le glaive a repris ses droits. Et si Téhéran ne revient pas, humilié, à la table des vainqueurs, alors le feu s’élargira.
L’ampleur de cette offensive militaire, ses méthodes et sa soudaineté évoquent inévitablement la terrible opération japonaise contre Pearl Harbor, ce funeste 7 décembre 1941. Mais alors, le Japon d’Hirohito eut au moins la noblesse de déclarer formellement la guerre aux États-Unis dans les jours qui suivirent. Tel n’est point le cas du régime de Tel-Aviv : aujourd’hui, les guerres ne se déclarent plus, et c’est peut-être là leur sinistre avantage – car elles n’ont plus de fin.
Cependant, dans l’orgueil de leurs calculs assurés, ni Trump ni Netanyahou – ces deux sinistres architectes du chaos – n’avaient envisagé l’inattendu, cette riposte iranienne, foudroyante et d’une ampleur que les annales de l’histoire récente n’avaient jamais consignées. Ils avaient parié sur la terreur, ils ont réveillé le brasier. Il convient de rappeler aux Israéliens, qui célèbrent avec ivresse cette attaque contre l’Iran, que les Japonais aussi s’extasièrent le 8 décembre 1941, mais que ce jour fut le prélude de leur malheur. Cette guerre funeste, pour Israël également, se terminera dans le désastre.
Riposte iranienne
Moins de dix-huit heures seulement après l’assaut foudroyant lancé par Israël, voici que l’Iran réplique avec une fureur souveraine, déchaînant sur le cœur même de Tel-Aviv, sur toute l’étendue d’Israël, une pluie de centaines de missiles balistiques, parmi lesquels des armes hypersoniques, surgies comme un coup de tonnerre venu du fond des âges. Et le Dôme de fer, prétendue merveille technologique, vacille, chancelle, se brise – faillite éclatante des services de renseignement israéliens, aveu d’une vulnérabilité dont ils n’avaient jamais voulu mesurer l’ampleur.
D’innombrables images, désormais disséminées sur les réseaux comme des lambeaux d’un monde qui vacille, montrent l’éclat implacable des missiles balistiques iraniens frappant Tel-Aviv et Haïfa. Ce ne sont pas là des vues de propagande ou des fictions de guerre –ce sont des éclats d’évidence. L’on y voit les incendies s’élever, les façades crever, les structures s’écrouler, et dans le ciel noir, la guerre elle-même reprendre forme.
Un missile iranien a atteint ses objectifs en Israël.
???? ESCALADE MAJEURE AU MOYEN-ORIENT
Comme un air d’apocalypse…
L'Iran a lancé des centaines de missiles balistiques sur Israël en riposte aux frappes israéliennes sur ses sites nucléaires. Tel Aviv directement touchée.
Cette escalade sans précédent marque un tournant dans le… pic.twitter.com/JfRoK2WMOx
— GÉOPOLITIQUE PROFONDE (@GPTVoff) June 13, 2025
Un missile intercepteur israélien est tombé au sol à Tasmin, après avoir échoué à intercepter un missile iranien.
⚡️Un misil interceptor israelí se estrella tras un lanzamiento fallido — Tasnim. pic.twitter.com/UNsbI1xzCj
— Marian ???????????????? (@marianpy1) June 18, 2025
L’échec de l’interception israélienne : le missile décolle, puis pique du nez vers la terre.
???? L'échec de l'interception israélienne : le missile décolle, puis pique du nez vers la terre. pic.twitter.com/PHwZwVZZzX
— Press TV Français (@fr_presstv) June 17, 2025
Images de deux missiles balistiques iraniens contournant les intercepteurs israéliens et frappant la centrale électrique de Haïfa : les vidéos montrent clairement deux missiles balistiques iraniens évitant les missiles intercepteurs israéliens et atteignant leur cible.
Irán ???????? ha alcanzado con misiles hipersónicos el puerto y refinería de Haifa ???????? siendo completamente destruido pic.twitter.com/AwAfxmUAjz
— ????️ ????️ ????️ ????®️®️1️⃣ ????️ ????️ ????️ (@p4purrip0p) June 15, 2025
Un missile hypersonique iranien a frappé Haïfa.
Missile hypersonique filmé depuis la rue
Entre los múltiples misiles "normales", impacto increíblemente rápido de un misil hipersónico iraní en Haifa. Casi ni se ve... pic.twitter.com/xrvnWe525O
— FX_Z-2- ????????Феликс ???????? ???????? 门德斯 ???????? (@p69queosdenNAFO) June 16, 2025
Un missile hypersonique iranien a frappé Tel-Aviv
Un missile hypersonique iranien frappe Tel Aviv, pic.twitter.com/P9uHcsYfJn
— L'oeil Medias (@LoeilMedias1) June 15, 2025
Images impressionnantes du missile hypersonique iranien Khaybar-Shekan frappant sa cible à Haïfa. On remarque que l’arrivée de ce missile d’une précision redoutable a plongé la ville dans l’obscurité, coupant lumière et électricité.
Le bâtiment du Mossad à Herzliya a été atteint par une frappe précise iranienne.
Quatre ogives balistiques iraniennes frappent la base israélienne de Gligot. L’un des impacts aurait visé un centre logistique lié à l’agence de renseignement AMAN, responsable du renseignement stratégique, de la surveillance de l’Iran et, indirectement, du soutien informationnel à l’opération en cours.
Un immeuble touché par une frappe iranienne près de Tel-Aviv.
Missile hypersonique Fatah frappant quelque part en Israël.
L’Iran emploie une tactique d’attrition, en lançant des missiles de manière dispersée. Chacun de ces tirs a entraîné l’activation des systèmes de défense aérienne et de l’intelligence artificielle, forçant des millions de colons à se réfugier dans des abris pendant de longues heures.
La pression psychologique et technique s’est poursuivie sans interruption, l’ennemi ignorant le moment exact de la frappe principale – laquelle, d’ailleurs, n’est plus perçue comme véritablement principale dans son entièreté, car d’autres frappes sont à prévoir.
Une fois l’ennemi parvenu à un état d’épuisement complet, une frappe majeure, précise et concentrée a été lancée, contournant le Dôme de fer et atteignant ses cibles avec succès.
Comme nous pouvons le voir sur cette vidéo, les israéliens ne sont pas sereins et ont les nerfs à vifs. Images du chaos à l’intérieur des bunkers israéliens :
Los judíos se pelean por entrar en un bunker en Tel Aviv.
En tiendas de campaña me gustaría verlos como a los palestinos. Estos eran los "valientes" que iban con sillas para ver como bombardeaban Gaza.
Que basura tan despreciable. pic.twitter.com/VISpxTEIGC— Noticias del otro lado (@LadoNoticias) June 17, 2025


Cela pourra intéresser les esprits portés sur les chiffres : l’ensemble des missiles tirés depuis le début de cette séquence tragique s’élève à 450. Ce qui revient à dire que l’Iran conserve intacte sa capacité de frappe. La guerre d’usure, s’il le faut, peut durer. Il y eut, le premier jour, deux salves successives totalisant cent projectiles. Puis, quatre-vingts le deuxième jour. Quatre-vingt-dix le troisième. Quarante encore le quatrième. Et depuis, de petites décharges sporadiques, des vagues furtives, calculées.
Mais cette pluie d’acier n’est pas le fruit d’une panique. Elle est le fruit d’un plan. L’Iran ne frappe pas aveuglément ; il calcule. Il use de drones pour saturer les défenses, il répartit ses charges comme on répartit ses forces dans un siège de longue durée. Contrairement à ce que l’on imagine en Occident – où l’on croit toujours que l’Orient s’enivre de colère –, ici, le feu répond à une règle. Et de l’autre côté ? C’est Israël désormais qui s’épuise. Ses batteries antimissiles, si vantées par la propagande technicienne, s’amenuisent jour après jour. Le Washington Post estime qu’il lui reste à peine dix ou douze jours de capacité défensive soutenue [1]. Et dans le ciel israélien, les missiles iraniens glissent désormais comme des couteaux dans le beurre : ils passent, ils tombent, ils frappent.
L’Iran s’en est tenu jusqu’ici à une doctrine de discipline stratégique ; une doctrine qui, désormais, perd ses derniers habits de patience. L’ère de la résignation face au sabotage silencieux est révolue. La doctrine a changé. Téhéran a répondu. Non pas dans la réaction, mais dans le calcul. Il a démontré sa capacité à frapper de façon chirurgicale, psychologique, et avec retenue. Mais poussé à l’extrême, il ne tombera pas en silence.
Pourquoi la stratégie israélienne est vouée à l’échec ?
Il serait d’une hypocrisie confortable de ne pas reconnaître le degré remarquable de préparation dont ont fait preuve les forces armées israéliennes et leurs services de renseignement, dans l’exécution minutieuse de leurs opérations. Le zèle, la précision, le sang-froid : toutes ces qualités ont été au rendez-vous. Mais il serait d’une candeur suicidaire de croire qu’Israël agit seul. Le mal qui ronge la République islamique ne vient pas seulement du ciel, mais aussi de l’intérieur. Il y a là, à Téhéran même, un mal plus ancien et plus insidieux : celui de la trahison.
Des traîtres, tapis dans l’ombre, ont ouvert les portes. Ils ont facilité l’enracinement de cellules dormantes, permis leur mobilité, et trahi leur patrie pour servir la main étrangère. Mais même cela – même cette morsure douloureuse dans la chair de la nation – n’a pas suffi à infliger à l’Iran la défaite que d’aucuns attendent avec impatience.
Il faut dire la vérité nue, comme on regarde une plaine après la tempête : malgré la perte de hauts responsables iraniens, malgré les coups portés avec brutalité et célérité, malgré l’élan médiatique savamment orchestré autour de chaque frappe dite « chirurgicale », la portée stratégique demeure faible car la victoire, sur le terrain réel, est hors d’atteinte.
Lorsque Hassan Nasrallah, chef historique et figure tutélaire du Hezbollah, fut annoncé comme visé, la propagande annonçait déjà une ère nouvelle. Mais Israël n’a conquis ni Beyrouth, ni même le Sud-Liban. Il n’a pas brisé la résistance. Il n’a pas soumis l’ennemi. Il a seulement allumé un incendie qu’il ne peut plus contenir.
Même scénario à Gaza. Des frappes, des assassinats ciblés, des destructions d’une intensité barbare. Mais au bout du compte, la bande de terre rebelle, cette enclave de quelques centaines de kilomètres carrés, échappe toujours au contrôle israélien. Ce n’est pas faute d’avoir tué, c’est faute d’avoir compris.
L’attaque surprise israélienne, si bruyamment médiatisée, n’a pas brisé les reins de l’adversaire. Elle a seulement révélé l’inquiétante asymétrie des ressources et des coûts. Car que valent les missiles les plus chers du monde, quand une salve de trois projectiles iraniens bon marché contraint Israël à tirer quinze missiles d’interception, chacun à douze millions de dollars pièce ? Quelle guerre peut être gagnée ainsi ? Dans deux semaines à ce rythme, comme l’a noté la presse américaine elle-même, Israël aura épuisé son bouclier. Le ciel, ce ciel qu’il croyait tenir, lui deviendra étranger.
C’est d’ailleurs l’idée qu’a défendu Jacques Baud dans une vidéo récente. Cet expert du renseignement stratégique est un fin connaisseur des théâtres de guerre contemporains qui a vu de l’intérieur les logiques de pouvoir, les manipulations narratives et les dérives idéologiques de la géopolitique moderne (à partir de 46:30) :
« Et aujourd’hui on s’aperçoit que ce sont les Iraniens qui ont la maîtrise des choses. Et les Iraniens j’espère auront la même réaction que les Russes. Je rappelle [...] on a exactement la même chose avec les Ukrainiens : ils ne veulent pas négocier [...] Par conséquent, les Russes ont compris qu’il ne pouvait pas y avoir de solution à travers la négociation parce que les Ukrainiens n’étaient pas des négociateurs sérieux. Et par conséquent c’est ce qu’avait dit Vladimir Poutine il y a quelques temps dans une interview parce qu’on lui a demandé ce qu’il fallait faire avec l’Ukraine il avait dit « finish them off » : il faut les terminer, il faut les écraser. Je pense que les Iraniens arriveront à la même situation. Et parce qu’on a ce problème-là c’est qu’avec ces pays qui sont dominés par l’arrogance, c’est des gens qui n’accepteront jamais d’être dans une situation où ils devront négocier. Ils n’accepteront jamais. Vous pouvez prendre le problème comme vous voulez : vous pouvez signer tous les traités que vous voulez, ils ne les accepteront jamais. C’est-à-dire qu’ils les signeront, mais ils ne les respecteront pas parce qu’ils ont toujours l’impression qu’ils sont supérieurs, qu’ils sont au-dessus de ça. Donc la seule manière avec des États qui ont une telle arrogance, la seule manière de leur faire prendre raison, c’est de les écraser complètement, c’est de les détruire en fait. Et ça c’est ce que les Russes ont compris avec l’Ukraine C’est pour ça que aujourd’hui les Russes participent à ces négociations d’Istanbul qu’ils avaient voulu, mais ils savent que ça conduira à rien du tout. Et d’ailleurs les Ukrainiens ont dit qu’ils voulaient plus participer à ces réunions d’Istanbul. Par conséquent il ne reste qu’une seule solution : c’est de de leur faire rendre gorge entre guillemets. [...] Parce que c’est la seule manière de pousser les Israéliens à réaliser qu’ils ne peuvent pas dicter au reste du monde leur volonté. Et donc on est obligé d’aller un peu plus loin que nécessaire. Et c’est là qu’est un peu le problème d’Israël qui de nouveau n’a jamais respecté ses traités. [...] le fait que les négociations aient servi de couverture pour préparer une opération fait que ces négociations ont perdu toute crédibilité. Les Américains ont perdu toute crédibilité et les Israéliens aussi. Et puis [...] il était facile de jouer les forts à bras avec des Palestiniens qui n’ont pas d’armes. Et aujourd’hui – et on l’a vu – je l’avais évoqué déjà à plusieurs reprises dans les opérations promesse véritable 1 et 2 qui a eu lieu l’année passée où les Iraniens ont utilisé pratiquement les mêmes stratégies pour frapper Israël et avait démontré que les défenses anti-aériennes israéliennes étaient insuffisantes. Mais aujourd’hui de nouveau vous avez un pays qui est tellement convaincu de sa supériorité qu’il n’est même plus capable de faire l’évaluation de ses propres limites. Et on a vu cette fois-ci dans les frappes qui ont été menées par l’Iran exactement les mêmes stratégies qui avaient été utilisées dans les frappes précédentes et qui ont passé à travers les défenses antiaériennes israéliennes. Donc on voit qu’Israël est un pays d’abord dont les capacités militaires qui essayaient de vendre son Dôme de fer comme étant un truc impénétrable, et cetera, on s’aperçoit que c’est pas du tout impénétrable, que ça fonctionne même mal [...] Donc on est dans une situation où stratégiquement Israël s’est placé lui-même dans une situation défavorable, où les Iraniens ont une capacité de planification qui est beaucoup plus intelligente que l’est Israël. Donc ils ne vont pas détruire le pays simplement, le réduire en cendre comme feraient les Israéliens à Gaza. Les Iraniens ont une approche qui est beaucoup [...] plus habile. [...] La démarche iranienne est beaucoup plus fine que ce qu’on imagine et restreint considérablement les capacités de réponse des Occidentaux dans ce contexte. »
Les experts militaires le savent et le disent sans détour : la seule option, pour vaincre l’Iran, serait une invasion terrestre totale. Mais qui peut croire que Washington, Tel-Aviv et Londres, ces vestiges arrogants d’un monde unipolaire défunt, en ont encore les moyens ? Ils n’osent même pas affronter les Houthis du Yémen. Et ce seraient eux qui marcheraient sur Ispahan ?
Pourtant, tel est le chemin que semble vouloir prendre Donald Trump
Le masque tombe : Washington prépare la guerre sainte de Tel-Aviv
Le président des États-Unis s’obstine à vouloir faire aboutir ce qu’il appelle encore un « accord nucléaire » avec l’Iran, sous prétexte d’empêcher la République islamique d’accéder à l’arme atomique. Mais peut-on encore faire confiance à cet homme ? Les derniers événements ont prouvé que toutes les palabres diplomatiques n’étaient qu’une mise en scène : un théâtre d’ombres destiné à gagner du temps, pendant que les arsenaux de l’État hébreu se garnissaient, alimentés discrètement mais sûrement par le grand arsenal américain.
L’Iran ne compte pas se faire berner une seconde fois. Le New York Times – ce porte-voix de l’Empire qui parfois laisse filer quelques vérités – indique qu’en prévision d’un affrontement ouvert, l’Iran a d’ores et déjà préparé ses missiles et ses forces pour frapper les bases américaines dans toute la région, si Washington décidait de sortir de l’ombre et d’entrer en scène.
Mais Donald Trump ne se limite pas à lancer des ultimatums et des menaces à ces ennemis, il renie et tourne le dos à ses proches conseillers. Dans le huis clos métallique d’Air Force One, alors qu’il quittait précipitamment le sommet du G7 au Canada pour regagner Washington, un journaliste demanda au président à quel point l’Iran était, selon lui, proche de se doter de l’arme nucléaire. « Très proche », répondit-il, sec comme un ordre de feu. Lorsqu’un autre lui rappela les propos de Tulsi Gabbard – ex-élue démocrate et proche du renseignement américain – qui assurait que Téhéran ne poursuivait pas de programme militaire nucléaire, Trump coupa court : « Je me fiche de ce qu’elle a dit. Je pense qu’ils étaient très proches d’en avoir une. » Ainsi, pour la première fois depuis son retour à la Maison-Blanche, Trump reniait publiquement l’analyse de celle qui fut pourtant l’une de ses plus fidèles conseillères [2].
Pendant ce temps, au cœur des ténèbres du Proche-Orient, la guerre s’intensifie. Netanyahou, qui croyait qu’une guerre éclair suffirait à mettre Téhéran à genoux, a commis l’erreur des orgueilleux : croire que l’ennemi pliera sous les premiers coups. Il a oublié que la Perse n’est pas Gaza, que l’Iran est un peuple de martyrs et d’ingénieurs, de soldats et de sages, capable de rendre coup pour coup – et davantage.
Or, il devient de plus en plus évident que sans l’intervention directe du « Grand Frère » d’outre-Atlantique, le conflit prolongé dépasse largement les capacités des forces de défense israéliennes. L’État hébreu, isolé, risque donc de s’enfoncer dans une guerre qui pourrait lui coûter plus que sa puissance : sa survie.
C’est pourquoi, en urgence, l’armada américaine est rappelée. Le Navy Times, citant un responsable du Pentagone, annonce le redéploiement du porte-avions USS Nimitz, escorté de son groupe de combat, depuis les eaux du Pacifique jusqu’au théâtre moyen-oriental. L’arrivée est attendue pour la fin de semaine (Voir Annexe à la fin de cet article) [3].
Déjà, les destroyers USS The Sullivans et USS Arleigh Burke croisent en Méditerranée orientale, rejoints par le Thomas Hudner [4]. Dans le ciel, les F-16, F-22, F-35 patrouillent, accompagnés de ravitailleurs venus d’Allemagne, d’Espagne, du Royaume-Uni et de Grèce. La guerre s’orchestre, les lignes se tracent [5]. Le Pentagone envisage également l’envoi éventuel de bombardiers B-2 pour pouvoir frapper des sites iraniens profondément enterrés, même s’ils ne sont pas encore présents sur zone [6].
Ce déploiement militaire est le plus vaste jamais orchestré depuis 2003. Il est à la fois un signal, une menace, une supplique muette à l’ordre ancien. Washington veut rassurer ses vassaux, mais la dissuasion devient, à chaque heure, plus risquée. Le fil est tendu. L’incident devient fatalité.
Si Donald Trump, dans un sursaut de volonté brutale, décidait de franchir le seuil – celui de la parole vers l’acte, celui de l’avertissement vers la guerre –, alors quelles cibles l’Amérique de la fin choisirait-elle de frapper ? Il n’est pas dans les usages de l’empire de risquer la chair de ses soldats pour une cause dont il feint de croire à la sainteté. Point de débarquement, donc, point de longues colonnes motorisées serpentant à travers le désert.
Dans ses déclarations publiques, le président américain ne cesse de fustiger l’Iran pour son obstination à développer ses capacités nucléaires. Il nous est donc permis de penser que Washington prépare en réalité un assaut direct contre les infrastructures atomiques persanes, et plus particulièrement ces installations souterraines, enfouies sous la montagne, que l’État hébreu, malgré toute sa férocité, n’a jamais pu atteindre ni détruire.
Le site de Fordow, symbole de la résistance iranienne, demeure un bastion imprenable. Israël rêve de le réduire en cendres, mais privé du soutien sans faille de l’Amérique, cet objectif relève de l’utopie stratégique. Le New York Times révèle que Donald Trump envisagerait désormais de déchaîner sur ce repaire souterrain la plus redoutable arme anti-bunker de l’arsenal américain : la GBU-57, cette bombe monstrueuse capable de transpercer la montagne elle-même [7].
Ces machines de mort, lourdes et précises, sont portées par les ombres ailées des bombardiers furtifs B-2. Ces rapaces d’acier, noirs comme la nuit sans lune, doivent traverser des cieux saturés de pièges et de défenses antiaériennes, défiant la mort elle-même, afin que l’opération puisse se concrétiser.
Fait d’une gravité toute particulière, les bombardiers B-2A sont désormais déployés sur la base aérienne isolée de Diego García – un avant-poste lointain perdu au milieu de l’océan Indien. Jamais jusqu’ici n’avait-on réuni une telle force furtive sur un théâtre d’opérations à l’étranger.
C’est là un signe éclatant des temps : le voile se lève, la guerre technologique entre dans une nouvelle ère où les ténèbres se font armes, et où l’équilibre fragile du monde repose sur ces oiseaux noirs, seuls contre le silence et la fureur.
L’Iran n’est pas seul
Mais qu’adviendra-t-il ensuite ? Qui peut croire que l’Iran s’inclinera sous les bombes comme une province soumise ? Qui peut penser qu’un peuple dont l’histoire se compte en millénaires cédera à une frappe, aussi puissante soit-elle ?
On peut creuser la montagne. Mais peut-on crever l’âme d’un peuple ? Voilà ce que les stratèges de Washington n’ont jamais su comprendre. Voilà ce que Trump, en croyant briser Fordow, pourrait réveiller : non une capitulation, mais une guerre aux proportions oubliées.
Ce qui a retenu l’attention des observateurs militaires les plus avertis, ce ne sont point les gesticulations diplomatiques désormais routinières, mais bien la déclaration fulgurante du général-major Mohsen Rezaei, commandant du Corps des gardiens de la révolution islamique d’Iran. Celui-ci, s’exprimant à la tribune de la télévision d’État, a affirmé sans détour que si Tel-Aviv osait utiliser des missiles nucléaires contre la République islamique, alors l’Iran, par le truchement d’un engagement militaire du Pakistan, riposterait par le feu atomique.
« Le Pakistan nous a assurés que si Israël engageait l’arme nucléaire, il frapperait en retour avec ses propres armes nucléaires », a déclaré Rezaei. Avant d’ajouter, dans une vibrante invocation d’unité islamique : « Le Pakistan nous a promis de se tenir derrière l’Iran. Il est temps pour les nations musulmanes de faire front contre Israël. » [8].
Ces déclarations, rapportées par le Daily Mail, ont soulevé une série d’interrogations. Le ministre pakistanais de la Défense, Khawaja Muhammad Asif, surgit sur le devant de la scène, comme un acteur obligé à réciter une pièce qu’il n’a pas écrite. Démenti formel. Le Pakistan, dit-il, fidèle à ses engagements de non-prolifération, n’aurait d’yeux que pour sa propre défense [9].
Or – hasard ou manœuvre ? – le mercredi 18 juin, le président des États-Unis, Donald Trump, inscrit sur son agenda officiel une rencontre non point avec le chef du gouvernement pakistanais, mais avec le général Asim Munir, chef d’état-major de l’armée pakistanaise, élevé au rang de maréchal. On ne dîne plus avec les chanceliers, mais avec les hommes de caserne [10].
Depuis quand la Maison-Blanche, ce vestibule sacré de la démocratie américaine, s’abaisse-t-elle à recevoir un général à la place d’un chef d’État ? Ce fait seul mérite réflexion. Il faut comprendre ici que le Pakistan n’est pas une démocratie au sens occidental : sa façade civile obéit au bon vouloir d’un état-major tout-puissant, et c’est bien dans les salons feutrés de Rawalpindi que se décident les grandes lignes de sa politique extérieure, non à Islamabad.
La rencontre de Washington prend donc tout son sens : elle constitue, sans doute, une tentative de dissuasion diplomatique, une mise en garde murmurée dans l’ombre – et non pas adressée à l’Iran, mais à ses soutiens les plus ambigus. On vient prévenir, amadouer, voire menacer : le message est clair. Lorsque l’heure viendra pour Washington d’enclencher le brasier, il faudra que le Pakistan regarde ailleurs.
Mais Donald Trump parviendra-t-il à convaincre le général ? L’homme en uniforme échangera-t-il l’honneur du monde musulman contre les flatteries de l’empire ? L’avenir nous le dira. Mais l’Iran peut compter sur des alliés autrement plus solides, moins malléables, plus subtils. Car à l’ombre du fracas, des ombres chinoises s’activent.
Trois avions-cargos chinois, tous des Boeing 747, ont quitté la Chine pour l’Iran, en trois jours, selon des données scrutées par The Telegraph. Leur destination officielle : le Luxembourg. Mais leur trajectoire réelle dément la version diplomatique. Aucun d’eux n’a survolé l’Europe ; tous ont disparu du radar à l’approche de l’Iran. Des détours délibérés, des silences volontaires, des absences plus éloquentes que les discours.
S’agit-il de livraisons militaires, de renforts stratégiques, d’un message codé envoyé depuis Pékin à Tel-Aviv ? Tout semble l’indiquer. Les géants chinois transportent rarement des bouquets de fleurs.
Andrea Ghiselli, spécialiste des relations sino-orientales, l’admet à demi-mot : ces vols, leur timing, leur discrétion apparente, leur destination probable – tout cela laisse présager une implication progressive mais résolue de la Chine dans ce qui pourrait devenir un nouveau théâtre global [11].
Et la Russie, quant à elle, n’observe pas en silence. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergeï Riabkov, a formellement mis en garde les États-Unis : toute assistance directe à Israël serait une folie aux conséquences incalculables. Maria Zakharova, porte-parole du même ministère, a employé des mots que les chancelleries n’aiment pas entendre : « Le monde n’est plus qu’à quelques millimètres de la catastrophe. » [12]
Il convient de se souvenir que, dans le tumulte des six derniers mois, Moscou a déjà vu s’effondrer l’un de ses piliers au Levant : Bachar el-Assad. Renversé en décembre dernier par une conjonction de forces étrangères et de trahisons intérieures, le chef de l’État syrien, figure désormais d’un ordre balayé, n’a trouvé refuge que dans les neiges de Russie.
Ce précédent pèse lourd sur les réflexions du Kremlin. Car derrière le fracas des événements, Moscou perçoit, avec une inquiétude grandissante, le spectre d’un second séisme : la chute éventuelle de Téhéran. La seule perspective d’un changement de régime en Iran – ultime rempart contre l’unipolarité américano-occidentale au cœur du Moyen-Orient – fait frémir les stratèges russes.
Perdre, après Damas, l’allié perse, ce serait pour Moscou bien plus qu’un revers diplomatique. Ce serait l’ébrèchement d’un axe de résistance, la remise en cause d’un équilibre stratégique patiemment tissé au fil des décennies. Et dans cette guerre de nerfs qui précède les guerres ouvertes, la Russie sait que le silence précède souvent le déluge [13].
Derrière les accusations nucléaires se cache une voie ferrée
Un détail passé presque sous silence, mais dont la coïncidence n’est nullement fortuite, mérite qu’on s’y attarde : les premiers missiles qui ont frappé le territoire iranien ont été lancés au même moment – à quelques heures près – que l’inauguration d’une nouvelle ligne de chemin de fer reliant directement la Chine à l’Iran. Premier convoi parti de Xi’an, arrivé au cœur logistique iranien d’Abril le 25 mai 2025.
Cette voie terrestre, patiemment édifiée depuis 2021 à la suite de la signature d’un accord stratégique sino-iranien estimé à 400 milliards de dollars, est bien plus qu’un simple itinéraire commercial : elle est le fil d’acier d’un monde nouveau. Elle permet aux marchandises industrielles chinoises de parvenir directement en Iran, contournant soigneusement les bases américaines, les couloirs de surveillance maritime et le carcan invisible des sanctions occidentales.
Mais ce n’est pas tout. L’Iran, naguère cerné, réduit à l’état de paria logistique, devient soudain un nœud vital. Vers le sud, il se branche au corridor Nord-Sud, reliant la Russie, la mer Caspienne et l’Inde. Vers l’ouest, il ouvre un passage terrestre vers l’Irak, la Syrie, la Turquie et jusqu’aux rives du Levant. Vers l’est, il s’arrime aux artères continentales chinoises. Un basculement tectonique.

Ce chemin de fer ne transporte pas que des biens : il transporte une architecture, une vision, un défi lancé au monopole maritime anglo-saxon. Tandis que le détroit d’Ormuz et le canal de Suez restent sous la tutelle vigilante de Washington et de ses supplétifs, l’Iran, par ce contournement terrestre, brise son isolement. Il devient une charnière, un trait d’union entre l’Asie intérieure et le monde arabe.
Ce rail est un enjeu stratégique, comme le fut jadis le Bagdad Bahn, cette ligne de fer rêvée par l’Allemagne impériale, qui devait relier Berlin à Bassorah, et que la diplomatie anglaise, l’or de Londres et la guerre mondiale ont fait dérailler. À cette époque déjà, l’Occident avait compris que qui contrôle les voies de fer contrôle la paix ou la guerre. Rien n’a changé.
Ce n’est pas le programme nucléaire qui inquiète vraiment Washington – il n’a jamais inquiété personne raisonnablement informé. Ce qui affole, c’est l’infrastructure. La logistique. Le retour de la géographie dans le calcul des puissances. Ce que l’Amérique cherche à empêcher, ce n’est pas une bombe, mais un basculement, l’ascension d’un nouveau pôle.
Et voilà pourquoi les missiles ont sifflé sur l’Iran le jour où le train est entré en gare : parce qu’un monde s’efface, et qu’un autre naît. Parce qu’il faut – coûte que coûte – empêcher que l’Iran devienne le pilier logistique de cette Eurasie qui se cherche, se dessine et menace l’ordre ancien. Et les empires mourants, on le sait, tirent souvent plus vite qu’ils ne comprennent.
Conclusion olympique
L’armée d’Israël est une armée de sprinters : elle s’élance, frappe, fulgure. Elle brille dans l’instant, mais l’instant ne fait pas l’Histoire. À l’inverse, l’armée d’Iran est façonnée pour les longues distances : elle avance avec lenteur, mais elle ne faiblit pas. Dans la première escarmouche, Tel-Aviv a cru emporter la victoire comme un voleur emporte une montre – vite et sans résistance. Mais le temps, ce juge sévère, a retourné la scène : ce n’est plus le sabre qui domine, mais l’endurance.
Alors, devant l’essoufflement, Israël appelle à la rescousse : il tend la main non pas à ses voisins, mais à son maître d’outre-mer. Il supplie le coureur de fond yankee de prendre le relais, d’entrer sur la piste, de courir à sa place ce marathon qu’il ne peut mener. Mais l’Iran, lui, ne recule pas. Il campe sur son sol, il respire son air, et il sait que le terrain lui appartient. Mieux encore, il n’est pas seul : deux ombres l’accompagnent, deux vieux entraîneurs qui, déjà, ont résisté à d’autres empires. L’un parle le russe, l’autre le chinois – mais tous deux savent que l’heure du monde ne sonne plus à l’horloge de Washington.
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Annexe 1 : L’USS Nimitz et le risque d’un false flag
Le vieux cuirassé de l’Empire, le porte-avions USS Nimitz, cinquante années de bons et loyaux services, devait – selon les annonces officielles – être retiré du service l’an prochain. Un géant de fer, promis à la rouille ou aux cérémonies d’adieux. Et pourtant, voici qu’on le pousse une dernière fois vers la mer, qu’on l’achemine, dans l’urgence, vers le théâtre incertain du Proche-Orient, là où crépitent déjà les prémices d’une guerre ouverte.
Il faut poser la question que tous les esprits lucides murmurent à voix basse : pourquoi ? Pourquoi ce mastodonte fatigué, promis au silence des docks, se retrouve-t-il projeté au cœur de la tempête ? Se prépare-t-on à une opération sous faux drapeau ? Le Nimitz ne serait-il plus qu’un pion sacrificiel sur l’échiquier d’une manœuvre obscure ?
Le spectre d’un casus belli flotte sur les flots, prêt à surgir du brouillard de guerre comme dans ces romans d’un autre âge, où l’on tue non pour se défendre mais pour pouvoir attaquer. Ce ne serait pas la première fois. L’histoire récente l’a déjà écrit en lettres de sang : il y eut le USS Liberty, ce navire américain mitraillé sans pitié en 1967 par l’aviation israélienne, puis abandonné à la mer et au silence diplomatique. L’opération fut maquillée, les morts oubliés, et la vérité noyée dans les eaux troubles de l’alliance indéfectible. Aujourd’hui, les acteurs sont les mêmes, le scénario presque inchangé – seuls les décors ont vieilli.
Dans un de ces messages numériques que notre époque confond trop souvent avec la parole du sage, Ray McGovern, ancien analyste de la CIA – mais un homme à l’ancienne, de ceux qui ont vu les entrailles du Léviathan – a lancé un avertissement qui mérite d’être entendu : Israël préparerait une attaque sous faux drapeau contre l’USS Nimitz.

McGovern n’est pas un de ces hystériques du Net ou un vieux grognard de forum complotiste. Non. Il fut, pendant de longues années, la voix du renseignement américain murmurée à l’oreille des présidents. Chaque matin, c’était lui qui résumait au vieil acteur Ronald Reagan ce que le monde tramait. Et plus tard, c’est encore lui qui rédigeait, à la virgule près, le rapport que George Bush père – lui-même patron d’une CIA plus discrète qu’aujourd’hui – lisait avec gravité.
Depuis, McGovern a pris sa retraite et l’homme libre a remplacé le fonctionnaire de l’ombre. Il parle, et il accuse. En 2003, il fonde le groupe des Veteran Intelligence Professionals for Sanity et s’oppose à l’instrumentalisation des services secrets par le pouvoir politique.
Son avertissement, donc, n’est pas à prendre à la légère. Il ne s’agit pas d’un soupçon, mais d’une mise en garde informée, lancée par un homme qui sait comment l’on fabrique les casus belli, comment on déguise l’agresseur en victime, et la victime en menace. McGovern sait – comme tant d’autres que l’on a réduits au silence – que les États-Unis ne s’élancent jamais vers la guerre sans que l’on ait d’abord rédigé un bon scénario.
Alors, si demain l’USS Nimitz venait à être frappé par un « ennemi inconnu », et que les tambours résonnaient à nouveau dans les salons de Washington, souvenons-nous : l’ancien maître-espion avait prévenu. Et ceux qui prétendent défendre l’Occident en trahissent l’âme chaque fois qu’ils sacrifient la vérité à la stratégie.
