Egalité et Réconciliation
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Pourquoi la victoire du christianisme ?

Aucune foi ne rallie l’unanimité. Toujours il se trouvera des hommes pour s’accrocher à la religion de leurs pères, aux gestes et aux dieux qui leur furent transmis comme un héritage inviolable. L’anecdote du roi Radbod de Frise (679-719) le dit mieux qu’un traité : lorsqu’un missionnaire chrétien lui annonça que ses ancêtres brûlaient en enfer pour avoir été païens, le vieux chef bondit comme un lion. « Prêtre lâche ! Comment oses-tu dire que mes pères sont en enfer ? Plutôt – oui, par leur dieu, le grand Woden, je le jure ! – plutôt dix mille fois partager leur enfer de héros que goûter votre paradis de prêtres ! » [1] C’était là un refus royal, jeté comme une gifle à la face des envahisseurs d’âmes.

 

On parle beaucoup de la « conversion rapide » de l’Europe ; c’est un conte pour catéchisme. La réalité, comme l’a rappelé Laurent Guyénot, fut sanglante et interminable [2]. Dans maints pays, il fallut des siècles de bûchers et d’épées pour briser la résistance païenne et exterminer les lignées entières qui la portaient. Les derniers défenseurs de leurs dieux se battirent comme des loups acculés, avec cette fierté qui refuse qu’un empire étranger, fût-il drapé dans la croix, vienne dicter ses rites et ses lois.

Quand les menaces de l’enfer et les promesses de béatitude ne suffirent plus, on passa à l’étau : interdiction des prêtres païens, suppression des fêtes ancestrales, destruction des temples et des idoles, bannissement des « superstitions ». Défense faite aux païens de servir comme gardes du palais ou de tenir office civil ou militaire. Quiconque pratiquait sacrifices ou cultes anciens était condamné à mort. On pendait, on brûlait, on torturait hommes, femmes et enfants – chrétiens dissidents et païens confondus.

Sous l’autorité prétendument éclairée du « grand chrétien » Constantin, la chasse aux adorateurs de Mithra prit des allures d’extermination rituelle : on les traquait avec tant d’acharnement que nul, fût-il simple laboureur ou marin endurci, n’osait plus lever les yeux vers le disque éclatant du jour, ni interroger, la nuit, l’ordre immuable des étoiles – car un regard pouvait suffire à vous livrer au bourreau pour crime d’hérésie [3]. Les rares souverains qui, comme Julien l’Apostat (332-363), se souvenaient qu’un empire ne vit pas de persécutions mais de concorde, furent promptement réduits au silence. Et ainsi, cette « grande foi », dont les sermons promettaient l’amour universel, s’implanta dans le sang et la cendre, par les procédés que Thomas Doane, dans Bible Myths and Their Parallels in Other Religions, décrit avec l’âpreté qu’inspire l’énumération des supplices :

« En Asie Mineure, les populations furent persécutées par ordre de l’empereur chrétien Constantin : "Les rites du baptême étaient imposés à des femmes et à des enfants qu’on arrachait pour cela des bras de leurs amis et de leurs parents ; la bouche des communiants était maintenue ouverte par un instrument de bois, tandis que le pain consacré leur était forcé dans la gorge ; la poitrine de jeunes vierges était soit brûlée avec des coquilles d’œuf chauffées à blanc, soit inhumainement écrasée entre de lourdes planches aiguisées." […] Des persécutions, au nom de Jésus-Christ, furent infligées aux païens dans presque toutes les régions du monde alors connu. Même parmi les Norvégiens, l’épée chrétienne fut tirée. Ils restèrent farouchement attachés au culte de leurs ancêtres, et nombre d’entre eux moururent en véritables martyrs de leur foi, après avoir subi les tourments les plus cruels de la part de leurs persécuteurs. Ce fut par pure contrainte que les Norvégiens embrassèrent le christianisme. Le règne d’Olaf Tryggvason [960- 1000], roi chrétien de Norvège, fut en réalité entièrement consacré à la propagation de la nouvelle foi par les moyens les plus révoltants pour l’humanité… Les récalcitrants furent torturés à mort avec une férocité démoniaque, et leurs biens confisqués. Voilà quelques-unes des raisons "pour lesquelles le christianisme prospéra". » [4]

Et pourtant – retournons la médaille – si Rome était restée païenne, c’est le christianisme qui eût goûté l’éradication. Ceux qui aujourd’hui se drapent dans une compassion pour les « pauvres païens persécutés » auraient, à situation inversée, joué la même partition, et versé d’authentiques larmes sur la« “petite communauté sans défense » des adorateurs du Nazaréen. L’histoire n’a pas besoin d’être réécrite pour nous instruire : avant que Constantin ne fasse entrer la croix dans le palais, l’Empire n’avait guère pour les chrétiens que la tendresse du boucher pour l’agneau – un empressement ponctuel à les supprimer, et, disons-le, un savoir-faire reconnu.

Souvenons-nous : Néron, en 64, transformant les jardins impériaux en foire macabre où les corps des disciples du Christ, enduits de poix, brûlaient comme torches nocturnes. Domitien, vers 95, exilant ou exécutant ceux qui refusaient de sacrifier aux dieux de Rome. Trajan, en 112, ordonnant à Pline le Jeune de punir de mort tout chrétien obstiné. Marc Aurèle, le philosophe, laissant Lyon devenir un théâtre d’horreur où Blandine et ses compagnons furent livrés aux bêtes. Dèce, en 249, exigeant un certificat de sacrifice pour échapper à la prison ou au supplice. Valérien, en 257, frappant prêtres et fidèles d’une répression sans pitié. Et Dioclétien enfin, entre 303 et 311, lançant la « Grande Persécution » : églises rasées, Écritures brûlées, milliers de fidèles torturés et exécutés.

Les chiffres ? Ils se perdent dans les ombres, tant la légende et l’histoire s’entremêlent. Mais au plus fort des persécutions, les chrétiens n’étaient sans doute pas plus de 5 à 10 % de la population de l’Empire, soit cinq à six millions d’âmes au quatrième siècle. Les martyrs, eux, se comptèrent probablement par dizaines de milliers sur trois siècles, non par millions comme l’affirme la piété romancée : un tribut de sang assez grand toutefois pour nourrir les mémoires et tremper les symboles.

Qu’est-ce donc qui explique l’ascension vertigineuse du christianisme, avant même la conversion de Constantin ? Comment se peut-il qu’une petite secte, née dans les confins poussiéreux de l’Empire, encore indistincte aux yeux de beaucoup de la religion mosaïque, ait pu, en l’espace de quelques siècles, supplanter les cultes antiques, solidement enracinés dans les mœurs, dans les autels, dans l’imagination des peuples ? Pourquoi cette victoire du Christ, et non celle de quelque autre culte oriental, tout aussi riche de promesses mystiques et de visions de salut ?

Les croyants, sans l’ombre d’une hésitation, répondront : parce que l’Église fut conduite par la main invisible du Ressuscité, l’Agneau de Dieu, triomphant de la mort. Réponse de la foi, noble et admirable dans son éclat, mais qui n’offre guère à l’historien des religions le pain substantiel de l’analyse. Car ceux-là cherchent une autre lumière : celle qui, autant que possible, éclaire les causes humaines, les enchaînements visibles, les ressorts de l’histoire que nous pouvons toucher du doigt.

À cette quête se livra le sociologue Rodney Stark, dont les recherches, rassemblées dans L’Essor du christianisme, s’efforcent de dégager les raisons profondes – multiples, concrètes, parfois inattendues – qui expliqueraient comment cette foi des catacombes devint la foi des basiliques.

 

Première raison : un judaïsme soft

Le christianisme, tout d’abord, reprenait l’ossature du judaïsme, mais en la dépouillant des lourds désagréments qui, aux yeux du monde gréco-romain, accompagnaient la religion d’Israël. Le plus grave – et le plus visible – concernait les hommes : la circoncision. Dans l’Empire, on comptait nombre de païens séduits par le judaïsme : ils en aimaient le sabbat, l’élégance du monothéisme, la rigueur morale. Mais dans un monde où l’on se montrait nu au gymnase, la marque au couteau sur la chair prêtait à la moquerie. On riait, on pointait du doigt, et pour beaucoup cela suffisait à les détourner de la synagogue. D’autant qu’à certaines époques, l’Empire avait interdit la circoncision. Et il faut imaginer la brutalité de l’opération : lame de silex, plaie à vif sans anesthésie, avec des risques d’infections pouvant entraîner la mort.

Or le christianisme abolit ce scandale. On se sauve sans mutilation. Mieux : il supprime presque toutes les contraintes rituelles. Plus d’interdits alimentaires, plus d’obligations de pureté. Il suffisait de croire au Messie. Ainsi, le christianisme recevait du judaïsme une structure solide et majestueuse, mais débarrassée de ce qui rebutait, surtout les hommes, qui décidaient alors pour toute leur maison. Car les conversions se faisaient en bloc : qu’une dame de bonne famille changeât de foi, et la domesticité suivait ; qu’un notable se convertît, et toute la maisonnée – épouse, enfants, esclaves – adoptait la religion du maître (voir l’exemple de Corneille dans le livre des Actes des apôtres).

 

Deuxième raison : une initiation bon marché

Les rivaux du christianisme existaient : cultes à mystères, sanctuaires d’Isis, de Mithra, d’Adonis, d’Éleusis. Mais ces voies exigeaient de l’argent, du temps, des voyages. Le cycle d’Éleusis, le plus fameux, supposait pour l’initié de partir de sa ville – imaginons Carthagène –, de séjourner un mois à Athènes, de payer l’auberge, les sacrifices, les prêtres, les purifications, puis de revenir l’année suivante pour la cérémonie centrale, à nouveau coûteuse. Au bout, certes, on promettait l’immortalité de l’âme, la délivrance du cycle des renaissances, l’affranchissement de la tyrannie des astres, mais le prix restait lourd. Puis vint Paul. Et Paul dit : tout cela – l’immortalité, la résurrection, la délivrance –, vous l’aurez, gratuitement, sans voyage, sans taxe sacerdotale, simplement en croyant. Le coup était double : au polythéisme, il opposait le monothéisme ; au judaïsme, il ôtait l’obstacle de la circoncision et de la Loi ; aux cultes à mystères, il coupait la base économique. Ainsi s’explique la victoire.

 

Troisième raison : le pouvoir des femmes

Dans le monde antique, la femme est promise dès l’enfance. À Rome, en Judée, en Grèce, partout, l’âge de douze ans marque l’entrée au mariage. On attend, tout au plus, que la jeune fille ait ses premières règles ; mais dès lors, elle est l’épouse d’un homme qu’elle n’a pas choisi. Le christianisme, lui, la libère d’une part de cette fatalité : il lui laisse jusqu’à dix-sept ou dix-huit ans pour se marier, âge où l’esprit se forme et où l’âme peut consentir. C’est un changement imperceptible mais révolutionnaire.

Mais surtout, le christianisme condamne le meurtre des filles, cette coutume répugnante qui, faute de valeur accordée à l’enfant de sexe féminin, la jetait au cloaque dès la naissance. Car les filles survivaient mieux que les garçons ; ces derniers étant voués aux guerres et à ses risques. Aux premier et deuxième siècles, l’homme vit rarement au-delà de trente-neuf ans ; la femme, quinze ou vingt ans de plus. Donnez donc à la femme la protection de la loi, condamnez l’infanticide et l’avortement, et vous vous assurez à jamais sa reconnaissance et son ralliement.

 

Quatrième raison : l’unité des chrétiens

Lorsqu’une peste frappe une cité, les foules païennes abandonnent les malades à la contagion et à la mort. Les chrétiens, eux, résistent mieux. Habitués aux ablutions rituelles qui précèdent la communion et le partage du pain, ils se lavent les mains, ils se prémunissent mieux contre le bacille de la peste. Ils nourrissent le malade, l’isolent, le lavent. Les païens meurent en masse ; les chrétiens, eux, survivent en proportion plus grande. Après l’épidémie, quand la ville a perdu quarante pour cent de ses habitants, le pourcentage de chrétiens, lui, a augmenté. Non par miracle, mais par solidarité.

 

Cinquième raison : la certitude de la promesse

Le paganisme n’offrait rien, sinon des rites pour apaiser des dieux moqueurs. L’accès à l’Empyrée ou aux Champs Élysées, il fallait l’acheter au prix d’initiations obscures et coûteuses. Les dieux de l’Olympe aimaient à se rire des mortels ; la religion servait surtout à se préserver de leur sarcasme. À l’opposé, le Dieu du christianisme était la personnification de l’Amour qui s’était sacrifié pour sauver l’humanité. Il promettait le ciel, non comme une faveur aléatoire mais comme le salaire assuré de la fidélité. Certes, refuser d’encenser l’empereur exposait au martyre ; mais le prix, devant la récompense offerte, paraissait dérisoire. Et derrière cette promesse, toute l’éthique et toute la théologie du Nouveau Testament dressaient l’une des plus hautes cathédrales du génie humain.

 

Sixième raison : la sécurité sociale chrétienne

Les Juifs en avaient conçu l’idée ; les chrétiens l’érigèrent en institution. Tertullien (160-240) le proclame dans son Apologétique : chaque premier jour du mois, chacun donne ce qu’il peut ; la caisse commune sert à nourrir la veuve pour que ses enfants ne soient pas vendus comme esclaves, à racheter l’homme tombé aux mains des barbares, à libérer le condamné des mines. Dans l’Empire, point de secours : que meure le mari, et la veuve, même entourée de ses enfants, n’a plus qu’à vendre les plus grands pour nourrir les plus jeunes. Le christianisme apportait la main secourable qui empêche de tomber dans l’abîme.

 

Voilà, parmi d’autres, six raisons pour lesquelles le christianisme gagna le monde antique : il offrait un judaïsme sans les désagréments, une initiation facile et bon marché, il donnait aux faibles la force, aux femmes la dignité, aux malades l’espoir, aux pauvres la solidarité, et à tous l’assurance d’un destin éternel. Qui donc, devant tant de protection et d’avantages, ne voudrait entrer dans cette communauté ?

Conclusion

Plus tard, lorsque le christianisme se vit maître de l’Empire, il échangea l’humble croix des martyrs contre le glaive des princes, et la fraternité des catacombes contre l’implacable rigueur des tribunaux.

Ainsi va l’histoire : ce que l’un subit aujourd’hui, il l’infligera demain, et l’humanité, dans ses ferveurs comme dans ses cruautés, ne connaît d’autre changement que celui des emblèmes qu’elle brandit.

Et c’est alors que résonne, comme un jugement éternel, la voix du Nazaréen : « Tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée. »

Fernand le Béréen

 

Notes

[1] Hélène A. Guerber, Legends of the Rhine (A.S. Barnes & Co., New York, 1895), p. 9

[2] • « Christianisation et dépaganisation de l’Empire romain, partie I »
https://www.egaliteetreconciliation... 78786.html
• « Christianisation et dépaganisation de l’Empire romain, partie II »
https://www.egaliteetreconciliation...

[3] Martin A. Larson, The Story of Christian Origins, (Village, 1977), p. 191

[4] Thomas W. Doane, Bible Myths and Their Parallels in Other Religions, (Health Research, 1985), pp. 448-449

Le travail de recherche de Laurent Guyénot

 
 






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71 Commentaires

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  • #3556493
    Le 27 août à 19:51 par Charles-Marie Widor
    Pourquoi la victoire du christianisme ?

    La première grande citation de l’article, tirée de Thomas W. Doane, Bible Myths and Their Parallels in Other Religions, apparaît fort discutable, étant donné que :

    1/ Constantin n’a jamais organisé d’immenses vagues sanglantes de conversions forcées :

    https://revues.u-bordeaux-montaigne...

    « La " coutume de l’Église " n’a pas l’habitude de faire ce qui est contraire à la raison. Sous les règnes des empereurs romains Constantin et Théodose, conseillés respectivement par les évêques Sylvestre et Ambroise, l’Église n’a jamais eu recours à la pratique des baptêmes forcés, alors qu’elle aurait pu parfaitement le faire si cela avait été conforme à la raison et à ses intérêts. »

    2/ De même en ce qui concerne la christianisation de la Norvège :

    https://pocram.hypotheses.org/1198

    « Ici, pas de conquête brutale, pas de conversion forcée massive ni même de grande campagne missionnaire, mais un passage volontaire et progressif du paganisme au christianisme. Au-delà de leur apport pour l’histoire scandinave, les recherches récentes posent un ensemble de questions théoriques et méthodologiques qui présentent un intérêt évident pour les historiens de la conversion. »

    Ce qui me semble poser question quant aux éventuelles motivations de l’auteur de cet article, c’est qu’il énumère ensuite avec honnêteté les « six raisons » ... « qui expliqueraient comment cette foi des catacombes devint la foi des basiliques. »

    En effet, par le contraste qu’elles présentent avec l’exposé de ces six raisons vertueuses, ces outrances introductives paraissent placées là pour mieux dévaluer ces dernières.

    Et cette manipulation se révèle sans fard malgré la séduisante formule de la conclusion :
    « Plus tard, lorsque le christianisme se vit maître de l’Empire, il échangea l’humble croix des martyrs contre le glaive des princes, et la fraternité des catacombes contre l’implacable rigueur des tribunaux. »
    Car bien entendu, tout en sous-entendu, il s’agit tout simplement d’une perfide allusion à la criminelle Inquisition...

     

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    • #3556741
      Le 28 août à 23:13 par Fernand le Béréen
      Pourquoi la victoire du christianisme ?

      Je vous remercie d’avoir pris la peine de nuancer mon article par l’apport de références précises et de sources que, pour ma part, je n’avais pas encore eu l’occasion d’examiner. Vous avez raison de rappeler que l’histoire n’est jamais un bloc monolithique et que l’on y trouve toujours des ombres et des lumières, des gestes de rigueur mais aussi des élans de persuasion pacifique. J’ai commandé le livre Conversion and Identity in the Viking Age, d’Ildar H. Garipzanov (l’un des ouvrage qui venait référencer dans l’un des liens que vous avez transmis). Je les lirai avec l’attention qu’il mérite, car l’honnêteté intellectuelle exige d’entendre les voix qui contredisent ou tempèrent notre propre récit.

      J’aimerai toutefois insister sur un point, afin d’éviter d’éventuels malentendus : mon propos n’est pas de salir le christianisme — il a donné au monde des saints, des artistes, des bâtisseurs, des poètes. Mais il faut reconnaître que son triomphe ne fut pas seulement une « élévation spirituelle » : il fut aussi une stratégie de pouvoir, une politique d’intégration et d’exclusion. Dire cela n’est pas perfide, c’est restituer aux hommes leur part de grandeur et de violence.

      Au fond, notre tâche commune n’est pas de dresser des bilans comptables de persécutions ou de conversions, mais de comprendre par quels chemins la foi des catacombes s’est faite civilisation.

      Encore une fois, je vous remercie d’avoir enrichi ce débat de votre lecture exigeante.

       
  • #3556495
    Le 27 août à 20:09 par Toto la ciboulette
    Pourquoi la victoire du christianisme ?

    Comment peut on oublier le message principal du christ, les hommes sont égaux en dignité, l’esclavagisme est une horreur

     

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    • #3556685
      Le 28 août à 16:16 par PL
      Pourquoi la victoire du christianisme ?

      Jésus n’a jamais parlé d’égalité, ni de la condition des esclaves (statut qui dans l’Antiquité correspondait actuellement à celui de salarié, avec la même inégalité qu’entre le PDG de Stellantis et le sans papier dans une cuisine de restaurant).
      Ça n’avait rien à voir avec les travailleurs qu’on accable de coups de fouets dans la films f’Hollywood.

       
    • #3556855
      Le 29 août à 12:45 par toto l’asticot
      Pourquoi la victoire du christianisme ?

      Le message principal du Christ est :
      Aime ton prochain comme toi même.
      Prérequis : s’aimer soi même
      information importante, le PROCHain est un proche, par la couleur, la nation, la religion et la culture.
      Quand à l’égalité, ça n’existe pas. D’ailleurs saint Thomas d’Acquin disait que le corps social est comme le corps humain, la main droite ne sait pas ce que fait la gauche et encore moins ce que fait l’oreille ou l’oeil. La main ne voit pas, ni n’entend pas. L’oeil n’attrape pas et le tout main oeil, pied langue fait le corps humain comme nos différences font le corps social.

       
    • #3561178
      Le 13 septembre à 23:35 par Carbone
      Pourquoi la victoire du christianisme ?

      @toto l’asticot

      Qu’est ce que t’en sais que Jésus a voulu dire ça ?

      C’est toujours drôle de voir les droitards essayer désespérément de faire dire à Jésus ce qu’il n’a pas dit pour faire coïncider ça avec leur identitarisme.

      Jesus n’était pas un identitaire blanc racialiste.

       
  • #3556505
    Le 27 août à 21:22 par J.I.
    Pourquoi la victoire du christianisme ?

    Voilà, parmi d’autres, six raisons pour lesquelles le christianisme gagna le monde antique : il offrait un judaïsme sans les désagréments, une initiation facile et bon marché, il donnait aux faibles la force, aux femmes la dignité, aux malades l’espoir, aux pauvres la solidarité, et à tous l’assurance d’un destin éternel. Qui donc, devant tant de protection et d’avantages, ne voudrait entrer dans cette communauté ?



    Oui, et il ne les forçait pas à se séparer d’une église ou d’un dieu (ici en l’occurrence une trinité) comme ce fut le cas par la suite pour la promesse sociale de la religion totalitaire marxiste.

     

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  • #3556704
    Le 28 août à 18:55 par Vincent
    Pourquoi la victoire du christianisme ?

    Vous signez « Béréen », mais ce pseudonyme ressemble moins à une fidélité qu’à une ironie. Les Béréens scrutaient chaque jour les Écritures (Ac 17:11) ; vous les réduisez à des archives comparées à Josèphe ou aux cultes antiques. Le masque érudit que vous portez inverse le sens du nom que vous revendiquez.

    Votre récit multiplie les anecdotes sanglantes : Radbod, Constantin, les supplices. Mais qu’apportez-vous vraiment ? Le christianisme n’est pas né de ces violences : il est né de la résurrection du Christ. C’est elle qui explique l’audace des apôtres et le sang des martyrs. Réduire cette histoire à des contraintes ou avantages sociaux, c’est manquer son origine.

    Vous écrivez que la séparation d’avec le judaïsme fut lente. Mais Jésus a dit : « Le Royaume de Dieu vous sera enlevé et donné à une nation qui en produira les fruits » (Mt 21:43). La rupture fut un acte prophétique du Christ, non un processus sociologique.

    Vous comparez les Évangiles aux chroniques païennes. Mais Jésus dit : « Ce sont elles qui rendent témoignage de moi » (Jn 5:39). Les traiter comme de simples documents, c’est ignorer leur objet : ils attestent le Ressuscité.

    Vous insistez sur l’Église impériale. Mais Jésus avait averti : « Le grain de moutarde… devenu un arbre, les oiseaux du ciel sont venus habiter dans ses branches » (Mt 13:32). L’arbre démesuré était une mise en garde : ce qui croît au-delà de sa mesure attire la confusion.

    Ce travail fut déjà accompli, avec une autre ampleur, par Alexander Hislop (Les deux Babylones). On peut discuter sa sévérité, mais sa documentation reste colossale. À côté, vos enchaînements paraissent bien fragiles.

    Vous revendiquez la froideur de l’historien. Mais ce n’est ni froid ni bouillant : c’est la tiédeur. Et le Christ dit : « Parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche » (Ap 3:16).

    Reste la question que vous esquivez : que faites-vous de la résurrection ? Les témoins ont affirmé avoir vu le Ressuscité et sont morts pour ce témoignage. Si vous les écartez parce qu’ils attestent un miracle, ce n’est plus de l’histoire, mais un présupposé.

    Car la vérité du christianisme n’est pas dans vos anecdotes, mais dans un fait unique : la tombe vide et le Ressuscité. Tant que vous ne répondrez pas à cela, tout votre discours restera sans poids, comme de la paille que le vent emporte.

     

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    • #3556733
      Le 28 août à 22:06 par Fernand le Béréen
      Pourquoi la victoire du christianisme ?

      Vous me reprochez, cher contradicteur, d’avoir choisi pour pseudonyme un nom qui ne m’appartiendrait pas, comme si « scruter » les Écritures signifiait seulement les répéter. Mais la fidélité aux Béréens n’est pas de se faire l’écho servile d’un texte : c’est de l’examiner à la lumière des faits, de le confronter aux témoins, de le mesurer aux hommes qui l’ont porté. Votre piété voudrait qu’on ferme les yeux ; la méthode que je revendique suppose au contraire de les ouvrir, même au risque d’être accusé d’irrévérence.
      Vous dites que le christianisme ne naquit pas des violences mais de la Résurrection. C’est là ce qui distingue l’historien du croyant. L’historien ne peut rien affirmer de ce qu’aucun document n’atteste en dehors de la conviction intime de ceux qui y croient. Ce que l’historien peut mesurer, ce sont les conditions dans lesquelles cette croyance s’est répandue, les moyens dont elle a usé, les cadres dans lesquels elle s’est imposée. Cela n’ôte rien à votre foi : mais cela interdit de substituer à l’analyse des conditions humaines la proclamation d’un miracle.
      Vous m’objectez l’autorité des Évangiles contre la comparaison des chroniques païennes. Mais n’est-ce pas là le premier devoir du critique que de replacer un texte dans son siècle ? Vous croyez qu’il témoigne du Ressuscité ; j’observe qu’il témoigne d’une communauté en train de se constituer, avec son vocabulaire, ses polémiques, ses espoirs. Croyez-y comme Parole divine : mais moi, qui scrute les archives de l’histoire, je constate surtout l’élaboration d’un corpus, avec ses divergences, ses ratures, ses conciliations.
      Quant à la rupture avec le judaïsme, vous la déduisez d’un verset : je la constate dans les décennies de controverses, de séparations douloureuses, d’anathèmes réciproques. Dire qu’elle fut lente n’est pas nier la parole du Christ : c’est décrire le temps qu’il fallut aux hommes pour la reconnaître. L’histoire est lente, même quand la prophétie est fulgurante.
      Le sang des martyrs peut prouver leur conviction ; il ne prouve pas l’objet de leur conviction. Des sectes innombrables sont mortes avec la même ardeur, et l’histoire les a toutes recueillies dans son registre, sans valider ni leurs dieux ni leurs visions.
      Si mon discours vous paraît « comme de la paille que le vent emporte », songez qu’il est encore le seul à se fonder sur ce que les hommes ont vu, écrit, transmis – non sur ce qu’ils ont cru voir dans une tombe vide.

       
    • #3557206
      Le 30 août à 21:14 par Vincent
      Pourquoi la victoire du christianisme ?

      « Pourquoi la victoire du christianisme ? » Quel gag pour un historien ! Jamais le Christ n’a annoncé une victoire planétaire de son mouvement. Il a dit au contraire : « S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi » (Jn 15:20). Et encore : « Courage, j’ai vaincu le monde » (Jn 16:33) ; « Mon Royaume n’est pas de ce monde » (Jn 18:36). Voilà le cœur. Quel beau travail d’historien que d’éluder les paroles fondatrices du Christ lui-même… Bravo, respect !

      Vous signez « Béréen », mais vous détournez leur exemple. Actes 17:11 dit : Οὗτοι δὲ ἦσαν εὐγενέστεροι — « Ceux-ci étaient plus nobles ». Le mot εὐγενής (eugenès) signifie noblesse de caractère, ouverture d’esprit, non élitisme intellectuel. Luc ajoute : ἀποδεξάμενοι τὸν λόγον μετὰ πάσης προθυμίας — « Ayant accueilli la Parole avec empressement ». δέχομαι, c’est accueillir comme un hôte. προθυμία, c’est l’ardeur sincère. Enfin : καθ’ ἡμέραν ἀνακρίνοντες τὰς γραφὰς — « examinant chaque jour les Écritures ». ἀνακρίνω appartient au vocabulaire juridique : interroger, peser les preuves. Voilà le vrai portrait : ouverture, empressement, rigueur. Résultat : « Beaucoup crurent » (Ac 17:12).

      La foi n’est pas contemplation vague : elle suit un triptyque clair écouter – parler – agir.
      – Écouter : « la foi vient de l’ἀκοή, l’écoute » (Rm 10:17).
      – Parler : « J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé » (2 Co 4:13).
      – Agir : « La foi sans les œuvres est morte » (Jc 2:17).

      Les Béréens vivaient cela, sous persécution, prêts à mourir pour leur foi. Vous, vous détournez leur nom pour en faire l’emblème d’un scepticisme académique. Mais qui donnerait sa vie pour vos logorrhées ? Qui irait deux jours en prison pour défendre vos enchaînements sociologiques ? Personne. Les martyrs, eux, sont morts pour un fait : la tombe vide et le Christ vivant. Aujourd’hui encore, en Syrie, en Afrique, en Asie, des chrétiens meurent dans un silence assourdissant. Pas pour une thèse, mais pour le Ressuscité.

      Votre « objectivité » est ce sel affadi (Mt 5:13) : savant en apparence, sans force pour conserver ni relever. Les Béréens furent dits « plus nobles » pour leur courage et leur cœur ouvert, non pour ironiser à froid. Voilà pourquoi votre pseudonyme sonne creux.

       
    • #3557395
      Le 31 août à 11:45 par Fernand le Béréen
      Pourquoi la victoire du christianisme ?

      Vous maniez les versets comme un procureur qui découpe un texte de loi pour y trouver l’accusation qu’il s’était promis d’y lire. Vous invoquez Jean, Paul et Jacques comme on brandit des preuves, mais vous ignorez que l’histoire ne se juge pas seulement sur les promesses des prophètes ou les gémissements des martyrs : elle se juge sur ses conquêtes, sur ses œuvres, sur les monuments qu’elle laisse aux vivants. Il y aurait d ailleurs beaucoup a redire sur ces versets et la façon anachronique dont vous les utilisez, mais cela fera l objet d un article a part.

      Vous m’opposez les Béréens. Ce peuple noble ne s’est pas illustré par la soumission béate à un texte, mais par l’examen scrupuleux, par l’esprit critique, par la recherche des preuves. C’est à ce titre que j’ai choisi ce nom, non par coquetterie académique, mais parce que la foi n’a jamais craint la lumière de la raison. L’histoire, elle aussi, réclame cette rigueur : peser les faits, examiner les traces, juger sans se contenter d’hymnes.
      De toute façon, je n ai pas besoin de leur autorisation - et encore moins de la vôtre - pour m inspirer d eux pour mon patronyme.

      Quant aux martyrs, ne croyez pas me désarmer en les invoquant. Oui, des hommes sont morts pour le Christ, comme d’autres sont morts pour César, pour l’Islam ou pour la Révolution. Le sang ne fait pas la vérité, il atteste seulement de la ferveur. La tombe vide que vous proclamez est une affaire de foi.

       
    • #3557416
      Le 31 août à 13:00 par Titus
      Pourquoi la victoire du christianisme ?

      @Fernand le béréen

      Sans tombe vide et sans résurrection, la religion chrétienne se serait arrêtée à la mort de Jésus sur la croix... C’est du simple bon sens. Tous les apôtres étaient abattus et aucun ne s’attendait à la Résurrection !

       
    • #3557587
      Le 1er septembre à 08:24 par Vincent
      Pourquoi la victoire du christianisme ?

      Je vous remercie vivement, cher « Béréen », pour la clarté involontaire de vos propos. Vous confirmez par vos propres détours ce que Jésus annonça d’avance.

      Votre titre, « Pourquoi la victoire du christianisme », est un contresens. Le Christ n’a jamais promis une victoire terrestre. Il a dit : « S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront » (Jn 15:20), « Mon Royaume n’est pas de ce monde » (Jn 18:36). En choisissant ce titre, vous bâtissez tout sur du sable. Bel historien, vraiment, que celui qui élude les paroles du Maître. Merci de l’avoir rendu si visible.

      Vous détournez aussi les Béréens. Actes 17:11 ne les décrit pas comme des sceptiques mondains, mais comme « plus nobles » (εὐγενέστεροι) : ouverts de cœur, accueillant la Parole avec empressement, l’examinant avec rigueur. Ils risquaient leur vie en vérifiant tout à la lumière de l’Écriture, pendant que vous vous abritez derrière un pseudonyme — un masque. Merci de rappeler, par contraste, leur authenticité.

      Quant à vos monuments et conquêtes, ils confirment la parabole du grain de moutarde : l’arbre gonflé où nichent les oiseaux (Mt 13:32). Jésus n’y voyait pas un triomphe, mais une dérive. C’est la même que l’Apocalypse appelle « la grande prostituée », ivre du sang des saints (Ap 17). Vous croyez louer une victoire, vous décrivez la corruption. Merci d’en fournir l’illustration.

      Et la Résurrection ? Même vos adversaires l’ont reconnue : le Talmud mentionne ce Jésus exécuté et dont les disciples proclamaient la tombe vide. Thomas, lui, n’a cru qu’après avoir mis ses doigts dans les plaies (Jn 20:27). Heureux ceux qui croient sans avoir vu. Merci de rappeler, malgré vous, que l’histoire n’a jamais effacé ce fait.

      Je ne vous juge pas : c’est la Parole qui, plus tranchante qu’une épée à deux tranchants (He 4:12), révèle vos intentions. Elle montre que vous bricolez la Bible comme un marchand du temple, trafiquant ce qui est saint pour en tirer votre matière. Mais Jésus n’a pas parlementé avec les marchands.

       
  • #3556736
    Le 28 août à 22:32 par Femme
    Pourquoi la victoire du christianisme ?

    Qu’en est-il du Saint-Prépuce, de la Circoncision de Jésus ?
    Pour un rituel "brutal", il n’empêche que :
    - "Dieu" lui-même a permis qu’on le circoncise le 8e jour, avec l’aval de sa mère... la mère de Jésus, Jésus qui est "Dieu fait homme".
    Vous imaginez, en tant que chrétiens, que Marie, la femme la plus vertueuse qui ait existé, ait pu infliger cela à son propre fils, le fils de Dieu, Dieu, le fils de lui-même... Mes fils se sont touchés, pardon !
    - ce bout de chair a fait l’objet de vénérations, siècles après siècles, jusqu’à il y a peu.
    - Jésus a voulu faire comprendre que la circoncision ne fait pas d’un homme un bon croyant, mais il ne l’a ni interdite, ni détestée, ni rejetée.
    - Jésus n’a pas eu de séquelles psychologiques ou psychiatriques connues, c’est un homme parfaitement sain.
    Ne pensez-vous pas que si cette pratique était si monstrueuse avec de graves conséquences sur les hommes, il ne l’aurait pas fermement condamnée ?

     

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  • #3556756
    Le 29 août à 04:11 par Raymond
    Pourquoi la victoire du christianisme ?

    Décidément tout est fait effacer la beauté et la vérité du Christianisme qui au concile de NIcee a changé de nom pour Catholique qui veut dire universelle. Vous incombez au Christianisme les dérives du Catholicisme qui depuis Vatican 2 est à l’apogée de sa dérive. Pour revenir au Christianisme il faut lire les Évangiles, et s’émerveiller des Paroles de Christ. Les vrais Chrétiens sont ceux d’orient, c’est la raison pour laquelle ils sont massacrés dans le silence des Catholiques francs-maçons du Vatican.

     

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  • #3556841
    Le 29 août à 12:02 par Sedetiam
    Pourquoi la victoire du christianisme ?

    Magnifique conclusion et excellent rappel de la fatalité de la citation qui ponctue l’article.

     

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  • #3556895
    Le 29 août à 16:43 par LIoneL
    Pourquoi la victoire du christianisme ?

    La religion catholique n’a-t-elle pas été poussée, car elle permettait une centralisation de la foi ?

    La Sainte-Trinité pourrait être vue comme une reproduction du tryptique grec : Panthéon (Dieux) – Héros (Hercule, Ulysse, …) – Pneuma (âme chez Aristote et dans le stoïcisme).

    En couplant la Sainte-Trinité et la Vierge Marie, la religion catholique offrait une consolidation de toutes les offres mystiques ayant cours lors de son établissement :
    Père (Dieu) : pour ceux qui ont besoin d’une autorité tutélaire commandant leurs actes ;
    Fils (Jésus, qu’il ait existé ou non) : pour ceux qui ont besoin d’un modèle inspirant leur ligne de conduite ;
    Saint-Esprit : pour ceux qui voient le monde sous forme de flux d’énergie ;
    Vierge Marie : pour ceux qui chérissent des cultes de fécondité.

    En soit, on pourrait considérer le catholicisme comme une fabuleuse optimisation : un seul clergé – un temple unique – un livre. D’où son imposition.

    Sauriez-vous me dire si cette interprétation est délirante, et si elle n’a jamais été formulée ?

     

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    • #3557398
      Le 31 août à 12:00 par Fernand le Béréen
      Pourquoi la victoire du christianisme ?

      Je vous remercie pour votre commentaire, dont la richesse d’intuition mérite qu’on s’y arrête. Vous touchez à une vérité profonde : une religion victorieuse n’est jamais seulement une révélation, mais aussi une architecture qui recueille, oriente et discipline les forces spirituelles déjà présentes dans un peuple. Le catholicisme, en cela, n’est pas une improvisation, mais une synthèse magistrale.

      Votre comparaison avec le monde grec n’est nullement « délirante ». Elle a même été formulée, sous des formes voisines, par des historiens de la pensée religieuse : on a souvent remarqué que le christianisme a recueilli l’héritage du platonisme et du stoïcisme, qu’il a transfiguré les mythes anciens en figures saintes, qu’il a donné une chair universelle aux aspirations dispersées des cultes antiques. La Trinité, bien sûr, n’est pas une imitation servile du triptyque grec, mais il est certain qu’elle répond à une structure mentale déjà familière dans l’Antiquité tardive : l’unité transcendante, le médiateur, et la force invisible qui anime le monde. Quant à la Vierge, vous avez raison : elle n’est pas seulement Mère de Dieu, elle est aussi, pour l’âme païenne, la survivance sublimée des déesses-mères.
      Laurent guyenot à d’ailleurs écrit il y a quelques années un article a ce sujet :
      https://www.egaliteetreconciliation...

      C’est pourquoi vous avez raison de voir dans le catholicisme une « optimisation ». Rome, qui était le génie de l’ordre, a imposé au monde chrétien une forme impériale : un clergé, une Église, une discipline, une universalité. Mais cette forme n’aurait pas triomphé si elle n’avait pas su accueillir, à l’intérieur de son dogme, les attentes éternelles de l’homme : la protection du Père, l’exemple du Fils, la présence de l’Esprit, la douceur maternelle de Marie.

      En d’autres termes, votre interprétation rejoint l’idée que l’Église a été grande parce qu’elle a su parler toutes les langues de l’âme.

       
  • #3557195
    Le 30 août à 19:54 par VladtepesXIII
    Pourquoi la victoire du christianisme ?

    Les six raisons invoquées pour la victoire du christianisme sont fort pertinentes ; en -7 J’ajouterais la libération des esclaves, inéluctable, qui a fourni des cohortes de partisans parmi les affranchis. En - 8 La suppression des sacrifices humains, puisque le Christ est la victime parfaitement innocente qui meurt pour nous libérer du systéme du bouc émissaire . La magie du sacrifice n’opére plus ! En - 9 La possibilité offerte pour l’humanité toute entiére de sortir enfin du systéme de domination héritée des sociétés animales. En 10 - Et si c’était VRAI ?

     

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    • #3557402
      Le 31 août à 12:14 par Fernand le Béréen
      Pourquoi la victoire du christianisme ?

      Je vous remercie vivement pour la profondeur et la générosité de votre commentaire. Vos ajouts, loin d’être de simples notes en marge, prolongent et complètent admirablement les raisons que j’avais moi-même énoncées. Vous avez raison de rappeler la libération des esclaves : elle fut une des promesses les plus éclatantes du christianisme, en ce qu’elle transfigurait la condition humaine et proclamait qu’aucun être n’était condamné à demeurer éternellement enchaîné dans l’ordre ancien. De même, vous touchez juste en soulignant la fin des sacrifices humains : par le Christ, la logique sanglante du bouc émissaire s’épuise, et avec elle ce système de terreur religieuse hérité des peuples païens.

      Quant à votre neuvième point, il mérite une attention particulière : en effet, si le christianisme triomphe, c’est parce qu’il ouvre à l’homme une voie nouvelle, le délivrant du cercle clos des dominations animales pour lui offrir un horizon véritablement humain, où l’amour se substitue à la force et où la dignité s’accorde à la liberté.

      Et enfin, vous posez la seule question décisive : Et si c’était vrai ? Ce n’est pas seulement une hypothèse métaphysique, c’est la clé qui explique tout. Si c’est vrai, alors l’histoire entière prend sens ; si c’est vrai, alors les martyrs n’ont pas souffert en vain ; si c’est vrai, alors la victoire du christianisme n’est pas une ruse de la civilisation, mais la manifestation même d’un dessein éternel.

      Oui, et si c’était vrai ? C’est justement parce que cela l’est que Rome est tombée, que l’Europe s’est édifiée, et que notre monde continue, malgré ses égarements, à chercher dans l’Évangile une lumière que rien ne parvient à éteindre.

       
  • #3561204
    Le 14 septembre à 05:27 par anonyme
    Pourquoi la victoire du christianisme ?

    Les hommes sont-ils devenus meilleurs avec l’avènement du christianisme ? La question elle est vite répondue !... voir l’état de délabrement de l’Occident chrétien aujourd’hui....

     

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