On veut nous faire croire, ces derniers jours, que la Grèce va mieux, que le pays est sur la voie du redressement, et deux preuves irréfutables sont apportées à cette démonstration : le pays dégage un excédent budgétaire primaire, et il a retrouvé un accès des marchés financiers. Voyons ce qu’il en est réellement.
Commençons par ce soi-disant excédent primaire. Celui-ci se définit comme des recettes supérieures aux dépenses, sans que l’on prenne en compte les intérêts à payer pour la dette. Un tel excédent est l’indice d’une situation relativement saine puisqu’il signifie que le train de vie de l’État s’autofinance et que seuls les intérêts de la dette font plonger le budget dans le rouge. La France n’y arrive pas, l’Italie tout juste, et maintenant la Grèce à hauteur de 0,8% du PIB. Mais pour obtenir ce résultat, la Troïka (le représentant de la Commission européenne à Athènes) a fait abstraction du plan d’aide "exceptionnel" accordé aux banques grecques ! Au total, le déficit du budget grec pour 2013 s’établit à 12,7% du PIB, mais à 3,2% sans ce plan d’aide, et finalement à +0,8% en enlevant les intérêts de la dette.
En fait la situation de la Grèce se dégrade : le déficit budgétaire passe de 8,9% du PIB en 2012 à 12,7% en 2013, on l’a vu, tandis que la dette publique passe de 157,2% du PIB en 2012 à 175,1% en 2013. Une progression rapide et un taux insoutenable qui rendront inévitable un nouveau plan de restructuration, la croissance quasi nulle ne permettant aucunement de faire face à ces échéances. Le secteur bancaire, lui, est en situation de faillite avec la première restructuration de la dette grecque qui lui a coûté très cher, avec l’effondrement de l’économie (et donc l’explosion du taux de défaut sur les crédits), avec l’épargne qui fuit le pays et, ne l’oublions pas, avec la faillite de Chypre où il était très engagé. Nul doute que le plan d’aide "exceptionnel" de 2013 devra être renouvelé. Mais cela il ne faut pas en parler avant les élections européennes du 25 mai…
Autre "bonne nouvelle", soi-disant, la Grèce a retrouvé le chemin des marchés en plaçant 3 milliards d’euros à 5 ans, à un taux proche de 4,95%. Mais lorsque l’on regarde qui a acquis ces emprunts on note l’absence de toute institution financière européenne (elles se sont fait prendre une fois, pas deux !). Les acquéreurs sont des investisseurs étrangers, certainement des hedge funds qui recherchent le risque (ils vont être servis) et… les banques grecques. Ca en devient comique : l’Etat grec renfloue ses banques en faillite (avec de l’argent européen) qui, en échange du service, acquièrent des bons du Trésor. C’est l’aveugle qui soutient le paralytique.
En réalité la Grèce continue de s’enfoncer sans possibilité de s’en sortir, mais ces deux annonces servent juste à faire illusion avant les élections européennes ainsi qu’à entretenir l’espoir d’une reprise en Europe : si même la Grèce s’en sort, les autres pays européens vont basculer dans la croissance, non ? Eh bien non, il n’y a pas de reprise, et la Grèce va bientôt refaire parler d’elle dans des termes peu avantageux.
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