Propos recueillis par Nicolas Gauthier.
À en juger par votre documentaire Grèce en état de choc (éditions Kontre Kulture), consacré à la crise grecque et co-réalisé avec David Gendreau, deux faits ressortent : les Grecs ont été plus que légers en s’endettant au-delà du raisonnable, mais la banque Goldman Sachs aurait comme une sorte de responsabilité, elle aussi. Pouvez-vous faire le point pour nos lecteurs ?
La banque Goldman Sachs a, en fait, surtout aidé les Grecs à maquiller leurs comptes pour pouvoir entrer dans l’euro. Par la suite, sachant pertinemment que la Grèce ne pourrait pas survivre avec une monnaie trop forte, elle a spéculé sur son effondrement.
Sur l’endettement, on explique que l’euro l’a largement favorisé puisque cette monnaie, tout en étant néfaste, pouvait s’emprunter à des taux très bas. Les « plans d’aide » ont permis de prolonger ce processus un peu plus longtemps. Donc, au-delà des dérives budgétaires de l’État grec qui sont bien réelles, nous montrons, avec David Gendreau, mon coréalisateur, que le pays a été inclus dans un système qui favorise structurellement les dérives en question.
Parmi les personnalités rencontrées : à droite, le souverainiste anglais Nigel Farage, président du parti UKIP, et à gauche, le musicien Míkis Theodorákis. Et les deux tiennent aujourd’hui le même discours patriote. Étrange, ou logique ?
Au-delà des sensibilités de chacun, tous s’accordent à constater que l’Union européenne les prive de l’essentiel de leurs marges de manœuvre. Le vrai clivage se situe plutôt là : entre européisme et souverainisme, plus d’Europe ou plus d’État.
On peut rajouter que ces deux hommes, pour des raisons différentes mais convergentes, ont aussi une certaine méfiance vis-à-vis de l’Allemagne. Farage, en bon sujet de la couronne, voit évidemment d’un mauvais œil que Merkel impose ses desiderata sur le continent européen. Quant à Theodorákis, pour avoir été un résistant de la première heure, il est assez sensible à cette situation qui veut que les « plans de sauvetage » qui détruisent aujourd’hui son pays soient peu ou prou des injonctions du ministre des Finances allemand.
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La bande-annonce du documentaire Grèce en état de choc :