Alain Soral est sans conteste une figure intellectuelle de premier plan et, dix jours avant le premier tour de l’élection présidentielle française, nous ne pouvions faire l’économie de son point de vue. Entretien.
Mecanopolis : Pierre Hillard et Adrien Abauzit ont tous les deux affirmé que Marine Le Pen n’était pas la candidate de l’antimondialisme, comme elle le prétend. Pouvez-vous nous donner votre avis sur cette question ?
Alain Soral : Si elle n’est pas la candidate de l’antimondialisme, alors dites moi qui l’est dans cette élection ?
Personne !
Marine Le Pen est sans conteste la candidate la plus antimondialiste, ou la moins mondialiste, de cette élection. En plus elle a une petite chance d’accéder au second tour. Il faudrait donc être irresponsable, immature, fataliste, mystique – ou alors suisse – pour ne pas aller voter pour elle, de ce point de vue, à cette élection nationale française.
Mais on peut aussi décider, comme certains de nos camarades, de ne plus voter du tout, de prendre le maquis ou d’attendre une intercession divine. Mais là c’est un autre sujet…
En admettant que Marine Le Pen accède à la fonction de présidente, comment pourrait-elle gouverner en l’absence d’une majorité à l’assemblée ? Une cohabitation immédiate ne l’obligerait-elle pas à revoir l’ensemble des mesures politiques qu’elle indique vouloir mettre en place ?
Les législatives suivant immédiatement la présidentielle, avec la dynamique du succès en cas de victoire, rien ne serait joué. Mais quoi qu’il en soit, elle serait obligée, c’est certain, compte tenu du fameux « mur de l’argent » de le « communauté internationale », de mettre de l’eau dans son vin. Mais ça serait déjà moins pire que si c’est Sarkozy ou Hollande qui gouvernent. Eux sont déjà à l’eau sans vin depuis longtemps !
La politique, je suis étonné de devoir vous le rappeler, ce n’est pas « tout ou rien », mais saisir la chance, quand elle se présente, de pouvoir freiner un peu le cour des choses, afin d’être en position de pouvoir l’inverser plus tard…
Le vote blanc n’étant pas pris en compte dans les résultats, si le deuxième tour devait consacrer un affrontement Sarkozy-Hollande, seriez-vous prêt à appeler à l’abstention, de sorte à donner le moins de légitimité possible au prochain locataire de l’Elysée ?
Il est certain que dans ce cas de figure, je n’appellerai à voter pour aucun de ces deux candidats.
L’appel à l’abstention sera, à défaut de mieux, le moins pire des mots d’ordre, et ça ne me coûtera pas beaucoup de m’y associer. Je pense même que c’est ce que fera aussi Marine Le Pen si elle n’est pas au second tour. C’est si elle donnait une autre consigne que je commencerais à m’inquiéter !
Dès le lendemain de l’élection présidentielle, la question crise de la dette va inévitablement ressurgir. Est-ce qu’il y a selon vous une autre solution à terme – et cela que la France sorte de la zone euro ou non – que, comme pour la Grèce, de renégocier la dette de la France et, par conséquent, de subir le cortège de privatisation des services de l’Etat – et en premier lieu la Sécurité sociale – que cette mesure entrainera ?
Il y a la solution argentine ou islandaise qui consiste, en gros, à dire merde aux banques. Mais quel Président français oserait lancer ce défi à l’oligarchie mondiale bancaire ?
Personnellement, je ne vois en France que Nicolas Dupont Aignan et Marine Le Pen. Et comme Marine Le Pen, des deux, est la seule à avoir une petite chance d’accéder au second tour, sans doute face au candidat du PS, ce qui redistribuerait les cartes (je ne vois pas le candidat de l’UMP appeler officiellement à voter PS dans le contexte actuel, sous peine de couler son parti), je m’accroche à ce petit espoir…
Compte tenu de la situation de dégradation générale en France, tant économique que sécuritaire, songez-vous à transformer votre mouvement, Egalité et Réconciliation, en un parti politique, ou du moins à vous présenter à une élection, parlementaire ou municipale ?
Du tout.
Etant assez peu diplomate et inapte au mensonge systématique, je sais n’avoir pas les qualités requises pour la politique politicienne. Je continuerai donc, tant que je le pourrai, à faire ce que je sais faire : de l’analyse, de la formation, de la diffusion et du réseau. Qu’il y ait au moins une élite prête à prendre la relève après le chaos qui s’annonce !
Merci pour vos questions,
Alain Soral